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901je viens de lire - Je viens de lire - Page 37 Empty Re: Je viens de lire Sam 18 Mai - 9:32

Raymond

Raymond
Admin

Eh bien ... voilà une lecture qui en vaut la peine ! pouce


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902je viens de lire - Je viens de lire - Page 37 Empty Re: Je viens de lire Dim 19 Mai - 19:17

Raymond

Raymond
Admin

Voilà ! Disons-le d'emblée, je viens de lire Fidji et je n'ai pas été charmé par cet album. deso

je viens de lire - Je viens de lire - Page 37 Fidji-12

Certes, ce n'est pas une mauvaise BD mais j'ai eu de la peine à entrer dans cette histoire. Et plusieurs raisons expliquent ce manque d'intérêt. La première, c'est que je n'ai aucune sympathie pour le personnage principal. Disons le tout net : c'est un "adulescent" (connaissez vous le terme ?) qui a l'habitude de faire les 400 coups et qui se croit tout permis. Certes, il grignote un médicament antidépresseur et il y a une certaine souffrance derrière son comportement antipathique. Ce n'est pas simplement un pervers mais je déteste cette complaisance affichée pour le vol et la violence. Je la déteste d'autant plus que ce n'est pas une "violence sociale". Même s'il n'est pas très riche, le héros n'est pas issu d'une famille pauvre. C'est plutôt un enfant gâté qui "veut plus de crème dans son mille-feuille", si j'ose dire les choses ainsi, et qui prend de plus un plaisir malsain à faire souffrir les autres. Et il faut bien le dire, je déteste ce genre de personnage. Je n'ai donc pas du tout aimé la complaisance des auteurs qui racontent (et glorifient ?) ses méfaits.   Rolling Eyes  

Le deuxième déplaisir avec cette BD, c'est que je n'ai pas non plus apprécié le graphisme !  Embarassed  J'ai en effet trouvé que le style du dessin et la composition des pages étaient trop maniérés. Le dessinateur multiplie les cadrages sophistiqués, les gros plans spectaculaires ou certains effets inutiles qui enlèvent toute fluidité à la lecture de cette BD. J'ai un moment pensé (et c'est excessivement méchant de ma part) que le dessinateur cherchait à compenser une certaine vacuité du scénario. Ce n'est bien sûr pas le cas mais cette multitude d'effets cinétiques (comparable à ce que présentent certains thrillers) est totalement disproportionnée par rapport au sujet. Dans ce récit dont la teneur est avant tout psychologique, une mise en scène plus sobre aurait été bienvenue. Seul le dernier chapitre présente un montage plus calme, et mieux proportionné par rapport au récit, mais il était trop tard pour faire disparaître l'agacement que j'ai éprouvé pendant toute la lecture du livre.

Sinon, je n'ai pas encore parlé du dessin lui-même, réalisé par Pierre-Denis Goux, et il faut bien avouer qu'il ne m'a pas séduit. L'aspect des personnages présente une sorte de "va et vient" entre la caricature et le réalisme et cette inconstance m'a semblé bien maladroite. Et puis en farfouillant un peu dans la Bedetheque, j'ai pu constater que Pierre-Denis Goux est loin d'être un débutant. Il a publié une vingtaine d'albums aux éditions du Soleil, essentiellement dans le genre de l'heroic fantasy, et ce curriculum explique certainement la superficialité qui m'a irrité dans cet album. Goux a une certaine expérience de la BD mais il ne maîtrise pas bien son sujet. Ce qui fonctionne bien dans une hêroic fantasy juvénile ne convient pas forcément pour une bande dessine adulte. Le dessin est souvent inadapté et c'est une chose qui m'a beaucoup irrité.

Bon ! Tout n'est pas à jeter dans cet album et le scénario reste bien construit. La conclusion de cette histoire est habile, le dessinateur montre par moment qu'il peut faire de belles images et le travail de la coloriste est excellent. Mais cela ne me suffit pas ! Il faut que le style graphique soit proportionné à son sujet et il me semble que ce n'est pas le cas, à moins que le but des deux auteurs n'ait été de glorifier les mauvais coups de deux voyous qui se paient un road trip égoïste et malveillant. Je pense pour ma part qu'ils ont confondu le monde réel avec le monde de Lanfeust.

Ma note est donc plutôt un EE.  Désolé !


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903je viens de lire - Je viens de lire - Page 37 Empty Re: Je viens de lire Mar 21 Mai - 11:22

Kimono


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eleanore-clo a écrit:Et si vous aimez Shakespeare, je vous conseille la lecture du Testament de William S, un Blake et Mortimer totalement atypique et consacré au grand démiurge. Le livre donne dans l'excellence et, me concernant, constitue un des meilleurs opus post-Jacobs.

