Très agréable album contextualisant la crise de Cuba (chute de Batista, avènement de Fidel Castro…). A la différence des aventures d’Alix ou d’Orion, je puis lire Lefranc sans mes fiches gréco-romaines, quoique… L’évocation de l’Atlantide implique toujours un patchwork d’artefacts de civilisations dont l’Atlantide serait le socle commun. Alors, OK pour la juxtaposition de l’appareil cyclopéen (Mycènes) avec une pyramide à degré dans le style de celle de Djoser à Saqqarah, ou cette statuette mélangeant des caractéristiques minoennes (déesse aux serpents) avec une tête d’Astarté phénicienne. Mais j’ai été surpris d’y voir également des éléments de la Grèce classique (colonnades, tête barbue d’un Zeus ou Poséidon). Enfin, c’est sans doute moins grave qu’un « Constellation » inapproprié…
Et puis j’ai l’habitude, dans les péplums mythologiques, de voir s’interpénétrer des éléments mycéniens-minoens (1700-1200) avec des références grecques des Ve-IIIe s. Il est vrai que si ces sujets semblent référer à des civilisations de l’Age du bronze (Tyrinthe, Troie, Cnossos) les récits nous sont connus principalement par Homère (VIIe s. ?) et les textes postérieurs de la Grèce classique etc. On a le même problème avec le roi Arthur et la Table ronde qui vécurent semble-t-il au Ve s., mais qui sont le plus souvent campés dans des costumes évoquant les XIIe-XVe s., période où furent composées les principales compilations du Cycle Breton (Geoffrey de Monmouth, Thomas Malory etc.).
En arrière-plan de l’Atlantide de Régric et Roger Seiter on sent l’influence du site de Bimini (Wikipedia rappelle que c’est-là que fut péché un marlin de 250 kg qui aurait inspiré à Hemingway son
Vieil Homme et la Mer ! La boucle est donc bouclée…).
On peut lire dans WIKI, auquel je dois bien me référer puisque la plus grosse partie de ma bibliothèque est toujours dans ses cartons :
« Entre 1939 et 1940, le médium américain Edgar Cayce, dans une prédiction très détaillée, a affirmé que des restes de l'Atlantide seraient trouvés en1968 ou en 1969 devant les côtes des îles Bimini. En septembre 1968, des blocs de pierre alignés sur huit cents mètres, appelés la route de Bimini (Bimini Road), sont découverts au large de Paradise Point à North Bimini.
Après dix expéditions sous-marines, commencées en 1974, l'historien David Zink a acquis la conviction que ces pierres sont des mégalithes érigés par l'homme.
Les archéologues William Donato et Greg Little sont eux, convaincus après deux expéditions, que ces pierres ont fait partie d'une culture aujourd'hui disparue.
Il existe néanmoins une théorie expliquant cette "route" comme formation géologique naturelle : le géologue Eugene Shinn de l'Institut de surveillance géologique des États-Unis à Miami a analysé en détail la « route » et a conclu qu'il s'agissait d'une couche calcaire rocheuse faillée, initialement déposée dans la zone intertidale (entre marées basses et hautes) le long d'anciennes lignes de rivage, phénomène appelé tesselated pavement,
ou plage de sol induré. »Ajoutons seulement que le site des Bimini est aussi en relation avec la mythique Fontaine de Jouvence recherchée par Ponce de Leon.
Comme personne ne retrouvera jamais l’Atlantide, ce genre de récit d’aventure doit inévitablement se conclure par un cataclysme. Ce qui arrivera encore une fois. Mais j’ai été tellement captivé par cet album, que ce coup-ci je ne l’avais pas vu venir. Je me fais vieux, sans doute…