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Alix 38 Les Helvètes

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126Alix 38 Les Helvètes - Page 6 Empty Re: Alix 38 Les Helvètes Lun 23 Déc - 9:34

Tarmac

Tarmac
vieux sage
vieux sage

On revient donc en arrière, aux années mouvementées post-martiniennes Shocked

127Alix 38 Les Helvètes - Page 6 Empty Re: Alix 38 Les Helvètes Lun 23 Déc - 9:35

Raymond

Raymond
Admin

Oui, c'est manifestement la politique du Comité Martin qui veut ça ! grr2


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128Alix 38 Les Helvètes - Page 6 Empty Re: Alix 38 Les Helvètes Lun 23 Déc - 12:13

stephane

stephane
vieux sage
vieux sage

Effectivement, cette année ce sera le duo! Jeudi paraîtra sur Alix mag les albums de l’année 2020 et l’éditeur m’a confirmé que ce serait leur dernier Alix...

http://alixmag.canalblog.com/

129Alix 38 Les Helvètes - Page 6 Empty Re: Alix 38 Les Helvètes Mar 24 Déc - 19:15

Lion de Lisbonne

Lion de Lisbonne
grand maître
grand maître

Raymond a écrit:
bruno a écrit:Nous devrions retrouver le duo David B et Albertini en fin d'année prochaine... Et pour 2021, 2022... qui sait ?...

Crying or Very sad Crying or Very sad Crying or Very sad

Shocked

Tout marchait si bien... deso  ; on avait pas un, mais deux dessinateurs pour Alix :le parfait Marc Jailloux , et Marco Venanzi dont style s'approche de plus en plus ...  affraid
non2

130Alix 38 Les Helvètes - Page 6 Empty Re: Alix 38 Les Helvètes Jeu 26 Déc - 20:01

Lion de Lisbonne

Lion de Lisbonne
grand maître
grand maître

D'accord Alix Mag' :
" NOVEMBRE 2020 Le dieu sans nom »les aventures d'Alix, de David B et Albertini. Ce sera le dernier album réalisé par ce duo. " Cool

131Alix 38 Les Helvètes - Page 6 Empty Re: Alix 38 Les Helvètes Jeu 9 Jan - 18:22

Tarmac

Tarmac
vieux sage
vieux sage

Marc Jailloux dédicacera "Les Helvètes" samedi 18 janvier à BULLES EN TÊTE cheers :
Arrow https://www.canalbd.net/bulles-en-tete_catalogue_evenementdetail_Marc-Jailloux--8380
Arrow http://alixmag.canalblog.com/archives/2020/01/08/37924807.html
Pour l'occasion, j'ai presque envie d'y aller faire un saut.

132Alix 38 Les Helvètes - Page 6 Empty Re: Alix 38 Les Helvètes Jeu 9 Jan - 18:51

Raymond

Raymond
Admin

Tu amènes l'album déjà acheté ?


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133Alix 38 Les Helvètes - Page 6 Empty Re: Alix 38 Les Helvètes Jeu 9 Jan - 19:43

eleanore-clo

eleanore-clo
vieux sage
vieux sage

A Bulles en tête, la règle du jeu prévoit d'acheter l'album que l'on fait dédicacer.... Wink

134Alix 38 Les Helvètes - Page 6 Empty Re: Alix 38 Les Helvètes Jeu 9 Jan - 20:37

Raymond

Raymond
Admin

Oui, c'est en général le cas un peu partout. Very Happy

Et je suppose que Tarmac possède déjà cet album. Il devra donc le racheter s'il veut obtenir une dédicace.


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135Alix 38 Les Helvètes - Page 6 Empty Re: Alix 38 Les Helvètes Ven 10 Jan - 7:17

Tarmac

Tarmac
vieux sage
vieux sage

Raymond a écrit:Tu amènes l'album déjà acheté ?

Oui ! J'avais l'intention de venir avec mon album What a Face
Du coup, non je ne vais pas racheter un autre album Rolling Eyes Tant pis pour la dédicace !

136Alix 38 Les Helvètes - Page 6 Empty Re: Alix 38 Les Helvètes Ven 10 Jan - 9:40

Raymond

Raymond
Admin

J'ai moi aussi renoncé à cette dédicace lorsque Marc Jailloux est venu à Lausanne, en décembre. jap


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137Alix 38 Les Helvètes - Page 6 Empty Re: Alix 38 Les Helvètes Ven 10 Jan - 10:14

eleanore-clo

eleanore-clo
vieux sage
vieux sage

De mémoire, à vérifier quand même, la librairie considère comme "achat de la BD à dédicacer", l'achat d'une autre BD dun prix équivalent. C'est l'occasion peut-être de prendre China Li tome 2 des Charles Very Happy ?
Cordialement

138Alix 38 Les Helvètes - Page 6 Empty Re: Alix 38 Les Helvètes Ven 10 Jan - 17:54

Loup79


grand maître
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Pourquoi la dédicace ne se fait pas à la sortie commerciale du tome ? confused scratch zidane

139Alix 38 Les Helvètes - Page 6 Empty Re: Alix 38 Les Helvètes Ven 10 Jan - 18:46

Raymond

Raymond
Admin

Parce que Marc Jailloux ne peut pas être partout (Paris, province, Suisse, Belgique …) à la fois !  Wink


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140Alix 38 Les Helvètes - Page 6 Empty Re: Alix 38 Les Helvètes Ven 10 Jan - 18:57

stephane

stephane
vieux sage
vieux sage

Il exagère, Melenchon y arrive, lui, être à plusieurs endroits en même temps. C’est de la mauvaise volonté !

http://alixmag.canalblog.com/

141Alix 38 Les Helvètes - Page 6 Empty Re: Alix 38 Les Helvètes Sam 11 Jan - 7:02

Draculea

Draculea
vieux sage
vieux sage

stephane a écrit:Il exagère, Melenchon y arrive, lui, être  à plusieurs endroits en même temps. C’est de la mauvaise volonté !

Je connais pas cet auteur. Question Quelle série dessine-t-il ? Wink

http://www.marchenriarfeux.net

142Alix 38 Les Helvètes - Page 6 Empty Re: Alix 38 Les Helvètes Sam 11 Jan - 17:48

Monocle

Monocle
grand maître
grand maître

Draculea a écrit:
stephane a écrit:Il exagère, Melenchon y arrive, lui, être  à plusieurs endroits en même temps. C’est de la mauvaise volonté !

Je connais pas cet auteur.  Question  Quelle série dessine-t-il ? Wink
Je crois que c'est "Les insoumis", une série contemporaine. Malheureusement pour lui, les ventes semblent en forte baisse Smile

143Alix 38 Les Helvètes - Page 6 Empty Re: Alix 38 Les Helvètes Dim 12 Jan - 13:51

Draculea

Draculea
vieux sage
vieux sage

Il faut croire ! Laughing je n'ai jamais vu le moindre album de la série en librairie ! cyclops

Mais revenons à notre sujet, le nouvel album d'Alix : les vrais insoumis au fond ce sont les Germains et ceux des Helvètes qui font appel à leurs services. Pour autant dans cette aventure, ceux des Helvètes qui négocient avec les romains ne sont pas des soumis mais font preuve d'une intelligente adaptation selon le principe d'une realpolitique qui leur est pleinement favorable. C'est le même calcul rationnel que celui des gaulois ayant adopté le mode de vie romain dans Vercingétorix.

http://www.marchenriarfeux.net

144Alix 38 Les Helvètes - Page 6 Empty Re: Alix 38 Les Helvètes Dim 12 Jan - 14:06

stephane

stephane
vieux sage
vieux sage

Les Germains sont même plus que des insoumis car ils veulent aussi occuper le territoire helvète.

http://alixmag.canalblog.com/

145Alix 38 Les Helvètes - Page 6 Empty Re: Alix 38 Les Helvètes Lun 13 Jan - 17:20