Eléanore

Un grand merci Eléanore pour l'excellent conseil, puisque j'ai acheté et lu l'album. J'y ai beaucoup aimé l'enquête historico-policière, et là aussi allusion à la fameuse pièce manquante !! Bien sûr les mystérieux manuscrits du scénario restent pure fiction mais celle-ci, parfaitement agencée et habilement étayée, brille de références passionnantes. J'ai aimé aussi qu'une jeune fille érudite épaule Mortimer dans l'aventure en lieu et place de Blake qui convenait plutôt dans le final. Le vil Olrik, increvable traître de mélodrame ici en lointaines coulisses (en prison), cela m'a plu aussi : il m'énerve ! Amusant de voir Peggy "Newgold" (Guggenheim, évidemment) et chez elle sa collection d''art moderne, sculptures de Modigliani, de Dubuffet, de Giacometti près de peintures abstraites : Malevitch, Mondrian... justement, à la soirée chez le marquis elle porte une robe "Mondrian" créée par Yves Saint-Laurent en 1965 : petit anachronisme puisque nous sommes en 1958, époque où en effet les "Teddy Boys", demi-voyous de la jeunesse dorée sévissaient dans Londres. Les tableaux du marquis Da Spiri sont évidemment eux des plus classiques. Bon, j'adore cet album mais il est loin de me rendre "stratfordien", la thèse du Shakespeare double est trop capillotractée. Je ne suis pas non plus "oxfordien" : il y a pas mal d'autres hypothèses, dont une femme, la comtesse de Pembroke. L'inventaire après décès des biens de la maison de Stratford ne comprend aucune bibliothèque, ni livres, ni écrits !! Même, le seul écrit du maître de maison est une signature mal griffonnée et mal orthographiée. On sait à présent que le Stratfordien était listé comme actionnaire du Théâtre du Globe, mais l'auteur de la pièce eût-il pu faire une erreur d'orthographe en nommant son fils "Hamnet"?? On sait aussi aujourd'hui que dans les pièces les nombreuses références géographiques à l'Italie sont parfaitement correctes, or jamais le William Shakespeare de Stratford n'a visité l'Italie. Il est donc très habile de nos auteurs d'imaginer ce double italien Da Spiri, noble ami intime de "Shake" le poète ; ce qui éclaire par ce couple secret (compagnons gays ?) les fameuses "années obscures". Enfin selon Mark Twain ("Is Shakespeare dead ?", 1909, "Shakespeare or not Shakespeare", Le Castor Astral), le type de Stratford était, pour ce qu'on sait, un petit propriétaire terrien cupide et sans générosité, ce qui colle très mal avec l'ample et profonde intelligence du dramaturge. Un génie littéraire n'est pas forcément un gentil humaniste (cf. Céline, entre autres), mais un simple bouseux illettré et rapiat ??? De toute façon, jamais le Royaume-Uni n'acceptera de nier le Stratfordien comme auteur des pièces : des millions de touristes du monde entier apportent leurs devises à Stratford !



Dernière édition par Kimono le Mar 21 Mai - 20:26, édité 1 fois

904je viens de lire - Je viens de lire - Page 37 Empty Re: Je viens de lire Mar 21 Mai - 11:40

eleanore-clo

eleanore-clo
vieux sage
vieux sage

Bonjour Kimono 
Merci pour ce très beau commentaire.  Very Happy
Eléanore

905je viens de lire - Je viens de lire - Page 37 Empty Re: Je viens de lire Mer 22 Mai - 11:49

Kimono


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J'ajoute au "Testament de W.S." qu'il n'existait aucun portrait de Shakespeare de son vivant jusqu'à très récemment (le demi-chauve en gravure sur le recueil de ses pièces date de 1623, rien ne prouve un portrait réel, et c'est lui dont on a tiré le buste de Stratford); toutefois un magazine historique a publié en 2023 le portrait dit de Hatchlands Park, daté de 1611 / 1612 et qui serait celui du dramaturge : bel homme jeune et mince à fine barbe et cheveux denses. Il porte une large collerette plate à demi-lunes de dentelle. On affirme que le nom "Shakespeare" ("qui agite une lance") était assez courant en Angleterre du 16ème siècle.

906je viens de lire - Je viens de lire - Page 37 Empty Re: Je viens de lire Mer 22 Mai - 12:07

eleanore-clo

eleanore-clo
vieux sage
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Merci pour ce partage érudit  bise 

Eléanore

907je viens de lire - Je viens de lire - Page 37 Empty Re: Je viens de lire Ven 24 Mai - 23:00

eleanore-clo

eleanore-clo
vieux sage
vieux sage

La cuisine des ogres est une BD scénarisée par Fabien Vehlmann et dessinée par Jean-Baptiste Andréae.

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Au Moyen-Age, une jeune orpheline nommée Blanchette essaie tant bien que mal de survivre dans un petit village de Savoie. Elle intègre une bande d'enfants et essaie de s'y faire accepter. Un soir, le croque-mitaine capture la petite compagnie et l'emmène sur le marché alimentaire où les ogres se fournissent en chair fraiche ! Blanchette va réussir à échapper au hachoir et à la cuisson et elle trouve réconfort et asile dans les bas-fonds de cette étrange société, auprès d'un jeune korrigan et d'une vielle femme. Elle révèle alors des talents de cuisinière hors pair. Pendant ce temps, les ogres et leurs cuisiniers semblent très inquiets de la visite d'un de leurs hôtes, le minotaure, un fin gourmet qui exige la meilleure cuisine. Notre héroïne va alors passer un étrange marché avec le maitre toque de ses ravisseurs et va concocter un plat exceptionnel afin de satisfaire le monstrueux taureau et sauver la situation...

Cette BD est un conte et le lecteur doit retrouver son regard d'enfant pour pleinement l'apprécier. S'inspirant des Ogres-Dieux d'Hubert et Gatignol, mais aussi du Petit Poucet, Vehlmann nous donne une version beaucoup plus positive et heureuse de l'histoire. Le charisme de Blanchette, son courage, son audace et son inébranlable volonté lui permettent de renverser les mentalités et de changer les méchants ogres en des êtres doués de raison capables d'avoir peur, de passer des marchés honnêtes et de vivre paisiblement en société. Une multitude de détails (les recettes de cuisine, les méthodes de cuisson, la vaisselle, etc.) et la présence d'un nombre incroyable de créatures fantastiques (un kraken, des faunes, des dragons, des fantômes, etc.) créent un univers crédible, oserais-je dire en relief. Certes la nourriture sert de toile de fond mais elle n'est qu'un prétexte pour construire une société à la fois réaliste et bien étrange. Et quelle tonalité ! En effet, nous retrouvons ici toutes les recettes d'Andersen et de Perrault avec une histoire drôle, cruelle, touchante, rythmée par des rebondissements invraisemblables, etc.

