Compagnon de route de Franquin et de Jijé pendant les années 40, Morris (Maurice de Bévère) était un sphinx à la démarche très individualiste, qui a souvent étonné ses collègues. Faussement flegmatique, ce dessinateur était en fait aussi passionné par la BD que Franquin, avec qui il eut à ses débuts d'intenses discussions sur les règles et les recettes de la séquence d'images (Franquin a déclaré plus tard que c'était toujours Morris qui trouvait les bonnes solutions). Pendant les années 60, le père de Lucky Luke n'hésita pas à créer dans le journal Spirou une rubrique assez révolutionnaire consacrée à l'histoire du "9ème Art" et derrière le discours presque ennuyeux qu'il a laissé dans ses interviews se cachait en fait une intelligence pétillante et un formidable artisan, pour ne pas dire un artiste de la bande dessinée. Dédaignant paradoxalement les intellectuels (car il était lui-même un excellent analyste et intellectuel de la BD), Morris se distinguait surtout par son aisance technique et son incroyable liberté graphique et rien qu'à ce titre, il restera l'un des grands maîtres de la BD franco-belge.
Pendant longtemps, les monographies et les livres consacrées à Morris sont restés peu nombreux mais quelques ouvrages intéressants sont apparus ces dernières années. C'est probablement le signe que son importance est de plus en plus reconnue.
Le meilleur livre qui lui soit consacré est assez récent, puisqu'il date de 2015. Ecrit entre autres par Stéphane Beaujean et Jean-Pierre Mercier, cet ouvrage s'intitule L'art de Morris et c'est une magnifique approche de la carrière et de la dimension artistique du dessinateur. Très richement illustré (le plus souvent avec des reproductions d'originaux), et combinant une analyse historique de sa carrière avec des articles plus thématiques sur la recherche de la lisibilité, l'influence du western, l'emploi du gaufrier ou la quête du temps fort, ce livre magistral est un régal aussi bien pour l'intelligence que pour les yeux. Morris y est considéré comme un créateur et un artiste et cet ouvrage met habilement en exergue les qualités du dessinateur ainsi que son style très particulier.
A côté de cette somme, les autres ouvrages ont une apparence bien plus modeste mais ils ne manquent toutefois pas d'intérêt. C'est le cas du très synthétique livre de Philippe Mellot qui s'intitule L'univers de Morris. Laissant plus de place aux images et aux BD rares qu'au texte, cet album recueille un bel ensemble d'informations qui plaira à tous les amateurs de Lucky Luke. Une bibliographie complète (pour son époque) termine judicieusement l'ouvrage et ce livre modeste et sans reproche est à mon avis un immanquable pour tous les amateurs de Morris. Seul inconvénient, il n'a jamais été réédité et il est hélas devenu assez difficile à trouver.
Les interviews de Morris ne sont généralement pas très passionnants et celui du N° 43 des Cahiers de la BD ne fait pas exception à la règle. Certains textes gardent toutefois un intérêt certain et ce "cahier" a de plus le mérite d'être la toute première monographie consacrée au dessinateur. L'habituelle bibliographie est malheureusement devenue très ancienne et malgré ses mérites, ce vieux numéro porte parfois difficilement son âge. Cet exemplaire reste aujourd'hui une intéressante curiosité pour les collectionneurs.
Le magazine Lire publie de temps en temps des numéros spéciaux consacrés à la BD et le hors série N° 22, publié il y a 2 ans, était justement consacré à Lucky Luke. Ce journal se présente comme un mélange harmonieux d'extraits de bandes dessinées, d'images diverses et d'articles thématiques simples à lire, et cet ensemble est tout à fait plaisant. Le travail de Morris et Goscinny y est parfois analysé d'une manière un peu sommaire et, même si elle est intelligente, cette approche pourrait apparaître un peu trop basique. Le journal reprend sinon beaucoup d'informations et d'images déjà montrées ailleurs et il n'est donc pas vraiment un indispensable. Il a toutefois l'avantage d'être récent et facilement disponible, et cela représente une intéressante alternative pour les amateurs qui ne trouveraient pas le livre de Philippe Mellot.
L'approche historique du monde de Lucky Luke (la vraie histoire du Far West) est un thème tout à fait passionnant et il a déjà été présenté à deux reprises par des numéros hors série du magazine Historia. Je garde une petite préférence pour l'album cartonné intitulé Les personnages de Lucky Luke et la véritable histoire de la Conquête de l'Ouest mais l'autre publication plus récente qui fait partie de la collection "Historia BD" est très bien faite également. On s'y rend compte que Morris et Goscinny aimaient beaucoup s'inspirer des curiosités et des personnages historiques du Far West et c'est un beau livre à mettre dans sa bibliothèque.