Draculea

Draculea
vieux sage
vieux sage

Effectivement ! Ce sont plutôt, si tu me permets l'expression : des "soumetteurs" !

http://www.marchenriarfeux.net

146Alix 38 Les Helvètes - Page 6 Empty Re: Alix 38 Les Helvètes Mar 14 Jan - 22:38

stephane

stephane
vieux sage
vieux sage

Oyé amis Alixiens, retrouvons Marc Jailloux en interview chez branche culture!

https://branchesculture.com/2020/01/14/marc-jailloux-interview-alix-suisse-helvetes-mathieu-breda-jacques-martin-western/

Lion de Lisbonne aime ce message

http://alixmag.canalblog.com/

147Alix 38 Les Helvètes - Page 6 Empty Re: Alix 38 Les Helvètes Mar 10 Nov - 18:41

Tarmac

Tarmac
vieux sage
vieux sage

La couverture des Helvètes à la vente aux enchères Maghen cheers , chez Stephane :
Arrow http://alixmag.canalblog.com/archives/2020/11/09/38639927.html
Alix 38 Les Helvètes - Page 6 12800310

Lion de Lisbonne et stephane aiment ce message

148Alix 38 Les Helvètes - Page 6 Empty Re: Alix 38 Les Helvètes Ven 1 Jan - 11:14

Jacky-Charles


docteur honoris causa
docteur honoris causa

LES HELVETES

Trente-huitième aventure d'Alix


LE RESUME

Alix est missionné par César pour négocier avec les chefs Helvètes l'installation de vétérans romains dans leurs territoires en échange de cadeaux somptueux. Si certains voient l'alliance romaine d'un bon œil, malgré les précédents conflits, ce n'est pas le cas de tout le monde, en particulier de ceux qui préféreraient une alliance avec les tribus germaniques. Tandis qu'un haut dignitaire romain prépare l'installation des vétérans dans le pays, Alix parcourt celui-ci pour rallier les chefs de tribus, non sans danger...


QUAND CELA SE PASSE-T-IL ?

C'est Alix qui le dit lui-même ( page 5, image 7 ) : douze ans après la guerre contre les Helvètes. Celle-ci ayant eu lieu en -58, nous sommes donc en -46.


OU CELA SE PASSE-T-IL ?

Le récit commence à Rome, puis on passe en Helvétie. On suit l'itinéraire d'Alix au cours de sa mission ( qui sera détaillé plus loin ) : Aventicum ( Avenches ), Brenodurum, ( Berne ) Ambedunon ( Roggwil ), Turicum ( Zurich ), Tenedo ( Bad Zurzach ), retour à Aventicum, puis Divoglanna ( La Tène ), pour s'achever à Lousonna ( Lausanne ).


LE CONTEXTE HISTORIQUE

L'album explique très bien celui-ci : nous sommes donc douze ans après la guerre de Rome contre les Helvètes ( « une douzaine d'années » se contente de dire Alix ), prélude de la guerre des Gaules. Les Helvètes, vaincus, amoindris et affaiblis, sont rentrés chez eux, réparent ce qui est réparable, et tentent de repartir à zéro, ou presque. Surtout, ils ont compris qu'il vaut mieux entrer sans trop barguigner dans ce monde gallo-romain qui s'annonce. Tous ne sont pas de cet avis, mais les dieux et les chefs pourraient se laisser fléchir et convaincre par, outre les serments, les arguments sonnants et trébuchants habituels.

Les Romains ne comptent pas seulement se débarrasser de leurs anciens adversaires Helvètes en s'en faisant des alliés. Ils vont aussi servir de tampon entre les mondes romain et celte d'une part et d'autre part des Germains toujours à l'affût de tout ce qui brille et souvent diablement entreprenants. La présence helvète n'étant peut-être pas suffisante en Helvétie pour ce faire, ce serait une bonne solution que de la compléter par l'implantation d'anciens soldats, des vétérans, démobilisés après la fin de la guerre des Gaules, sur des terres qui leur seront attribuées pour en vivre en les cultivant et sur lesquelles ils fonderont des villes nouvelles ou développeront les anciennes, selon la coutume romaine.

Le contexte purement romain a déjà été détaillé dans de précédentes analyses. En essayant de ne pas doublonner avec le « Voyage d'Alix » consacré à l'Helvétie ( qui est très bien fait et très intéressant ), voici les articles que je vous propose :

Les Helvètes et l'Helvétie, leurs alliés, leurs dieux, leur exode, leur guerre contre Rome, l'itinéraire d'Alix dans le pays.

Comment se dessine le monde gallo-romain en devenir, en Helvétie et ailleurs, comment naissent et vivent les villages et les petites villes de ce monde loin de Rome et des rares métropoles, quelle est leur économie, comment de soldat devient-on vétéran ?

Que mesurent les arpenteurs ? Et la monnaie ?

Qui était Lucius Munatius Plancus ( senior ) ?

Lucius junior et les âges de la vie à Rome.


COMMENT PEUT-ON ÊTRE HELVETE ?

Les hommes, le pays et la guerre

Les Helvètes et leur projet de migration

Les Helvètes sont un ensemble de peuples celtes établis sur le plateau suisse. La confédération helvète comprenait aussi les Verbigènes, les Tigurins et les Tugènes. D'autres peuples celtes, qui ne faisaient pas partie de la confédération helvète, demeuraient dans le voisinage ; les Rauraques étaient un peuple originaire de la Ruhr, à laquelle ils ont donné leur nom ; les Tulinges étaient établis à l'ouest du lac de Constance ; il y avait aussi les Latoviques ou Latobices ; enfin, les Boïens étaient plus dispersés : on les trouvait à la fois en Gaule Cisalpine ( nord de l'Italie ), en Pannonie ( Hongrie actuelle ), en Bohême, à laquelle ils ont donné leur nom, et en Gaule Transalpine, entre le territoire des Arvernes et celui des Eduens, soit la future province du Bourbonnais ou le département de l'Allier si on préfère.

Les Helvètes sont enfermés dans leur pays, entre Jura, Rhin et Alpes, où ils sont soumis à deux pressions : d'une part une pression démographique interne, qui les fait devenir trop nombreux pour les ressources limitées de leur territoire, d'autre part une pression militaire externe provoquée par des tribus germaniques elles aussi en conflit avec leurs voisins ; parmi celles-ci, la plus inquiétante était celle des Suèves, qui vivaient au sud-ouest de l'Allemagne actuelle, et qui donneront leur nom à la Souabe ; ils étaient commandés par l'entreprenant roi Arioviste.

Pour compléter succinctement le tableau, il faut se rappeler que la Gaule, Helvétie comprise, n'était pas unie, mais composée d'environ 80 peuples celtes ( ou cités ) en conflit quasi-permanent, les plus puissants dominant les plus faibles, exigeant d'eux tributs, otages et troupes. Les aristocrates opprimaient très durement les humbles, leurs clients, presque des esclaves, et il n'y avait pas de classe moyenne. Ces peuples étaient gouvernés par des rois, dans le nord, chez les Belges, et par des oligarchies aristocratiques ailleurs, avec des Sénats et des magistrats élus sur le modèle romain, depuis au moins un siècle, mais la monarchie conservait des partisans, ainsi Vercingétorix, dont le père aurait été exécuté pour cette même raison, et qui y pensait toujours pour la rétablir, comme en -52. D'autres aussi, qui complotaient à cette fin, dont l'Helvète Orgétorix et l'Eduen Dumnorix, mais le frère de ce dernier, Diviciacos, dénonça leur complot : Orgétorix se suicida après un procès et Dumnorix fut surveillé de près par les Romains jusqu'à son exécution ( voir l'article sur les personnages ).