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Le graphisme et les couleurs d'Andréae contribuent à la qualité de l'ouvrage. Un trait technique et des dessins magnifiques nous emmènent dans ce cauchemar qui va progressivement virer à un rêve doux amer. Le pays magique des ogres et surtout sa cuisine bénéficient d'une grande finesse d'exécution. On s'y croirait ! Chaque planche ou plutôt chapitre est coloré dans une dominante dont la succession rythme le dessin.

Quant à l'objet livre, il regarde du côté des livres de contes pour enfants qui trônent sous le sapin de Noël.

Au final, voilà une BD originale, un très bon conte qui séduira petits et grands. Et j'insiste bien sur le double lectorat. Des petits indices semés ici ou là abordent des sujets plus sérieux et réalistes comme les inégalités sociétales ou encore l'inceste….

EEE

En tout cas, les libraires du réseau Canal BD partagent mon analyse car ils ont choisi La cuisine des ogres pour concourir au prix de la meilleure BD 2024  Very Happy .

Eléanore

908je viens de lire - Je viens de lire - Page 37 Empty Re: Je viens de lire Sam 25 Mai - 10:31

Raymond

Raymond
Admin

Quelle coïncidence ! Je viens de lire moi aussi cet album hier soir !  : pouce

C'est un conte de fée aussi habile qu'original, car ce récit parle principalement de cuisine, eh oui ! Wink  il en résulte un humour très particulier et c'est un genre de récit que n'avais jamais lu jusque-là. Les personnages sont présentés d'une façon comique et les ogres (curieusement civilisés et délicats) en finissent presque par devenir sympathiques. Certains passages-clés du récit  (comme la survie de la jeune Blanchette au passage du hachoir et à la cuisson) sont racontés d'une façon inventive et pn ne s'ennuie pas une minutes. Et enfin, le dessin de Jean-Baptiste Andreae arrive presque à donner de la vraisemblance à cette histoire fantasmagorique. C'est un autre tour de force.

Ce conte de fée pourrait sans problème être incorporé dans la fameuse Anthologie de l'Humour noir.  

Bref, cette lecture est un véritable régal et j'hésite en fait entre un EEE et un EEEE.  Cool


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909je viens de lire - Je viens de lire - Page 37 Empty Re: Je viens de lire Dim 26 Mai - 16:36

Kimono


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Oh oh, voilà un titre extrêmement tentant, cette Cuisine des Ogres ! Et quel superbe dessin ! Je vais me le procurer. Very Happy

910je viens de lire - Je viens de lire - Page 37 Empty Re: Je viens de lire Mar 28 Mai - 7:39

eleanore-clo

eleanore-clo
vieux sage
vieux sage

Oui. La splendide couverture de la BD donne envie d'ouvrir le livre. Les jambes démesurées du croque-mitaine et sa posture arachnoïde donne un caractère mystérieux et fantastique à sa pêche.
Et la tonalité bleue crée une superbe ambiance nocturne.
Une belle réussite.

Eléanore

911je viens de lire - Je viens de lire - Page 37 Empty Re: Je viens de lire Ven 31 Mai - 9:56

Kimono


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Encore une belle trouvaille que je vous dois, Eléanore ! Pas Fidji sur lequel je rejoindrais probablement Raymond si je le lisais, mais l'excellente Cuisine des Ogres, que je viens d'achever. C'est puissant, original, touchant, quoique "féroce" aussi ! Le somptueux dessin m'a souvent fait penser à Calvo. Le vrai tragique n'est pas tout à fait dans le tissu de péripéties mais dans le secret de Blanchette, et le conte a un final assez optimiste, ce qui me satisfait.. cheers

eleanore-clo aime ce message

912je viens de lire - Je viens de lire - Page 37 Empty Re: Je viens de lire Jeu 6 Juin - 22:01

eleanore-clo

eleanore-clo
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Ulysse et Cyrano est un roman graphique dessiné et colorié par Servain sur un scénario d'Antoine Cristau et Xavier Dorison.

je viens de lire - Je viens de lire - Page 37 Couv_495903

Cyrano est un des plus brillants cuisiniers de sa génération. Néanmoins, lors d'un concours culinaire, le jury lui préfère son rival. De rage, le chef met le feu à son établissement et disparait. De son côté, Ulysse Ducerf est le fils du propriétaire de la plus grande cimenterie française. Son père veut qu'il lui succède et, pour ce faire, fasse de grandes études scientifiques. Mais le jeune homme rêve de peinture et ses notes ne brillent guère. Il est donc envoyé dans une propriété familiale à la campagne pour préparer son baccalauréat dans les meilleures conditions. De plus, il apparait que l'entreprise familiale a collaboré avec l'occupant nazi et l'énorme scandale nécessite qu'Ulysse et sa mère s'éloignent de Paris. La vie rurale ne ressemble pas à celle de Paris et malgré un précepteur omniprésent Ulysse découvre un nouvel univers. Notre héros fait ainsi la connaissance de Cyrano qui va l'initier à un art, la cuisine. Rapidement passionné par cette nouvelle activité, le lycéen délaisse ses révisions d'autant plus qu'il tombe sous le charme d'une jeune fille du village…

