Critique retrouvée en faisant le ménage sur mon dd.
Lecture plaisante : le scénario, sans être transcendant, est rythmé, propose de l’aventure sous divers horizons… Je trouve les personnages de Pâques de plus en plus convaincants. Les couleurs sont bonnes. Les décors aussi. Certes quelques progrès restent à faire, mais le dessin de Pâques, je pense, a franchi un nouveau palier dans la quête de sa maturité. Cela augure donc bien pour la suite de la série… à condition bien sûr que le rythme de publication devienne un peu plus soutenu. Bravo donc aux auteurs.
Un bémol : je trouve la mentalité anachronique de Loïs agaçante. Je note bien que cette mentalité, très décalée, est pleinement assumée par les auteurs (cf l’entretien de Stéphane). Je peux comprendre en partie ces derniers dans la mesure où il s’agit en théorie d’une publication pour la jeunesse. Ceci dit, l’approche d’un sujet « sensible » comme la Traite des noirs aurait pu être plus subtile, car ici on est bien en face d’une certaine représentation caricaturale. On a d’un côté le tout blanc (Loïs), un personnage chronologiquement déphasé qui dégouline de bons sentiments anachroniques (le sommet étant atteint dans les dernières planches). Ce décalage mental donne parfois au héros un profil de garçon assez naïf, pour ne pas employer un autre mot. De l’autre, on a le tout noir, c'est-à-dire le grand méchant, ce Morsan, trafiquant négrier, forcément une crapule… En oubliant que la plupart de ces négriers étaient des bourgeois tout ce qu’il y a de plus respectables. Donc le fait de ne pas avoir voulu assumer pleinement la contextualisation du scénario et du héros aboutit à cette dichotomie Loïs/Morsan qui au final donne une image assez caricaturale et simpliste de la Traite. Dommage, même si encore une fois je peux comprendre le dilemme des auteurs.
Autrement quelques petites remarques :
p.3 : dans le langage courant du XVIIe siècle, on n’utilise pas le terme de « monarque » pour désigner le Roi de France.
p.9 : rue trop propre ! Cela vaut également pour les pages suivantes. Une rue de cette époque est d’une saleté que nos esprits hygiénistes d’aujourd’hui peinent manifestement à représenter… Il faudrait ajouter de la paille, de la boue et toutes sortes d’immondices…
p.12 : le navire de Morsan, digne de la marine royale, ne m’apparaît pas comme étant ce qu’il y a de plus crédible pour faire office de négrier.
p.15 : on n’embarquait pas "à vide" pour la Traite mais avec des cargaisons destinées au troc avec les chefs tribaux. L’expression « caraïbes » est inadéquate : on disait plutôt « les isles », « les isles d’Amérique » ou « l’Amérique »…
p. 22 : quand on sait que l’esclave noir est un produit de luxe, que la rentabilité d’un voyage à la traite, onéreux et risqué, repose tout entière sur la quantité et la qualité de la cargaison, il est difficile de concevoir que l’on puisse jeter par-dessus bord une partie de la dite cargaison pour « alléger » le navire. Un capitaine préférerait sans nul doute jeter à la mer une partie de son artillerie plutôt que ses esclaves, ce qui serait d’ailleurs autrement plus efficace… Bien sûr, on peut contre-argumenter en disant que le « capitaine », ici, est un connard fini…
p.27 d’abord il faut saluer le fait que les auteurs aient bien montré la complicité des noirs eux-mêmes dans ce trafic d’esclaves. Par contre, je ne vois pas un chef tribal alimenter le trafic en ponctionnant dans ses propres sujets, à moins qu’il ait quelques envies suicidaires. Les chefs tribaux alimentaient le trafic par des captifs issus des guerres inter-tribales, qui ne manquaient pas.
Voilà, en dehors de ces quelques pinaillages, je trouve cet album réussi et j’attends impatiemment la suite.
Lecture plaisante : le scénario, sans être transcendant, est rythmé, propose de l’aventure sous divers horizons… Je trouve les personnages de Pâques de plus en plus convaincants. Les couleurs sont bonnes. Les décors aussi. Certes quelques progrès restent à faire, mais le dessin de Pâques, je pense, a franchi un nouveau palier dans la quête de sa maturité. Cela augure donc bien pour la suite de la série… à condition bien sûr que le rythme de publication devienne un peu plus soutenu. Bravo donc aux auteurs.
Un bémol : je trouve la mentalité anachronique de Loïs agaçante. Je note bien que cette mentalité, très décalée, est pleinement assumée par les auteurs (cf l’entretien de Stéphane). Je peux comprendre en partie ces derniers dans la mesure où il s’agit en théorie d’une publication pour la jeunesse. Ceci dit, l’approche d’un sujet « sensible » comme la Traite des noirs aurait pu être plus subtile, car ici on est bien en face d’une certaine représentation caricaturale. On a d’un côté le tout blanc (Loïs), un personnage chronologiquement déphasé qui dégouline de bons sentiments anachroniques (le sommet étant atteint dans les dernières planches). Ce décalage mental donne parfois au héros un profil de garçon assez naïf, pour ne pas employer un autre mot. De l’autre, on a le tout noir, c'est-à-dire le grand méchant, ce Morsan, trafiquant négrier, forcément une crapule… En oubliant que la plupart de ces négriers étaient des bourgeois tout ce qu’il y a de plus respectables. Donc le fait de ne pas avoir voulu assumer pleinement la contextualisation du scénario et du héros aboutit à cette dichotomie Loïs/Morsan qui au final donne une image assez caricaturale et simpliste de la Traite. Dommage, même si encore une fois je peux comprendre le dilemme des auteurs.
Autrement quelques petites remarques :
p.3 : dans le langage courant du XVIIe siècle, on n’utilise pas le terme de « monarque » pour désigner le Roi de France.
p.9 : rue trop propre ! Cela vaut également pour les pages suivantes. Une rue de cette époque est d’une saleté que nos esprits hygiénistes d’aujourd’hui peinent manifestement à représenter… Il faudrait ajouter de la paille, de la boue et toutes sortes d’immondices…
p.12 : le navire de Morsan, digne de la marine royale, ne m’apparaît pas comme étant ce qu’il y a de plus crédible pour faire office de négrier.
p.15 : on n’embarquait pas "à vide" pour la Traite mais avec des cargaisons destinées au troc avec les chefs tribaux. L’expression « caraïbes » est inadéquate : on disait plutôt « les isles », « les isles d’Amérique » ou « l’Amérique »…
p. 22 : quand on sait que l’esclave noir est un produit de luxe, que la rentabilité d’un voyage à la traite, onéreux et risqué, repose tout entière sur la quantité et la qualité de la cargaison, il est difficile de concevoir que l’on puisse jeter par-dessus bord une partie de la dite cargaison pour « alléger » le navire. Un capitaine préférerait sans nul doute jeter à la mer une partie de son artillerie plutôt que ses esclaves, ce qui serait d’ailleurs autrement plus efficace… Bien sûr, on peut contre-argumenter en disant que le « capitaine », ici, est un connard fini…
p.27 d’abord il faut saluer le fait que les auteurs aient bien montré la complicité des noirs eux-mêmes dans ce trafic d’esclaves. Par contre, je ne vois pas un chef tribal alimenter le trafic en ponctionnant dans ses propres sujets, à moins qu’il ait quelques envies suicidaires. Les chefs tribaux alimentaient le trafic par des captifs issus des guerres inter-tribales, qui ne manquaient pas.
Voilà, en dehors de ces quelques pinaillages, je trouve cet album réussi et j’attends impatiemment la suite.