Sous l'influence de l'ambitieux chef Orgétorix, les Helvètes décidèrent, sans doute après mûre réflexion, de quitter leur pays pour des terres plus accueillantes. Ils furent acceptés par les Santons, habitants de la Saintonge, un pays au nord de l'Aquitaine, au bord de l'océan, qui les autorisèrent à s'installer chez eux, et se préparèrent à s'y rendre. Pour cela, il fallait traverser toute la Gaule d'est en ouest. Ce n'était pas la première migration d'un peuple entier que la Gaule aurait connu : celle des Cimbres et des Teutons, peuples du nord de la Germanie, un demi-siècle plus tôt, devait être encore dans toute les mémoires ; il avait fallu l'énergique intervention de l'armée romaine commandée par Marius pour mettre un terme à ce qu'on commençait à appeler une invasion.

Les Helvètes préparèrent donc soigneusement leur migration en faisant des provisions de nourriture pour trois mois ; pour cela, ils ensemencèrent leurs champs autant qu'ils le purent. Avant de partir, ils incendièrent leurs douze oppida, leurs quatre cents villages et les surplus de grains. En peuple organisé, ils s'étaient recensés : il y avait 368 000 émigrants dont 263 000 Helvètes, 36 000 Tulinges, 14 000 Latobices, 23 000 Rauraques et 32 000 Boïens, le tout avec 2 800 chars à bœufs. Sur ce nombre, il y avait 92 000 hommes en armes, les autres personnes étant leurs familles non combattantes. Orgétorix étant mort, ils étaient commandés par le chef Divico.


Le conflit

On suppose qu'à part les Santons, les Helvètes avaient informé leurs plus proches voisins de leur projet. Il n'en reste pas de trace et on pourrait en douter, compte tenu de la réaction horrifiée des voisins en question, à commencer par les Séquanes et les Eduens, qui vivaient dans les actuelles régions de Franche-Comté et de Bourgogne. Pourtant, la préparation du voyage n'avait pas dû être discrète, même en tenant compte des difficultés de communication de l'époque, mais on sait que les informations circulaient néanmoins assez facilement.

Et du côté romain ? Ce fut tout, sauf une surprise. En effet, César aurait envisagé une intervention en Gaule depuis -60. Il aurait pu entreprendre une expédition vers l'Égypte ( il y pensait depuis -65 et passera à l'acte en -48 ), ou contre les Parthes en Iran ( il en parle au début de l'album ), ou encore contre les Germains, et comme proconsul de la Cisalpine, de la Transalpine et de l'Illyrie, il était en contact avec le « péril dace » du roi Burebistas ( actuelle Roumanie ). Mais une lettre de Cicéron datée du 15 mars -60 manifeste l'inquiétude de celui-ci : « Le plus grave en ce moment, c'est la crainte d'une guerre avec les Gaulois. » C'est que depuis le siège de Rome en -390 ( les oies du Capitole, l'épée de Brennus, Vae victis, etc. ), l'ennemi héréditaire du Romain, c'était le Gaulois. L'ambition de César, pour sa gloire et sa fortune, fit le reste.

Le passage des Helvètes sur les territoires des Allobroges, puis des Séquanes et des Eduens, ne fut sans doute pas pacifique, voire carrément l'occasion de pillages, car ceux-ci appelèrent Rome, leur alliée, au secours. César, proconsul des Gaules, leur interdit de passer par le pont de Genova ( Genève ), qui appartenait alors aux Allobroges, itinéraire qui leur permettait de poursuivre vers le sud. Mais cette direction les faisait frôler la province romaine de Narbonnaise, et en particulier la ville de Toulouse, ce dont il n'était absolument pas question pour les Romains. Les Helvètes décidèrent alors de passer par le nord en contournant le Morvan.

Les migrants ayant déjà souffert au cours de cette première partie du voyage, le chef Divico demanda une trève ; César accepta, mais exigea des otages ; Divico refusa et reprit la route. Si les Helvètes avaient pu continuer leur voyage sans encombre, on peut se demander dans quel état aurait été leur peuple à l'arrivée en Saintonge. Faute de pouvoir traverser le Rhône, ils remontèrent la Saône jusqu'à Matiscona ( Mâcon ) et quand les trois quarts des effectifs eurent traversé, les Romains attaquèrent le quart restant, composé de Tigurins qui furent défaits, mais Dumnorix fit encore des siennes : les approvisionnements promis par les Éduens n'arrivèrent pas aux légions qui durent se retirer, et les Helvètes, bien qu'amoindris, purent continuer leur chemin.

Les Romains, qui disposaient désormais de cinq légions et d'auxiliaires, dont des cavaliers, les rejoignirent près de Bibracte et les battirent, faisant un grand massacre. Les notables helvètes firent leur soumission, livrèrent des otages et leurs armes. Il ne resta que 110 000 survivants que César renvoya chez eux, où ils n'auraient plus qu'à reconstruire ce qu'ils avaient détruit. En effet, César voulait empêcher que les Suèves s'installent dans l'Helvétie vidée de ses habitants et constitue ainsi une menace proche de l'Italie plus importante que celle des Helvètes.

Ainsi commença la guerre des Gaules qui permit aux Romains de prendre pied dans le pays. Les Suèves se détournèrent de l'Helvétie ruinée et, à la place, envahirent l'Alsace où César les retrouva. En -52, les Helvètes envoyèrent malgré tout un contingent de 8 000 hommes à Vercingétorix.


Les Celtes, les Helvètes et leurs divinités

Le Nemeton

Plusieurs divinités celtes ou propres aux Helvètes sont citées dans cette histoire, mais où leurs fidèles les rencontraient-ils ?

Les Nemetons sont les sanctuaires où les Celtes pratiquaient leur culte sous la direction de leurs druides. On en trouve dans tout le monde celtique d'Europe occidentale : Grande-Bretagne, Allemagne, Hongrie, Tchéquie, et, bien entendu, Suisse et Gaule.

Les enclos celtiques apparaissent au -VI° siècle, à la fin de la période Hallstatt ; certains seront fréquentés jusqu'à la christianisation. Le sanctuaire carnute dont parle César dans la « Guerre des Gaules » n'est pas localisé, mais pourrait se situer en Sologne ( Secalaunia ), où se trouverait le principal Nemeton de Gaule, commun à toutes les tribus. C'est l'omphalos des peuples celtes, le nombril du monde, analogue à celui de Delphes. L'enclos d'un Nemeton était un espace quadrangulaire entouré d'un fossé et d'une levée de terre surmontée d'une palissade en bois.

Les sites fouillés ont livré des os d'animaux en grande quantité, des ossements humains et de nombreuses armes neutralisées, cassées ou tordues. Tout cela relève de sacrifices dans le cadre d'un culte. Les sacrifices de prisonniers de guerre sont connus, mais limités. Les restes humains peuvent aussi constituer des ossuaires de guerriers honorés par une cérémonie. Les enclos ont pu aussi servir aux pratiques druidiques : justice, magie, divination, etc.

Certains lieux de l'époque gauloise ou gallo-romaine évoquaient le Nemeton et sont toujours des villes :
Nemetodurum = Nanterre,
Augustonemetum = Clermont-Ferrand,
Nemetocenna = Nemetum Atrébatum = Arras.
Une déesse Nemetona était vénérée chez les Nemètes ( Nantes ) et les Trévires ( Trèves ).

Artio

Ce nom signifie « ours » en langue gauloise ; c'était l'animal emblématique de la royauté chez les Celtes et il le restera en Europe occidentale jusqu'à ce que le lion, venu avec les Croisés, le détrône.
Artio est une déesse celtique vénérée par les Helvètes ; elle est connue par des inscriptions et une statuette de bronze du II° siècle, trouvée dans la région de Berne.