Le titre de la BD regarde du côté de la littérature. Ainsi Ulysse, tel son illustre homonyme, va entreprendre un long voyage. Ce voyage sera intérieur. Pas après pas, jour après jour, le héros s'éloigne de la route tracée par ses parents pour essayer de construire sa propre voie. De son côté, Cyrano affiche le même caractère que le héros d'Edmond Rostang. Son caractère effacé et orgueilleux, tendre et combatif, et surtout son incroyable faconde vont séduire Ulysse et le convaincre de s'émanciper de sa famille pour tenter sa chance dans une voie nouvelle et inconnue. Le mariage des contraires, de l'adolescent qui se cherche et du vieil homme marqué par les épreuves, fonctionne parfaitement. Les héros vont retrouver le goût de vivre et d'entreprendre. Le célèbre dicton : "Point n'est besoin d'espérer pour entreprendre ni de réussir pour persévérer" trouve ici une parfaite illustration. Les nouvelles routes ne seront pas aisées mais elles seront infiniment plus heureuses que celles toutes tracées.
Aussi, le récit fait penser à une fable de La Fontaine. Et les dernières pages de la BD, très émouvantes, exposent une morale qui hiérarchise les valeurs et valorise l'authenticité et la famille.

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Le graphisme précis et plein de vie de Servain convient parfaitement au récit. Le dessinateur a de plus pris un malin plaisir à dessiner deux héros physiquement très différents. Ainsi, la maigreur d'Ulysse contraste joyeusement avec l'embonpoint de Cyrano. Et des décors ruraux magnifiques, oserais-je dire paradisiaques, donnent envie de suivre le jeune homme dans son nouvel univers. L'opposition entre la ville et la nature rebondit dans les couleurs. Les couleurs froides urbaines s'effacent devant les teintes chaudes de la campagne.

J'ai beaucoup hésité à lire cet ouvrage, présenté comme une "bande dessinée qui fait du bien". Et bien, j'avais tort. Le livre présente une belle maturité. Les nouvelles vies d'Ulysse et de Cyrano sont ainsi présentées factuellement, avec leur lot de joies et de peines. Les auteurs font donc eux aussi preuve d'une belle honnêteté intellectuelle. Aucune transformation n'est simple et la réussite facile n'existe pas. Les tensions et les échecs inhérents à toute réorientation ne nous sont ni cachés ni minimisés. Mais une certaine réussite et un certain bonheur peuvent en découler. Du coup, cette invraisemblable fable culinaire en acquière une forte épaisseur.

Entre EEE et EEEE

Eléanore



Dernière édition par eleanore-clo le Ven 7 Juin - 8:49, édité 1 fois

913je viens de lire - Je viens de lire - Page 37 Empty Re: Je viens de lire Ven 7 Juin - 8:39

Raymond

Raymond
Admin

Très intéressant ! Voilà une présentation qui donne envie de lire cet album (que je n'aurais probablement pas remarqué) !   Very Happy

Et puis, il n'y a pas de mal à lire de temps en temps des BD "feel good".   Wink

Mais je ne suis pas allé à Lausanne le week-end dernier et j'ai pris un certain retard. Il y aura des choix cornéliens à faire et je ne sais pas encore ce que j'achèterai.   Cool


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914je viens de lire - Je viens de lire - Page 37 Empty Re: Je viens de lire Sam 8 Juin - 10:24

Raymond

Raymond
Admin

Gilles Ratier a bien apprécié Ulysse & Cyrano, un album qu'eleanore a commenté hier avec beaucoup d'éloges !

je viens de lire - Je viens de lire - Page 37 Ulysse14

Il annonce un formidable récit, aussi jouissif qu’humaniste, qui est avant tout un hymne à la passion et au plaisir. Fichtre, encore une "BD feel good" !  Wink

https://www.bdzoom.com/195750/actualites/transmission-cuisine-et-amitie-l%e2%80%99apprentissage-du-bonheur-selon-servain-dorison-et-cristau%e2%80%89/

Le dernier Casemate consacre par ailleurs huit pages à cet album : il fait vraiment le buzz !  


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915je viens de lire - Je viens de lire - Page 37 Empty Re: Je viens de lire Jeu 13 Juin - 18:22

Raymond

Raymond
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Raymond a écrit:Gilles Ratier a bien apprécié Ulysse & Cyrano, un album qu'eleanore a commenté hier avec beaucoup d'éloges !

je viens de lire - Je viens de lire - Page 37 Ulysse14

Il annonce un formidable récit, aussi jouissif qu’humaniste, qui est avant tout un hymne à la passion et au plaisir. Fichtre, encore une "BD feel good" !  Wink

https://www.bdzoom.com/195750/actualites/transmission-cuisine-et-amitie-l%e2%80%99apprentissage-du-bonheur-selon-servain-dorison-et-cristau%e2%80%89/

Le dernier Casemate consacre par ailleurs huit pages à cet album : il fait vraiment le buzz !  

J'ai donc lu Ulysse & Cyrano et c'est une histoire assez originale, qui se lit avec plaisir et qui se termine d'une manière sympathique !

