1843. Un procès retentissant dans le monde de la peinture s’ouvre à Paris. La presse se déchaîne et titre à la Une : “ Northbrook, le célèbre marchand d’art, serait-il un escroc ?
Le comte Skarbek, riche homme d’affaires polonais, aurait prouvé à ses deux plus importants clients que celui-ci abusait de leur confiance… Le comte Mieszko Skarbek, énigmatique et riche noble polonais, vient de s’installer à Paris pour quelques mois avec Violette, sa très belle et très dévouée servante noire.
Ses premières visites sont pour le banquier Ferrat et le prospère marchand d’art d’origine anglaise, Daniel Northbrook. Plusieurs artistes doivent la célébrité à Northbrook : parmi eux, Louis Paulus, jeune peintre surnommé “deux mains d’or” et trop tôt disparu, dont il affirme détenir toutes les toiles et pour lesquelles il a signé un accord de vente exclusif avec les industriels Courselle et Maussard.
Le comte aimerait connaître Magdalène, le troublant modèle de la plupart de ces tableaux. Violette la retrouve dans un bouge de Montmartre. Ramenée chez le comte, Magdalène accepte la mission qu’il lui confie : annoncer à Courselle et Maussard que le comte Skarbek possède 227 toiles de Paulus et prouver que Northbrook ne détient donc pas la totalité des œuvres de ce peintre comme il le prétend.
Furieux d’avoir été trompés et à l’incitation du comte, les deux industriels assignent le marchand d’art en justice…
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A près avoir été laissé pour mort, le peintre Louis Paulus revient sous l’identité du comte Skarbek pour confondre Northbook, le marchand d’art qui avait failli le tuer et qui s’est emparé de ses biens. Ayant réussi à traîner celui-ci devant la justice, Skarbek lève devant la Cour le mystère sur son passé récent…
Paru il y a quelques semaines, cet album était peut être l’un des plus attendus de cette fin d’année pourtant riche en événements. A partir d'une histoire librement inspirée du Comte de Monte-Cristo d’Alexandre Dumas, le premier tome, publié début 2004, avait en effet fait très forte impression, notamment grâce à des dessins magnifiques en couleurs directes de Rosinski.
Très rapidement, et peut être même dès la couverture, l’une des plus réussies de l’année, on sent qu’on en sera pas déçu avec cette seconde partie. Le graphisme demeure époustouflant, mais on a peine le temps d’en profiter car l’intrigue parfois un peu lente dans le premier tome prend son essor dès les première planches. Le procès continue, mais après les présentations qui ralentissement forcément la narration, place aux révélations et aux coups de théâtre. Parfois un peu prévisibles, les événements se succèdent sur un rythme enlevé jusqu’à la dernière page, et devraient assurément ravir tous les amateurs du genre. La filiation avec Dumas est ici moins évidente que pour le premier album, même si Sente multiplie les clins d’œil ; c’est d’ailleurs préférable dès lors que le plaisir dans ce genre de lecture repose avant tout sur la surprise.
Pour autant, et même si on peine à trouver des défauts dans cette histoire très bien écrite, il lui manque sans doute un brin d’originalité, ou peut-être ce soupçon de caractère qui en aurait fait un album exceptionnel au regard de la partie graphique. Ce diptyque n’en demeure pas moins une très belle réalisation, et deviendra très probablement un classique dont on retiendra en premier lieu le travail d’un Rosinski au sommet de son art.
Par M. Antoniutti