Sirona

C'est une déesse celtique adorée dans le centre-oriental du pays gaulois. Son nom, qu'on voit aussi écrit Dirona ou Thirona, signifierait : étoile, astre.
Déesse de la guérison, elle est représentée avec des œufs et un serpent symbolisant la vie et la mort. Elle incarne la lumière lunaire, équivalent de l'Artémis grecque et de la Diane romaine. Elle est aussi associée aux dieux gaulois Borvo et Grannos qu'on peut assimiler à Apollon. Tous président aux fontaines.
Selon les croyances anciennes, la lumière lunaire aurait un rôle attractif sur les eaux souterraines. Le phénomène des marées, corrélé aux phases de la lune, pourrait être une explication de cette croyance généralisée de l'action lunaire sur les eaux ou les milieux vivants dans lesquels l'abondance de l'eau est vitale, et que l'on retrouvait dans la croyance des jardiniers au calendrier lunaire.

Epona

Cette déesse de la mythologie celte est la protectrice des chevaux et des moyens de communication. Transmis par les Celtes servant dans l'armée romaine, son culte est passé dans la civilisation romaine.
Son nom provient du gaulois « epos » : cheval ; Epona est donc la jument. On trouve ses représentations dans toute l'Europe occidentale : Danube, Allemagne, Lorraine, Hongrie, Suisse.

Wotan ( Odin )

C'est le dieu principal des mythologies nordique et germanique ; il n'est cité dans l'histoire que par des personnages germaniques, mais il est suffisamment intéressant pour qu'on lui consacre un article. Il est le dieu du savoir, de la guerre et des morts, mais aussi de la magie, de la poésie et des prophéties.

Il est représenté comme un vieillard barbu et borgne de l'œil gauche. Dieu de la victoire, il l'offre à ses protégés par tous les moyens : la valeur au combat, la chance, la ruse ou la fourberie. Il confère la victoire en inspirant l'intelligence et la stratégie, plus que par l'ardeur guerrière. C'est un dieu sage, courageux et généreux, mais craint, pouvant aussi se montrer sévère et redoutable.

Avec ses deux frères, Vili et Vé, il créa l'univers à partir du corps d'Ymir, le géant originel qu'il avait tué, puis il recueillit des étincelles de feu pour créer les étoiles, le Soleil et la Lune. Les dieux fabriquèrent deux chariots pour porter ces deux astres dans le ciel, et deux chevaux pour tirer chacun d'eux. Pratiques et prévoyants, ils équipèrent le char du Soleil de poches de glace derrière les chevaux pour les empêcher de souffrir de la chaleur ! Les dieux créèrent les hommes et les femmes à partir d'arbres tombés au bord de la mer, un orme et un frêne, qu'ils animèrent.

De nombreux textes racontent l'histoire des dieux, dont celui rédigé par Adam de Brême vers 1080, l'Edda poétique ou l'Edda de Snorri Sturluson ( XIII° siècle ). Dans les croyances populaires, certaines coutumes ont perduré jusqu'à la période moderne, comme d'offrir un sacrifice lors de la récolte en consacrant à Wotan une partie de celle-ci ou une libation de bière ; et au cours des tempêtes d'automne, on prétendit longtemps que Wotan se déplaçait toujours dans les cieux à la tête de sa chasse sauvage.



L'itinéraire d'Alix en Helvétie

Dans l'album, on voit Alix aller de ville en ville pour négocier avec les chefs helvètes ; voici quelques informations sur ces localités, à l'époque et plus tard.

Octodurus/Martigny

C'était le domaine de la tribu celte des Vélagres du Bas-Valais, qui contrôlait le passage des marchandises et des voyageurs vers l'Italie par le col du Grand-Saint-Bernard et vers le pays des Allobroges ( Savoie, Dauphiné ) par les cols de la Forclaz et de Balme. Route la plus directe entre Rome et le nord de la Gaule, on comprend l'intérêt de César d'en disposer à son gré. Il envoie donc en -57, la XII° légion de Servius Galba hiverner dans la région. Aidés par les Sédunes, une autre tribu du Valais, les Vélagres attaquent les Romains qui doivent fuir vers Genève non sans avoir incendié la ville et vaincu leurs assaillants.

Ce n'est qu'en -15 que le Valais est conquis par les Romains. La nouvelle ville gallo-romaine se développe alors en raison de son excellente position : elle devient un centre administratif, politique et culturel, point de rencontre entre les civilisations celte et méditerranéenne. Outre un vaste forum, comprenant une basilique et un portique avec des boutiques, elle compte un amphithéâtre et des temples dont l'un est dédié au dieu oriental Mithra.

Aventicum/Avenches

Son nom vient de celui de la déesse protectrice des Celtes : Aventia ; elle devient la capitale de l'Helvétie et sa plus grande ville du I° au III° siècle : elle comptait alors 20 000 habitants.

Auparavant, à l'âge du fer, il existait un oppidum depuis le -II° siècle, où l'on a retrouvé des vestiges d'habitations, de temples et de sépultures. Elle était sans doute gouvernée par une aristocratie commerçante. La ville gallo-romaine s'est mise en place au tournant de notre ère, avec un port sur le lac de Morat, un forum, des temples, des thermes, de nombreuses demeures et sépultures, modestes ou somptueuses, ainsi qu'une imposante enceinte longue de 5,5 km dotée de 73 tours et de quatre entrées principales.

Brenodurum/Berne

L'oppidum helvète avait une superficie de 140 hectares ; les vestiges d'époque gallo-romaine comportent notamment des thermes et des sanctuaires.

Turicum/ Zurich

Des Celtes se sont installés sur les collines au moins au -I° siècle. Les vestiges appartiennent à la culture de La Tène, avec des constructions sur pilotis dont un sanctuaire. On a trouvé un « trésor » de 18 000 pièces celtiques datant d'environ -100.

Il existe ensuite un péage romain, fondé sans doute vers -15 pour les marchandises provenant d'Italie par voie fluviale. La ville gallo-romaine s'est étendue à partir de là.

Tenedo/Bad Zurzach

La région était habitée dès -3 000. L'agglomération celte de Tenedo est apparue vers -400. Pendant la période gallo-romaine, Tenedo est une base fortifiée et un point de passage important à proximité du camp de Vindonissa ( Windisch ).

Divoglanna/La Tène

Situé au nord du lac de Neuchâtel, ce site n'a été redécouvert qu'en 1857. Il appartient à la culture du second âge du fer ( 2° quart du -V° siècle/fin -I° siècle ). La présence d'un gisement riche de plusieurs milliers d'objets prouve qu'il a existé un lieu de culte comportant des offrandes et des sacrifices humains et animaux.

On y a retrouvé une quantité de vestiges : outils, armes, parures, éléments de harnais, garnitures de chars, anneaux, monnaies, ustensiles de toilette, quincaillerie, cloches... On a même retrouvé, en onze fragments, un sac en cuir ayant contenu des outils. On a également retrouvé les ossements d'environ quinze individus ; l'analyse de certains os atteste des violences ayant pu entraîner la mort.

Lousonna/Lausanne

Le site est occupé depuis l'époque néolithique, et idéalement situé sur la route du col du Grand-Saint-Bernard. La ville gallo-romaine sera implantée vers -15. Elle comptera 2 000 habitants sur 20 hectares, mais sera abandonnée au IV° siècle au profit de la Colline de la Cité.

La corporation des nautes ( « nautae lacus lemani » ) assurait, sur le lac, depuis le port, avec ses barques à fond plat, un intense commerce d'amphores de vin provenant des régions méditerranéennes et du Rhône, ainsi que d'olives, vers Genève, Yverdon et le bassin rhénan. Ils possédaient également des entrepôts sur le port, équipé d'un plan incliné maçonné pour l'accostage des barques.

Depuis 1930, les fouilles ont permis de dégager une maison ornée de fresques, un théâtre romain, un quartier d'habitations, des sépultures, un temple carré du III° siècle voué au culte de Rome et de l'empereur, ainsi que le forum avec la basilique et des boutiques dont l'une, transformée en école, appartenait à la confrérie corporative des nautes, constituée de riches bateliers, où ils se réunissaient.