Le récit lui-même se caractérise par son ampleur (166 pages) et on pourrait voir cet album comme un roman graphique, même si cette appellation est en principe réservée à des livres au format plus petit, plus épais et imprimés en noir et blanc. L'intrigue se développe ainsi avec une belle lenteur, ce qui qui permet aux deux scénaristes de bien étoffer leurs personnages, et de s'attarder sur les mille petites choses qui caractérisent le plaisir de la cuisine. Ils racontent également avec finesse les relations qui s'ébauchent entre les protagonistes, et introduisent parfois quelques surprises. Bref, on ne s'ennuie pas !

Le dessin de Stéphane Servain est élégant et expressif. Il croque avec finesse la France des "Trente Glorieuses" et même si les images ne sont pas spectaculaires, j'ai bien apprécié que tous les détails soient justes. Les couleurs sont pleines de douceur et l'on peut même s'attarder avec gourmandise sur certaines cases.

L'objet livre est également très soigné. J'ai aimé la grande taille de l'album quia permis à mes yeux fatigués (par la presbytie) de savourer sans peine les détails de certaines images. J'en remercie chaleureusement beaucoup l'éditeur.  Wink

Cette BD est donc bien tournée ! Elle est très consensuelle et j'y ai pris plaisir, mais je n'irai pas jusqu'à dire que c'est un chef d'œuvre. Pourquoi ? Eh bien ... parce que ce livre me rappelle certains films français actuels qui sont impeccablement produits mais sans grande surprise, et dont on attendrait un petit peu plus. Et que me manque t-il alors dans cet album ? Tout simplement d'être transporté avec enthousiasme, parce que la BD a un ton vraiment personnel, ou parce qu'il existe une belle énergie créatrice, ou alors parce que j'y ai découvert quelque chose d'unique et d'irremplaçable, parce qu'il y a en quelque sorte une "nécessité de l'œuvre".

Je reconnais que je pinaille un peu ! ( Embarassed ) Je ne vais pas me montrer excessivement sévère, mais j'aime quand même davantage les chefs d'œuvre qui me bousculent, qui me révèlent quelque chose d'inconnu ou qui ont le courage de ne pas être consensuels. Ulysse & Cyrano est un beau livre, et aussi un hymne à une vieille France qui est en train de disparaître, mais la nostalgie ne me suffit pas.

C'est donc pour moi un EEE, même si je le recommande chaleureusement à tous les membres du forum.  jap


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916je viens de lire - Je viens de lire - Page 37 Empty Re: Je viens de lire Ven 21 Juin - 10:01

Raymond

Raymond
Admin

Toujours au sujet de Ulysse & Cyrano, ActuaBD interviewe le scénariste Xavier Dorison !

je viens de lire - Je viens de lire - Page 37 Ulysse15

C'est un podcast et il faut malheureusement passer par Spotify. Crying or Very sad

https://www.actuabd.com/Xavier-Dorison-Ulysse-Cyrano-Ulysse-fait-le-choix-de-faire-ce-qu-il-aime


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917je viens de lire - Je viens de lire - Page 37 Empty Re: Je viens de lire Lun 24 Juin - 11:29

Raymond

Raymond
Admin

J'ai lu ce week-end le tome 1 des Vents ovales, une belle BD vintage de Jean-Louis Tripp, Aude Mermillod et Horne et j'ai eu très envie de la signaler. Il s'agit en fait d'un futur triptyque mais le premier opus est déjà à lui tout seul plein d'intérêt.

je viens de lire - Je viens de lire - Page 37 Vents_10

Jean-Louis Tripp et Aude Mermillod sont deux auteurs bien connus, Tripp étant l'auteur des fameux "Petit Frère" et 'Extases" tandis qu'Aude Mermillod a dessiné le très beau "Chœur des Femmes". Ils sont les deux scénaristes de cette mini-série qui raconte la vie quotidienne pendant les années 1960, tandis que le dessin est réalisé par Horne, qui a déjà dessiné beaucoup de choses mais qui reste presque un inconnu.

La collaboration entre Tripp et Mermillod est efficace et je présume que l'un et l'autre n'ont pas gardé les mêmes souvenirs du XXe siècle. Le scénario présente en détail la passion de la France du Sud-Ouest pour le rugby, de même que la forte présence des luttes sociales et politiques, et j'imagine que le "scénariste homme" (Jean-Louis Tripp) y a contribué pour une très grande part. Les très nombreux dialogues, précis et très détaillés, restituent en tout cas avec bonheur et authenticité l'ambiance provinciale française pendant l'époque des Trente Glorieuses.

je viens de lire - Je viens de lire - Page 37 Vents-12

Il existe une autre composante du récit qui s'attarde sur la condition de vie des femmes dans la France de Charles de Gaule, et cet aspect féminin est bien sûr à mettre au crédit d'Aude Mermillod. Là aussi, diverses anecdotes (en particulier les rapports hommes-femmes) sont présentés avec beaucoup de justesse et on réalise aujourd'hui à quel point ce monde francophone, qui est relativement proche dans le temps, est devenu en fait très lointain du nôtre. Au milieu des années 60, les françaises n'avaient pas encore la pilule et il en résultait des conséquences parfois très lourdes.

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Je ne disserterai pas trop sur l'intrigue car ce tome 1 fait avant tout la mise en place d'un assez grand nombre de personnages, et ceux-ci sont souvent attachants. Le dessin de Horne n'est pas spectaculaire, mais son style simple et expressif illustre avec efficacité un scénario qui se veut avant tout nostalgique et intimiste.

C'est donc une belle BD que je recommande, même s'il faudra pas mal attendre avant d'en connaître la fin. Elle respecte bien les standards de qualité de la collection Aire Libre et je ne lui décernerai pour le moment qu'un EEE, car elle n'a pas encore dévoilé tout son potentiel.