Les catalogues des expositions du festival d'Angoulême sont généralement très bien faits et l'album "déraisonné" mitonné par Yvan Delporte pendant l'expo de 1992 est fidèle à cette tradition. Intitulé La face cachée de Morris, cet ouvrage édité par Lucky Productions privilégie avant tout l'image et les anecdotes. Assez complémentaire du livre de Philippe Mellot, ce catalogue ne me semble pas être un indispensable mais il est très ludique et le choix des illustrations a été très mûrement réfléchi car il évite intelligemment les répétitions fastidieuses d'images déjà présentées ailleurs. C'est donc un bel "album de plus", qui intéressera beaucoup les fans de la série.
Pendant longtemps, les monographies et les livres consacrées à Morris sont restés peu nombreux mais quelques ouvrages intéressants sont apparus ces dernières années. C'est probablement le signe que son importance est de plus en plus reconnue.
Le meilleur livre qui lui soit consacré est assez récent, puisqu'il date de 2015. Ecrit entre autres par Stéphane Beaujean et Jean-Pierre Mercier, cet ouvrage s'intitule L'art de Morris et c'est une magnifique approche de la carrière et de la dimension artistique du dessinateur. Très richement illustré (le plus souvent avec des reproductions d'originaux), et combinant une analyse historique de sa carrière avec des articles plus thématiques sur la recherche de la lisibilité, l'influence du western, l'emploi du gaufrier ou la quête du temps fort, ce livre magistral est un régal aussi bien pour l'intelligence que pour les yeux. Morris y est considéré comme un créateur et un artiste et cet ouvrage met habilement en exergue les qualités du dessinateur ainsi que son style très particulier.
A côté de cette somme, les autres ouvrages ont une apparence bien plus modeste mais ils ne manquent toutefois pas d'intérêt. C'est le cas du très synthétique livre de Philippe Mellot qui s'intitule L'univers de Morris. Laissant plus de place aux images et aux BD rares qu'au texte, cet album recueille un bel ensemble d'informations qui plaira à tous les amateurs de Lucky Luke. Une bibliographie complète (pour son époque) termine judicieusement l'ouvrage et ce livre modeste et sans reproche est à mon avis un immanquable pour tous les amateurs de Morris. Seul inconvénient, il n'a jamais été réédité et il est hélas devenu assez difficile à trouver.
Les interviews de Morris ne sont généralement pas très passionnants et celui du N° 43 des Cahiers de la BD ne fait pas exception à la règle. Certains textes gardent toutefois un intérêt certain et ce "cahier" a de plus le mérite d'être la toute première monographie consacrée au dessinateur. L'habituelle bibliographie est malheureusement devenue très ancienne et malgré ses mérites, ce vieux numéro porte parfois difficilement son âge. Cet exemplaire reste aujourd'hui une intéressante curiosité pour les collectionneurs.
Le magazine Lire publie de temps en temps des numéros spéciaux consacrés à la BD et le hors série N° 22, publié il y a 2 ans, était justement consacré à Lucky Luke. Ce journal se présente comme un mélange harmonieux d'extraits de bandes dessinées, d'images diverses et d'articles thématiques simples à lire, et cet ensemble est tout à fait plaisant. Le travail de Morris et Goscinny y est parfois analysé d'une manière un peu sommaire et, même si elle est intelligente, cette approche pourrait apparaître un peu trop basique. Le journal reprend sinon beaucoup d'informations et d'images déjà montrées ailleurs et il n'est donc pas vraiment un indispensable. Il a toutefois l'avantage d'être récent et facilement disponible, et cela représente une intéressante alternative pour les amateurs qui ne trouveraient pas le livre de Philippe Mellot.
L'approche historique du monde de Lucky Luke (la vraie histoire du Far West) est un thème tout à fait passionnant et il a déjà été présenté à deux reprises par des numéros hors série du magazine Historia. Je garde une petite préférence pour l'album cartonné intitulé Les personnages de Lucky Luke et la véritable histoire de la Conquête de l'Ouest mais l'autre publication plus récente qui fait partie de la collection "Historia BD" est très bien faite également. On s'y rend compte que Morris et Goscinny aimaient beaucoup s'inspirer des curiosités et des personnages historiques du Far West et c'est un beau livre à mettre dans sa bibliothèque.
Les catalogues des expositions du festival d'Angoulême sont généralement très bien faits et l'album "déraisonné" mitonné par Yvan Delporte pendant l'expo de 1992 est fidèle à cette tradition. Intitulé La face cachée de Morris, cet ouvrage édité par Lucky Productions privilégie avant tout l'image et les anecdotes. Assez complémentaire du livre de Philippe Mellot, ce catalogue ne me semble pas être un indispensable mais il est très ludique et le choix des illustrations a été très mûrement réfléchi car il évite intelligemment les répétitions fastidieuses d'images déjà présentées ailleurs. C'est donc un bel "album de plus", qui intéressera beaucoup les fans de la série.