Comme on peut le constater, la plupart des localités de cette époque, et pas seulement en Helvétie, ont connu un destin voisin. Souvent occupées depuis longtemps lorsqu'elles se trouvaient à un endroit stratégique pour la défense ou le commerce, elles se sont transformées progressivement, sous l'influence de Rome, après la conquête, que celle-ci soit guerrière ou pacifique, en villes gallo-romaines, toutes bâties plus ou moins selon le même plan. Avec quelques différences de détail dues à la topographie du lieu ou à des particularités culturelles locales, on retrouve à peu près partout les mêmes monuments : le forum avec sa basilique, un ou plusieurs temples, des thermes, des quartiers d'habitations ou consacrés à l'artisanat. Construire ou reconstruire sa ville selon le modèle romain était un signe de soumission au nouvel ordre établi. Vivre dans les « petites Rome » provinciales et y prospérer proclamait que l'on acceptait la « pax romana ».

Rome était unique et les autres grandes villes étaient rares, souvent lointaines. Villes et villages où se déroulait l'essentiel de la vie ne comptaient que quelques centaines ou quelques milliers d'habitants au mieux.Voyons maintenant plus en détail ce qu'étaient ces lieux et ce qu'on y faisait.


A L'OREE DE L'EPOQUE GALLO-ROMAINE

Villages et petites villes dans le monde gallo-romain

Les caractéristiques du village datent de la sédentarisation. « Première communauté formée de plusieurs familles pour des besoins qui débordent de la vie quotidienne » selon Aristote. Mais l'avènement des villes les ont déclassés.

De taille réduite, le village connaît une faible différenciation de l'architecture, bien que sa structure sociale ait ses riches et ses pauvres. Les activités économiques y sont peu diversifiées : agricole surtout, artisanale ou minière. En continuité, le village d'époque romaine se connaît par l'uniformité et l'absence de luxe des maisons, l'absence d'édifices publics et une voirie sommaire. Ces villages sont intégrés à une économie de marché, regroupant souvent les habitats autour de la « villa » du maître. Ce domaine privé est généralement le siège d'une exploitation agricole. Il peut aussi exister des villages spécialisés d'artisans, tels que potiers ou métallurgistes, ou de mineurs. Avec le temps, le village et la villa, celle-ci centre de gestion de l'économie domaniale, deviendront synonymes.

Dans les provinces de Gaule, Bretagne ou Germanie, la vaste superficie des cités nécessite la création d'un maillage urbain secondaire autour d'une ville capitale qui dirige la politique et l'administration locales. Le village se rapproche alors d'un modèle urbain, tel un chef-lieu auquel le pouvoir central a confié le contrôle d'un territoire plus restreint, division du précédent. Ce sera la vocation de ces villages, devenus petites villes ou agglomérations secondaires, jouant un rôle essentiel dans les réseaux socio-économiques.

La superficie moyenne de ces petites villes est de 20 hectares, variant de 10 hectares à 70 hectares. Leur développement urbain réclame un plan d'ensemble cohérent et la construction de monuments publics. Tous les sites présentent un réseau de rues qui s'organise en carroyage orthonormé, imposant des orientations divergentes aux quartiers d'habitations, et généralement basé sur le croisement classique entre un axe nord-sud ( cardo ) et un axe ouest-est ( décumanus ). Ces voies sont souvent bordées de portiques sur lesquels donnent ateliers et boutiques.

L'habitat reste modeste, mais il existe des « domus » de notables. Les monuments se limitent aux édifices de type gallo-romain, temples de tradition indigène, théâtre, arène, thermes. Ces bâtiments liés à la religion ou aux loisirs ne traduisent pas pour autant une autonomie municipale, plutôt réservée à la capitale locale. A noter qu'Alésia fut la seule agglomération connue dans cette catégorie à posséder un forum équipé d'une basilique et d'une curie, sans doute signe de l'accession à un statut supérieur.

Par rapport à un site, le rôle joué par les voies de communication terrestres et fluviales est important : croisement de routes d'intérêt local, rivière navigable franchie par un gué ou un pont sont des atouts supplémentaires. Tous s'inscrivent dans le réseau d'échanges entre le chef-lieu, les villes secondaires et l'espace rural.

Ces agglomérations prennent souvent la suite d'une occupation indigène antérieure, complétée par des créations romaines. Ainsi se constitue un réseau urbain hiérarchisé qui durera jusqu'à la fin de l'empire.


Agriculture, artisanat et commerce

Même si ces localités comportaient un artisanat, souvent important ( on connaît de nombreux cas d'exportation, parfois lointaine, comme pour certaines poteries ), leur activité principale restait l'agriculture. C'était d'ailleurs l'une des préoccupations essentielles des Romains. La terre est la source de richesses la plus importante, elle est aussi le fondement des relations sociales. C'est une réserve de valeur et l'élément de base des patrimoines des élites politiques et sociales.

Dans les provinces, les habitudes antérieures à l'arrivée des Romains, les conditions climatiques et les traditions sociales pèsent d'un grand poids même si la présence de Rome uniformise les situations, par exemple par l'installation des colonies attribuées à des vétérans, anciens soldats de l'armée romaine ( voir article suivant ). Certaines terres appartenant à Rome ou conquises par elle étaient divisées en lots et distribuées à des citoyens constituant ainsi une nouvelle cité : la colonie. Ces citoyens pouvaient être de quelques centaines à plusieurs milliers. Afin de distribuer ces lots de terre de manière égalitaire, Rome procédait à l'arpentage des domaines ( voir article suivant ).

Ces terres privées étaient gérées et cultivées par le propriétaire, ou données en fermage ou métayage. La main d'œuvre pouvait être constituée d'hommes libres, comme dans le cas du propriétaire exploitant, ou d'esclaves. La villa est une exploitation d'une certaine importance, généralement mise en valeur par des esclaves, mais la ferme de modestes dimensions est aussi très répandue.

Si on entend souvent parler de la viticulture et de l'oléiculture, parce qu'elles occasionnent les plus grands profits aux élites, les céréales sont cultivées partout. Le vin vient d'Italie et de Gaule, l'huile d'Italie et d'Afrique du nord, on trouve les deux en Hispanie ; le blé vient de Sicile, Sardaigne, Afrique du nord, et surtout d'Égypte. On sait quelle importance la ville de Rome attachait à son approvisionnement en blé, l'annone. Les cultures de légumineuses et l'élevage sont également présents partout. Pour ce dernier, on élevait des bovins et des porcs au nord, des moutons au sud, le cheval était présent partout et, à en croire des fouilleurs, nos ancêtres mangeaient aussi du chien. Et le goût des Celtes pour la cervoise et l'hydromel finit par donner naissance au... tonneau.

Les artisans fabriquaient des objets de luxe en bronze, des outils en fer et des armes, celles-ci d'excellente qualité, selon l'archéologue qui les a étudiées, mais qui observe que près de la moitié sont fabriquées en fer doux, ce qui laisse songeur sur l'efficacité de ce matériel face au redoutable « gladius » romain ; comme autres armes, les artisans celtes fabriquaient des javelots et des lances comportant un fer de 30 à 50 cm, ainsi que des épées longues à double tranchant avec un bout arrondi et un fourreau décoré. Le commerce était très actif, comme le prouve les nombreuses monnaies découvertes.


De soldat à vétéran

Le service cumulé est limité à six années consécutives pour un total de seize à vingt ans en discontinu, l'âge limite étant fixé à 46 ans. C'est une armée de professionnels, bien que théoriquement composée de citoyens combattants, à qui l'État fournit l'armement. Le réengagement est encouragé par les chefs qui préfèrent des combattants expérimentés. L'armée attire donc de nombreux volontaires qui y voient un moyen de gain et de promotion sociale. Les guerres civiles développent le clientélisme militaire autour de généraux rivaux qui récompensent leurs troupes démobilisées par des attributions de terres et des créations de colonies. La distribution du butin est aussi un avantage substantiel.