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918je viens de lire - Je viens de lire - Page 37 Empty Re: Je viens de lire Ven 28 Juin - 8:43

Raymond

Raymond
Admin

Planète BD attribue le Bédien d'Or à Ulysse et Cyrano ! La critique est unanime.

https://www.planetebd.com/bd/casterman/ulysse-cyrano/-/54594.html


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919je viens de lire - Je viens de lire - Page 37 Empty Re: Je viens de lire Mer 3 Juil - 6:53

Kimono


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J'ai feuilleté Ulysse et Cyrano en librairie ; certes ça paraît plaisant, et les dessins et coloris ne manquent pas de charme... mais l'album est épais et cher, juste pour raconter semble t-il une "initiation au bonheur de la vie simple". Pas vraiment à l'échelle d'un bildungsroman, sauf erreur de ma part.
Je voudrais revenir sur les néo - Blake et Mortimer que j'explore un peu, ayant beaucoup apprécié Le Testament de William S. . Je recommande vivement Le Serment des cinq lords.
Mais je mets en garde contre Le Sanctuaire du Gondwana. Il veut faire suite aux Sarcophages du 6eme Continent, et c'est bien là que le bât blesse, on est dans le délire de S.F. malgré un bon départ dans le mystère. Dommage car l'expédition à la "Daktari" au coeur de l'Afrique de 1950 a tout le charme vintage souhaité. Hélas, il y a la partie finale...

920je viens de lire - Je viens de lire - Page 37 Empty Re: Je viens de lire Ven 5 Juil - 20:17

Patrice

Patrice
lecteur émérite
lecteur émérite

J'ai lu Je suis charrette Vie d'architecte sur lequel Raymond s'interroge !
La BD est écrite et dessinée par Danicollaterale, pseudonyme de Daniel Pasin, un architecte italien vivant en France.

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Enzo, jeune diplômé en architecture, s'installe à Paris. Et il décroche le graal, un stage dans la prestigieuse agence Xavier Nolan. Mieux encore, son nouvel employeur l'intègre dans l'équipe en charge de répondre au concours lancé par la ville de Shangaï pour concevoir le nouveau musée d'art contemporain de la ville. Le jeune homme se retrouve rapidement pris dans un travail effréné car des délais courts se conjuguent à une féroce compétition internationale....

L'auteur connait parfaitement le milieu dont il parle puisque c'est celui dans lequel il vit ! Pasin a ainsi travaillé pour Jean Nouvel et on peut se demander à quel point l'agence Xavier Nolan s'inspire des ateliers du célèbre architecte. En tout cas le regard porté sur le milieu est ambigu : si l'auteur dénonce les rythmes et une vie de forçat dans les locaux de travail, il nous montre aussi l'engagement des équipes, leur volonté sans faille de se surpasser et les amitiés fortes que l'épreuve va forger. La BD se veut donc à la fois passionnée et dénonciatrice. Elle se teinte aussi d'humour que ce soit quand le chef de projet se retrouve bien malgré lui incarcéré au commissariat ou quand l'équipe échange autour de la machine à café ou dans un restaurant. J'ai beaucoup apprécié les rares apparitions de Nolan qui relèvent presque de la religion et des miracles. Ce personnage oscille entre le génie et la folie et ses choix artistiques balancent entre des gribouillis incompréhensibles et des intuitions géniales ! On peut aussi noter que Pasin fait l'effort de construire un "méchant", l'assistant de Nolan, tantôt incompétent, tantôt prédateur, le tout sur fond de quasi-sadisme. Là encore, j'imagine que ces scènes ont été vécues…
Le langage technique fleurit partout et les dialogues comportent mains termes abscons. En même temps, cette floraison ne gêne pas la lecture car chaque mot s'insère dans un contexte qui le rend compréhensible pour le béotien.

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Le dessin manque de vie et on pense aux personnages des dessins d'architecture avec leur côté artificiel. De plus, le choix de recourir à une quasi bichromie de rouge et de bleu, deux couleurs situées à l'opposé de l'arc en ciel, heurte le regard.
A l'opposé, on peut signaler la beauté des nombreux planches où l'auteur nous donne les plans détaillés du futur musée. On s'y croirait tellement les croquis et les sorties d'ordinateur (merci Autocad !) sont précis. Et puis, Pasin nous prend la main et nous fait redécouvrir quelques monuments célèbres de Paris, avec un autre regard, celui d'un professionnel. La BNF ou encore la Tour Eiffel prennent ainsi un tout autre relief  Very Happy

Au final, la BD ne manquera pas de séduire tous les lecteurs ayant apprécié L'aimant de Lucas Harari. Et cerise sur la gâteau, le mysticisme et l'ésotérisme de Harari cèdent la place à une œuvre profondément humaine où l'auteur a su marier avec intelligence les aventures humaine et technique. Ce projet délivré dans la souffrance va souder une équipe de jeunes audacieux ne doutant de rien et qui, hier encore, ne se connaissaient que peu ou pas.

EEE

921je viens de lire - Je viens de lire - Page 37 Empty Re: Je viens de lire Ven 5 Juil - 21:50

Raymond

Raymond
Admin

Merci beaucoup pour cette lecture très précise, qui permet d'avoir une bonne idée du livre ! pouce

J'ai beaucoup aimé l'Aimant de Lucas Harrari et cela explique certainement mon intérêt spontané pour "Je suis Charrette".

