Tu as raison, Tintin est un globe-trotter avec lequel on voyage vraiment - le Tibet, la Chine du Lotus et le Pérou du Temple! -, ce qu'était un peu Jordi dans
Les trois feux rouges (aux Canaries) et
L'idole de Manaïki (dans les Tuamotu) avant de s'embarquer pour la Corélie et le Tajar Häli - et il y eut ensuite le Mexique du
Jaguar de Taxapulca -, mais ce que ne sont certainement pas Pat et Moune, même si leurs aventures se déroulent souvent hors des frontières hexagonales (Espagne, Ecosse, Italie, Allemagne, et même jusqu'à Singapour dans
Les trois félicités de Liao-Tchang).
Pour y avoir séjourné à une vingtaine de reprises, mon premier passage remontant à... 1971 (
ou
?), je connais assez bien la Grèce en général, et les Cyclades en particulier - sauf justement Mykonos, que le tourisme branché m'a toujours fait fuir, et où je n'ai fait que des escales.
S'agissant du Centaure, j'ai trouvé plutôt crédible la partie qui se passe à Athènes, ainsi que les séquences de la traversée et de l'arrivée à Mykonos, avec les quais du vieux port et la chapelle d'Agios Nikolaos devant les horizons pelés de l'île. La balade en mulets entre les murets de pierres sèches ne dépare pas non plus.
Mais ça se gâte avec la séquence dans le bois de chênes verts (j'ignore s'il en existe vraiment à Mykonos), où des cyprès toscans se détachent sur l'horizon, ce qui, sauf erreur, ne doit pas courir les horizons de cette île balayée par le meltem!
Moins que les erreurs manifestes, c'est donc peut-être l'absence de vignettes d'ensemble montrant les paysages de l'île et de séquences avec les habitants (Ripolinon et ses acolytes n'ont rien de grec) qui fait que le dépaysement ne fonctionne pas aussi bien que chez Hergé. Il y a aussi que chez Hergé les pays visités ne sont pas seulement des décors : Tintin, en cela tout à fait "reporter" bien qu'il n'ait ni carnet de notes ni appareil-photo, vit toujours
au rythme du pays et de son actualité.
Pour se mettre dans le bain avant les planches 31 et 32, voici deux images de Mykonos en 1961 (photos de Louis Panassié, voir aussi m/post n°171 page 7 avec, pour une raison que je ne m'explique pas, une photo des quais du vieux port sens dessus dessous!) :