Néanmoins, les vétérans, dits aussi « emeriti » ou encore « missicii », restent relativement pauvres, même s'ils obtiennent leur congé honorable, « honesta missio ». Ils reçoivent seulement des terres au moment où ils quittent l'armée, au besoin prises aux vaincus : « missio agraria ». Parfois, les bénéficiaires les abandonnent pour retourner près de leur lieu de garnison. Puis, ils reçurent une somme d'argent : « missio nummaria », improprement appelée « retraite », car elle était versée en une seule fois.


Que mesuraient les arpenteurs ?

On voit ici des arpenteurs au service de Plancus, prêts à se mettre au travail. Ils connaîtront un triste sort, mais leur rôle était indispensable pour calculer au plus juste les attributions de terres.

Les mesures de longueur étaient basées sur l'unité du pied ( 29,6 cm ) qui faisait six palmes, c'est à dire seize doigts. Les multiples du pied étaient le pas ( 5 pieds = 1,478 m ), la perche ( 10 pieds = 2,956 ) et le mille ( 5 000 pieds = 1 478 m ). L'actus, surface d'un carré de 120 pieds de côté, correspondait à une demi-jugère. La jugère était la surface pouvant être labourée en une journée par un attelage de bœufs. La domination absolue du système romain ne s'accompagne pas de la disparition des mesures indigènes : en Gaule, puis en Germanie, la lieue et la resta se maintinrent, correspondant respectivement à 1,5 mille romain et à trois milles romains.

Le cube du pied équivalait à la capacité d'une amphore de 26,16 litres, subdivisée en trois boisseaux et 48 setiers. Le poids du vin ou de l'eau contenu dans une amphore était estimé à 80 livres de 327 grammes. La livre se divisait en douze onces de 27,28 grammes chacune, composée de 24 scrupules, dont le 1/6° était le silique.


Et la monnaie ?

A l'issue de la scène de la poursuite, des objets et des pièces d'or traînent un peu partout. Que valaient ces monnaies courantes ?

L'unité monétaire est l'as de bronze, divisé en douze onces, qui pesait à l'origine une livre romaine de 327 grammes. Au fil du temps, la réduction progressive du poids de l'as monétaire a conduit à une complète séparation entre le système pondéral et le système monétaire et l'as n'a plus pesé qu'une once. Il est alors remplacé par le sesterce, une pièce d'argent. Le denier d'argent est au cœur du système monétaire romain, d'abord tarifé à dix as, puis à seize as, il vaut toujours quatre sesterces. Des pièces d'or furent émises à partir de César : les « aurei » servirent à payer les grands travaux, les produits exotiques importés d'Orient et à rémunérer les hauts fonctionnaires.

Le droit de monnayage, à Rome est l'apanage de la Cité : le peuple, le Sénat et les magistrats, puis de l'Empereur. Sous la République, il est placé sous la responsabilité d'un collège de trois magistrats, les triumvirs monétaires, qui ont le droit d'apposer leur nom sur les pièces et l'utilisent souvent à la gloire de leur famille, puis pendant l'Empire, à la suite de la réforme d'Auguste, sous l'autorité du Prince, qui appose son effigie sur les pièces. L'atelier monétaire de Rome est installé sur le Capitole, dans les annexes du temple de Junon Moneta, la divinité de la mémoire ( du verbe « monere » ) d'où le nom de monnaie. Pour désigner la monnaie, les latins employaient le mot « aes » : le bronze.


LUCIUS MUNATIUS PLANCUS

Nous le rencontrons assez brièvement au début de l'histoire, mais on se doute qu'il s'agit d'un homme important dans le paysage politique romain puisqu'il est un intime de César. Il faut savoir que, au cours de cinq générations successives, cinq hommes ont porté la même « tria nomina » de père en fils. Les deux que nous voyons à l'oeuvre dans ce récit sont les numéros 4 et 5.

Plancus ( dont le « cognomen » signifie « pied-plat » ) est né en -87 à Tibur ( aujourd'hui : Tivoli ). On ne connaît pas sa jeunesse et on ne le trouve que comme officier durant la guerre des Gaules sous les ordres de César ; en -54, on sait seulement qu'il hiverne chez les Belges, puis chez les Carnutes. Pendant la guerre civile contre Pompée, après -49, il combat en Hispanie, puis en -47/-46 en Afrique, toujours avec César. En -45, il est préfet de Rome. Après la mort de César en -44, il prêche la paix civile.

En -43, il est désigné comme proconsul de Gaule. Craignant une révolte des légions installées en Gaule et restées fidèles à la mémoire de César après la mort de celui-ci, le Sénat lui ordonne de fixer les vétérans dans une colonie. Fondée au confluent du Rhône et de la Saône, ce sera Lugdunum. Abritant d'abord des constructions de terre et de bois, Lugdunum se dote dès -20 d'un vaste palais, d'égouts, de maisons à atrium, puis d'édifices plus importants comme la grande citerne de l'aqueduc de Gier ou le « sanctuaire de Cybèle » ; il en reste des peintures murales, des statues, de la vaisselle, des bijoux... La petite colonie primitive devient un centre économique, politique et religieux : c'est la capitale des Gaules. Plancus fonde également Augusta Raurica, aujourd'hui Augst et il est élu consul en -42.

Son attitude pendant la guerre civile est assez hésitante : sollicité par Antoine et par Cicéron, il met les cinq légions dont il dispose au service de la cause républicaine, puis il se réconcilie avec Antoine au détriment de Cicéron et des Républicains, qu'il contribue à vaincre. Partisan d'Antoine contre Octavien, il ne brille pas par son initiative dans la guerre qui s'ensuit, au point que les noms de traître et de couard lui sont attribués ! Les historiens modernes se contentent de souligner sa prudence et son attentisme...

Il suit néanmoins Antoine en Egypte. C'est lui qui arbitre le défi lancé à Antoine par Cléopâtre, pariant qu'elle consommera une fortune en un seul repas. Plancus la déclare victorieuse quand elle absorbe dans du vinaigre la perle d'une de ses boucles d'oreille et il la tient quitte de la seconde. Malgré la faveur d'Antoine et de Cléopâtre, Plancus fait défection en faveur d'Octavien en -32, par opportunisme ( il a sans doute senti le vent tourner... ) et parce qu'il a des doutes sur l'énergie d'Antoine à mener la lutte.

Sous Auguste, il devient l'un des hommes les plus importants de son principat et participe à la reconstruction de Rome, restaure à ses frais le temple de Saturne et devient censeur en -22. D'après Suétone, c'est Plancus qui suggère à Octavien de se faire appeler Auguste plutôt que Romulus. Son adversaire Asinius Pollion prépara des discours contre lui, qu'il ne comptait publier qu'après la mort de Plancus afin qu'il ne puisse répondre. Informé, Plancus répliqua : « Il n'y a que les vers qui fassent la guerre aux morts ».

Il meurt en -15 à Gaète, ville du Latium entre Rome et Naples, où on peut voir encore son imposant tombeau. C'était un bon orateur et un bon écrivain, même si les historiens antiques ont fait ressortir qu'il fut un traître et un courtisan, alors qu'il avait de réelles qualités militaires et politiques. Ce fut l'un des derniers nobles romains à avoir reçu un culte posthume. Une allée d'un parc de Lyon doit porter son nom.


LES ÂGES DE LA VIE A ROME

On voit dans le récit le jeune Lucius, fils du précédent, franchir une étape importante de son existence et se frotter à certaines réalités, avec plus ou moins de bonheur. Voyons comment cela s'inscrivait dans les institutions et le cours d'une vie.