Je vais à Lausanne demain et on verra ce que j'y découvrirai. Wink


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922je viens de lire - Je viens de lire - Page 37 Empty Re: Je viens de lire Ven 12 Juil - 14:38

Raymond

Raymond
Admin

Gaby ou la Belle et l'Argent est une pièce de théâtre de Marcel Pagnol qui n'a jamais été montrée sur scène. Elle a été adaptée en BD par Véronique Grisseaux (scénario) et Luc Brahy (dessin).

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Cette pièce inédite de Pagnol (un auteur que j'aime beaucoup évidemment) a bien sûr réveillé ma curiosité et j'ai acheté ce livre sans trop réfléchir. Bien sûr, le texte est essentiellement constitué de répliques et il suffisait au fond à la scénariste se supprimer toutes celles qui n'étaient pas vraiment nécessaires. Le résultat est assez satisfaisant car j'ai bien retrouvé le style de l'écrivain dans cette BD. J'ai en fait lu cet album avec plaisir, même si les textes peuvent y paraître un peu trop envahissants.

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Pour ce qui concerne l'intrigue, on y retrouve quelques ingrédients qui avaient fait le succès de la fameuse pièce Topaze. Gaby est en effet une riche femme entretenue qui se retrouve à court d'argent et qui cherche à séduire un universitaire assez naïf, tandis que gravitent autour d'eux un paternel spéculateur et imprudent, un gigolo totalement cynique, un ministre exotique et un notaire corrompu. Le ton est désenchanté et j'ai retrouvé dans cette histoire l'ambiance de ces vaudevilles qui passaient à la télévision française au milieu du XXe siècle, dans la série "Au Théâtre ce Soir". La BD m'a ainsi fait sourire de temps en temps mais j'ai surtout compris pourquoi cette pièce ne s'est jamais transformée en spectacle. C'est quand même une œuvre assez mineure.  Neutral

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La mise en images de Luc Brahy est tout à fait correcte. Certaines cases sont assez élégantes et les couleurs sont séductrices mais cela reste surtout de l'illustration. L'essentiel se trouve à mon avis dans le texte.

Je ne regrette finalement pas mon achat (ma curiosité est satisfaite) mais je ne vais pas non plus multiplier les louanges pour cette BD réalisée d'une façon très professionnelle. L'album est hautement recommandable pour les amateurs de Marcel Pagnol ainsi que pour les curieux qui voudraient retrouver une histoire "racontée à l'ancienne", dans une France qui n'existe presque plus.

Pour la note, j'hésite selon les jours entre un EE et un EEE.  Wink


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923je viens de lire - Je viens de lire - Page 37 Empty Re: Je viens de lire Dim 21 Juil - 21:07

eleanore-clo

eleanore-clo
vieux sage
vieux sage

Shubeik Lubeik, vos désirs sont des ordres est un (très épais) roman graphique de Deena Mohamed.

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J'ai lu les deux premières parties soit les trois cinquièmes du pavé de 516 pages. Et ce premier avis se veut donc partiel.

A notre époque et dans un monde parallèle, il est possible d'avoir ses vœux exaucés grâce à de la magie en bouteille ou en canette ! Bien évidemment, les souhaits les plus extraordinaires nécessitent l'emploi de bouteilles très onéreuses. Bouteilles réservées aux pays développés ou aux plus fortunés. Les pauvres, eux, doivent se contenter de canettes capricieuses qui certes satisfont le demandeur mais surtout se font un malin plaisir à détourner le sens de la demande. Par exemple, un tel souhaitant maigrir se retrouve sans bras ! L'intrigue se déroule au Caire où un kiosquier décide de brader trois bouteilles de première catégorie permettant de réaliser les désirs les plus extraordinaires. Nous suivons ainsi la vie d'Aziza, une jeune femme taiseuse, traumatisée durant son enfance par la maladie de son père. Elle s'est mariée au rieur et prolixe Arbo qui ne rêve que de conduire une superbe Mercedes-Benz. Sauf qu'Arbo se fait renverser par une voiture ! Étrangement, Aziza décide de satisfaire le vœu de son défunt mari et pour ce faire achète une des trois bouteilles. Mais la bureaucratie égyptienne veille et la jeune femme doit déclarer son achat. Elle se retrouve alors emprisonnée par des policiers corrompus et avides de s'emparer du trésor... La deuxième partie du roman graphique nous raconte l'histoire de Nour, un jeune universitaire issu d'une riche famille. L'étudiant achète une bouteille pour l'aider dans sa vie, Nour est dépressif, et dans ses études, ses notes ne brillent guère....

Telle que résumé ainsi, la BD semble appartenir à la littérature de genre. On pense ainsi à un conte oriental. Sauf que le propos de la jeune autrice se veut infiniment plus ambitieux. Deena Mohamed a créé un livre univers sous le couvert d'une intrigue fantastique. En premier lieu, le scénario s'attache à faire une vivre la dystopie dans ses moindres détails. Ainsi, des interludes didactiques nous expliquent l'histoire de cette magie, depuis l'antiquité jusqu'à notre époque. Des pages géopolitiques mettent en regard les lieux où se trouve les mines de magie (le Moyen Orient) et ceux où le plus grand nombre de bouteilles sont consommées (l'Europe occidentale). Comme vous vous en doutez, l'explication se veut politique et constitue une métaphore du partage inégalitaire des richesses dans notre monde. Nul doute non plus que l'administration de Shubeik Lubeik fait référence à son homologue de l’Égypte actuelle.  
Mais la BD ne s’arrête pas là. Elle se teinte de féminisme quand elle s'attarde sur le destin contrarié et difficile d'Aziza. L'ouvrage aborde aussi le deuil à travers les destins du père et du mari d'Aziza. En quoi les morts influencent-ils les vivants ? Et le roman dénonce un poids énorme. Dans un autre registre, la jeunesse et ses turpitudes font aussi partie des thèmes abordés. La fragilité de Nour, son désir de paraître, ses hésitations sans fin sur le vœu qu'il va demander à la bouteille, etc. dépeignent un portrait plutôt pessimiste de la jeunesse moderne.