Les Romains distinguaient cinq âges dans la vie :
INFANTIA : petite enfance, âge de l'acquisition du langage,
PUERITIA : l'enfance, à partir de sept ans,
ADULESCENTIA : jeunesse, âge de la croissance physique, à partir de 14 ou 15 ans,
IUVENTUS : force de l'âge, à partir de 25 ou 30 ans,
SENECTUS : vieillesse, à partir de 45 ou 50 ans.

Mais ces divisions, issues de spéculations philosophiques, étaient considérées comme artificielles et arbitraires.

Pour les hommes libres, appelés à la vie civique et militaire, un rite de passage existe à la puberté, vers 17 ans : quittant la toge bordée et la bulle d'or, le garçon participe à un sacrifice et sort en cortège au forum, lieu de la vie publique, vêtu de la toge unie du citoyen. Il devient alors apte à porter les armes et à voter aux assemblées, à accuser en justice, et, s'il est orphelin, sort du contrôle d'un tuteur. Toutefois, la loi Laetoria ( -191 ) permet d'accuser celui qui abuserait de l'inexpérience juridique d'un mineur de 25 ans.

Le système politique attribué au roi Servius Tullius distingue deux classes d'âge fondées sur l'aptitude militaire : les IUNIORES, hommes jeunes, de 17 à 46 ans, mobilisables, et les hommes âgés, SENIORES, qui ne l'étaient plus, mais on ne les déchargeait de toute obligation qu'à 60 ans. Cette décision se retrouve dans les unités de vote des comices, comportant un nombre égal de centuries de iuniores et de seniores. Le titre de sénateur rappelle que les Romains associaient chez les hommes vieillesse et réflexion.

Pour les femmes, moins impliquées dans la vie publique et dont le rôle social se limite au mariage et à la maternité, on ne distingue que la VIRGO ou PUELLA, petite fille ou jeune fille, et la femme adulte mariée : MULIER, MATRONE, MATER FAMILIAS, le passage étant marqué par le rituel du mariage entre douze et quinze ans, parfois avant la puberté, les unions aristocratiques pouvant être conclues encore plus tôt. A l'image de la vieille femme, l'antiféminisme romain associe le radotage.

Le jeune Lucius a donc 17 ans au début de l'histoire.


COMMENT EST RACONTEE L'HISTOIRE ?

Après une longue introduction ( il faut attendre la page 11 pour entrer en Helvétie et la page 15 pour voir un premier Helvète ), le véritable voyage d'Alix peut enfin commencer. Plutôt qu'une épopée, c'est à un voyage diplomatique que nous sommes conviés. Celui-ci n'est pas conçu comme un simple itinéraire au cours duquel Alix irait de ville en ville, ou d'oppidum en oppidum, proposer l'alliance romaine, remettre des cadeaux, recueillir l'assentiment des chefs et des druides et convenir qu'on se retrouvera au sanctuaire. Entre chaque étape, se déroulent d'autres épisodes plus agités qui complexifient la situation, laquelle sans cela, aurait été bien fade et quasiment dépourvue de suspense et de surprise. Il serait difficile de faire ressentir une dynamique d'un aussi long déplacement et ce procédé évite l'enlisement du récit car, à part le combat final contre les Germains, il y a peu de scènes d'action dans cette histoire. Mais c'était peut-être le but recherché, car le scénario semble plutôt privilégier les relations entre les personnages et les rapports de ceux-ci avec le contexte historique.

Une alliance, donc, et elle est clairement expliquée par César lui-même. Pendant que celui-ci ira guerroyer contre les Parthes, pour venger Crassus mais aussi pour tailler un nouvel espace oriental au profit de Rome et de sa personne, il faut protéger la Gaule et l'Italie des incursions germaniques. L'Helvétie et les Helvètes serviront de tampon, mais les Helvètes, sévèrement étrillés par Rome douze ans plus tôt, seront-ils des alliés fiables ? L'astuce est que l'alliance sera en quelque sorte conclue avec leurs dieux à qui sont destinés les cadeaux. Qui serait assez audacieux pour aller contre ou se dédire ? Tel est donc le thème de cette histoire.

Le dessin de Marc Jailloux est tout à fait digne d'éloge : il semble avoir atteint, ou peu s'en faut, la plénitude de son talent. Ses personnages sont élégants, dignes et gracieux, même ceux qui ne sont pas sympathiques, et ils le restent dans les scènes d'action, sans nervosité exagérée. Enfin, les couleurs suaves de Jean-Jacques Chagnaud donnent une ambiance tout à fait particulières à ces images à ces images, notamment les scènes de nature.

Un petit détail du dialogue m'a intrigué, voulu ou pas : page 7, à la dernière image, César parle d'Alix et d'Audania comme d'un « jeune couple gaulois ». Que faut-il entendre par là ? Ce ne seront pour leurs interlocuteurs Helvètes que des compagnons de voyage, mais il est tout de même étonnant que l'on n'ait pas encore pensé, depuis le temps qu'Alix est à Rome, à projeter pour lui, comme cela se faisait à l'époque, une alliance matrimoniale avantageuse... Peut-être n'est-il pas motivé : on ne le voit guère empressé auprès d'Audania et on sait qu'il a ses sentiments ailleurs...


LES PERSONNAGES

Alix : une fois de plus, il est partant, car il s'agit d'une mission ayant la paix pour objectif, ce qui est tout à fait dans son caractère et son souci habituel. Face à la menace germanique, la paix et la sécurité ne seraient plus garanties en cas d'échec ou de réussite mitigée. On le voit donc mettre en œuvre avec succès des qualités de diplomatie et de pondération qui n'étonnent plus chez lui. Au guerrier que l'on a parfois rencontré s'est substitué un homme de discussion qui cherche à faire partager ses convictions, même si on peut parfois émettre des doutes à leur sujet, comme à tout ce qui touche la politique romaine en général et césarienne en particulier.

Enak : dans cette histoire, au contraire de l'album précédent, son rôle est réduit à faire de la figuration, peu de dialogue et pas d'action significative, à part une brève prise de bec avec Lucius. C'est pourtant un personnage qui a de réelles possibilités et qui mérite mieux.

Et, par ordre d'entrée en scène :

César : comme bien souvent, il n'intervient qu'au début de l'histoire pour ordonner les grandes lignes de la mission d'Alix, à qui il laisse néanmoins une certaine marge de manœuvre. Ses projets orientaux ne verront jamais le jour, pour cause d'assassinat deux ans plus tard ; Marc Antoine les reprendra sans succès, et il faudra attendre Trajan pour fixer sur l'Euphrate la frontière avec les Parthes. En attendant, c'est plus près de chez lui qu'il lui faut consolider ses acquis de la guerre des Gaules, avec un mélange de menace et de confiance qu'il conviendra pour Alix de savoir doser avec « estime et respect » devant des dieux qui n'en demandaient sans doute pas tant.

Lucius Munatius Plancus senior : ( voir sa biographie plus haut ) Cet ancien officier est dépeint comme un administrateur efficace et un homme de dialogue, ce qu'il était sans doute dans la réalité. De ce qu'on connaît de lui, il n'y a aucune raison d'en douter.

Lucius Munatius Plancus junior : ( voir l'article « Les âges de la vie » ) On peut comprendre que son entrée toute fraîche dans la vie d'adulte, une étape importante pour un jeune noble romain, lui soit montée à la tête. Le voilà lâché dans la nature et à peu près libre de faire ce qu'il veut, ce qui lui entraînera de sérieuses déconvenues ( pas trop graves avec Audania, beaucoup plus avec les Germains ) dont il se tirera à grand peine, et avec de l'aide. On notera qu'Alix n'est pour rien dans ces inconvénients et qu'il ne semble pas trop se soucier de son sort. Le changement de caractère du jeune homme, sous l'influence des événements dramatiques qu'il a vécu, ne me paraît pas trop vraisemblable compte tenu de ce qu'on sait des aristocrates romains, mais admettons-le pour l'efficacité du récit.

Lydia : elle ne fait que passer pour morigéner Lucius : on ne touche pas à Alix ! On sent que celui-ci se serait bien passé de cette altercation.

Octave : lui aussi ne fait que passer, pour s'inquiéter des possibles relations entre Alix et Lydia. On sait que celle-ci aura d'autres engagements – César y a veillé – mais son frère ne veut pas qu'il puisse y avoir de confusion.

Audania : C'est le personnage épisodique le plus intéressant de cette histoire. On comprend à demi-mot qu'elle à vécu à Rome, dans l'entourage de César, une sorte de situation de pupille, à moins que ce soit d'otage non avouée, après l'étonnante disparition de son père Diviciacos. Il y avait certainement d'autres moyens de la mettre en sécurité, sans qu'elle soit obligée de quitter son pays. Quoi qu'il en soit, par reconnaissance envers César, et parce que sa famille a quelques liens avec les Helvètes, elle participe à la mission d'Alix, pour servir d'intermédiaire et de caution celte aux négociations avec les chefs, ce qu'elle accomplit avec brio. Ses relations orageuses avec Lucius et Senaca montrent sa forte personnalité. Dommage qu'elle nous quitte – et qu'elle quitte Alix – pour retourner chez elle ; la reverra-t-on ?

Nero : ( voir l'article sur les mesures ) Le consciencieux arpenteur de Plancus et ses deux collègues ne font qu'entrer dans l'histoire pour en sortir aussitôt sous les coups fatals des Germains.

Valentus : ( voir l'article consacré aux vétérans ) L'ancien centurion, désormais retraité, est un personnage pittoresque qui reste dévoué à la cause romaine et à son patron, Plancus, tout en espérant un meilleur sort dans sa nouvelle colonie pour lui et sa petite famille.

Camilos : le jeune guerrier helvète est un personnage dévoué et efficace, conscient que l'avenir est dans l'alliance romaine et qui cherche à convaincre les autres chefs de la justesse de son point de vue. Alix n'a qu'à se louer de sa collaboration.

Scotio : le père de Camilos, vieux guerrier et chef respecté, est lui aussi à l'origine de l'alliance entre les Helvètes et les Romains. Il rebâtit sa ville, Aventicum, pour en faire une composition entre cité romaine et ville celte, preuve de la confiance qu'il accorde à cette nouvelle amitié succédant à d'âpres combats. Son nom est une référence pour les autres chefs, prêts à le suivre.

Senaca : la « méchante » de l'histoire. Il est vrai qu'en tant que fille d'Orgétorix et veuve de Dumnorix, elle a un sérieux contentieux avec les Romains et leurs alliés Celtes et Helvètes : elle ne se réfère au sort mystérieux de Diviciacos, qui a fait échouer le complot des deux précédents, que pour essayer de convaincre Audania de la suivre, en vain. Pourtant, elle ne se tient pas à l'écart des autres chefs, dont elle fait partie, ni de leurs festivités. Cela ne l'empêche pas de se manifester par des propos acrimonieux. Elle ira jusqu'à une alliance douteuse avec les Germains de Segomer et fera tout pour faire capoter le dernier sacrifice offert par Alix aux dieux helvètes après avoir tenté de faire massacrer sa mission. Cela ne lui portera pas chance et elle finira maladroitement grillée pour avoir voulu trop s'opposer... La précédente « méchante » des mêmes auteurs ( dans « Le serment du gladiateur » ) avait fini gelée ; qu'arrivera-t-il à la prochaine ?

Ombios : batelier de l'Arurius. C'est un bon commerçant.

Segomer : chef germain, complice de Senaca, avide de richesse et d'espace vital. A voir ses résultats, il n'est peut-être pas si bon guerrier – il est défait et capturé par le jeune Camilos – ni si bon stratège que ça.

Ambiatix : chef helvète de la forteresse d'Ambedunon. Décrit comme « revêche » - et on le comprend compte tenu du passé – il devient nettement plus compréhensif envers l'alliance romaine grâce aux cadeaux d'Alix et à la conversation d'Audania.

Connorigos : chef helvète de Turicum. Apparemment grand amateur de beaux chevaux. Il rejoint l'alliance romaine sans états d'âme et fait même passer le mot à ses voisins.

Carerdo : chef helvète de Tenedo. Vieil ami et compagnon d'armes de Scotio, lui aussi rejoint l'alliance romaine. Il ne craint pas les Germains et participe efficacement avec ses hommes à l'élimination de la troupe de Segomer après bien d'autres envahisseurs.

Vanir : paysan helvète, homme de paix et sauveur de Lucius.

Lousonna : fille de Valentus. Est-elle la future fondatrice de Lausanne ?

Ils ne sont pas là, mais on parle beaucoup d'eux :

Diviciacos : ( ou Diviciac ) selon César, il était druide, et, plus sûrement, chef des Eduens et allié de Rome. Il est vrai qu'on ne connaît pas son destin, ce qui permet d'imaginer une disparition mystérieuse. On comprend que sa fille Audania, qui ne croit pas que César soit en cause, cherche à savoir ce qu'il en fut réellement.

Dumnorix : frère cadet de Diviciacos et son adversaire politique. Pour le garder à l'oeil, car il n'avait pas confiance en lui, César lui confia une unité de cavalerie, mais à l'époque de l'invasion de la Bretagne, il fit défection et fut exécuté. Cela explique les sentiments de son épouse Senaca.

Orgétorix : cet ambitieux chef helvète et père de Senaca fut à l'origine du projet de migration de son peuple vers le pays des Santons, mais il était décédé au moment de sa réalisation.

Et les animaux ?

Ils jouent rarement un rôle important dans les aventures d'Alix ( sauf un certain loup ), mais ils ont leur part cette fois-ci.

Balios : le beau cheval d'Alix, cadeau de César pour renforcer son prestige auprès des Helvètes, le sert fidèlement tout au long de sa mission et lui sauve même la vie dans un combat difficile. Il peut paraître injuste qu'il soit sacrifié par son maître, mais le succès de la mission passe avant tout, y compris le sentiment de reconnaissance.

Rufio : le brave chien de Vanir sauve Lucius. Au moment de son apparition, on aurait pu le prendre pour un tout autre animal...


CONCLUSION

Une histoire convaincante sans être spectaculaire : le spectacle est dans les merveilleux décors du pays helvète, minutieusement reconstitués. Le récit alterne quelques scènes d'action avec les descriptions des relations amicales ou conflictuelles entre les personnages, mais sans grands effets. Au total, une aventure trop sage à qui il manque un petit grain de folie pour être tout à fait réussie.


Sources : le « Dictionnaire de l'Antiquité » de Jean Leclant ( PUF ) a été la base de ma documentation, avec les revues « L'Histoire », « Cahiers de Science et Vie » et un soupçon de Wikipédia. J'ai aussi consulté le « Voyage d'Alix » sur l'Helvétie et « Les guerres romaines » de Yann Le Bohec ( Tallandier, 2014 et 2017 ).


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Lion de Lisbonne aime ce message

149Alix 38 Les Helvètes - Page 6 Empty Re: Alix 38 Les Helvètes Ven 1 Jan - 11:17

Jacky-Charles


docteur honoris causa
docteur honoris causa

Comme j'en ai pris l'habitude les années précédentes, je vous envoie, en guise d'étrennes, les analyses des albums d'Alix que je viens de terminer.

Bonne lecture et bonne année 2021 !

150Alix 38 Les Helvètes - Page 6 Empty Re: Alix 38 Les Helvètes Ven 1 Jan - 11:40

eleanore-clo

eleanore-clo
vieux sage
vieux sage

Magnifique cadeau pour débuter 2021. Merci Jacky-Charles Very Happy cheers pouce

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