Un graphisme très classique accompagne la narration. J'ai regretté la part minimale accordée aux décors et les personnages semblent bien trop statiques. En même temps, la BD respire l'orient. Par exemple, le livre se lit de droite à gauche, comme tout roman en langue arabe. Et la magie s'accomplissant prend la forme de très belles calligraphies. Côté couleur, les histoires en noir et blanc sont séparées par des interludes en couleur.

La jeune auteure signe un coup de maître avec cet ouvrage monumental comme quoi la valeur n'attend point le nombre des années .

je viens de lire - Je viens de lire - Page 37 Deena10

Personnellement, je reste un peu dubitative. Un misérabilisme étouffant sous-tend la narration et finit par devenir lassant : Vous qui entrez ici, abandonnez toute espérance. De même, les planches didactiques coupent la progression. D'ailleurs et pour les amateurs de science-fiction, Shubeik Lubeik fait beaucoup penser à Tous à Zanzibar de John Brunner. On y retrouve le même souci de rajouter une floraison de détails extra-narratifs pour donner encore plus de crédibilité à la dystopie. Côté graphisme, le style manque d'ambition. Et puis, que de pages !

Bien évidemment, cet avis traduit mes goûts et au-delà ma sensibilité, je reste admirative devant le gigantisme et l'ambition de la création. Chacun pourra y trouver matière à penser. D'ailleurs, chers membres du forum, que demanderiez vous au génie de la lampe si vous n'aviez qu’un vœu possible ? Une bibliothèque magique pouvant contenir des milliers de BDs sans jamais être pleine Laughing ?

Entre EE et EEE

Eléanore

924je viens de lire - Je viens de lire - Page 37 Empty Re: Je viens de lire Lun 22 Juil - 9:48

Raymond

Raymond
Admin

Waouh ! Quelle célérité ! pouce

Pour ma part, j'ai acheté le livre mais je n'ai pas encore commencé à la lire. Ce sera pour cette semaine. Wink


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925je viens de lire - Je viens de lire - Page 37 Empty Re: Je viens de lire Lun 22 Juil - 10:11

Raymond

Raymond
Admin

eleanore-clo a écrit:Le Dieu-Fauve est une BD scénarisée par Fabien Vehlmann et dessinée par Roger.

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Dans un univers parallèle ou il y a bien longtemps, une tribu de singes essaie de survivre alors que la sécheresse a chassé toute vie de leur zone d'habitation. Le petit groupe suit la trace d'un alligator mourant afin de manger sa chair. La trace les emmène jusque dans le pays des hommes où ils sont capturés par une des factions convoitant le pouvoir au sein d'un empire en proie aux conflits. Sans-voix, le plus valeureux des singes, va y être dressé pour combattre dans l'arène. Mais au final rien se passera comme prévu. L'animal s'échappe, rêvant de se venger. Et un tsunami décime la coterie dont les soldats vont devoir combattre tant Sans-Voix que les esclaves en révolte ou encore d'autres factions.

Le Dieu Fauve est un récit choral dont le récitant change à chaque chapitre. Sans-voix puis un aède, une veneuse et bien d'autres racontent l'histoire vue à travers leur regard. Des points de vue différents certes mais tous décrivent la même situation : un monde âpre régi par la loi du plus fort. Les massacres et les meurtres, gratuits ou non, se succèdent durant 112 pages. La survie passe, tant chez les animaux que les hommes, par la mort de l'autre. Les restes de civilisation semblent condamnés tant le parcours de tout un chacun se résume à une lutte sans merci et le plus souvent perdue d'avance. Et la conclusion de ce récit pessimiste "enfonce le clou" s'il en était besoin. La bonté et l'amitié sont des faiblesses dangereuses et mortelles. Un récit glaçant où tuer devient un art.

je viens de lire - Je viens de lire - Page 37 4071_P10
je viens de lire - Je viens de lire - Page 37 Bihel13

Le superbe dessin de Roger magnifie les personnages même si le lecteur s'y perd parfois tant Vehlmann joue enter les époques et les acteurs. Un grand dynamisme rend superbement ce nouveau roman des âges farouches.

N'aimant pas la noirceur à laquelle la vie nous confronte bien trop régulièrement, je ne classerai pas cette BD dans les meilleurs titres de 2024. Néanmoins, il faut lui reconnaître une grande force et un projet cohérent de bout en bout. Et puis, quelle couverture ! Les yeux de Sans-voix resteront inoubliables. EEE

Eléanore

Je n'ai toujours pas lu cet album mais je me tâte .... l'été est souvent propice aux découvertes ! Very Happy

En tout cas, ActuaBD interviewe Fabien Vehlmann au sujet de cet album qui ne manque pas d'intérêt.

je viens de lire - Je viens de lire - Page 37 Dieu-f11

Il faut bien sûr avoir lu l'album pour apprécier cet entretien.

https://www.actuabd.com/Fabien-Vehlmann-Le-Dieu-Fauve-A-chaque-fois-qu-on-essaie-de-denoncer-la


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