Il y a plusieurs années que je n'ai pas relu cette série. Je m'étais promis de le faire une fois, d'autant plus que l'ai découverte par petites tranches, et il me faudrait maintenant la revoir dans son ensemble pour bien en juger.
Il est clair que les deux auteurs de
Giacomo C. font un travail excellent. Jean Dufaux a écrit les scénarios de plusieurs passionnantes séries historiques (
Murena en particulier) et sa réputation n'est plus à faire. Je ne suis pas un grand admirateur de Griffo mais il faut avouer que son travail sur
Giacomo C. est remarquable. J'ai lu jadis qu'il a dessiné cette série sans avoir visité Venise ...
... mais cela ne se remarque pas. Sa documentation est certainement très solide et on retrouve dans ses images une influence manifeste de Canaletto. Ces emprunts me semblent légitimes pour une BD qui se veut historique, et ils donnent même une couleur assez authentique à la série.
On pourrait parler aussi des
Mémoires de
Casanova qui semblent être la principale source d'inspiration de la série.
Giacomo C. ne concerne bien sûr que la jeunesse du personnage (la BD se termine d'ailleurs avec le départ en exil de Giacomo) et je ne sais pas si Dufaux a utilisé des péripéties racontée dans cette oeuvre, que je connais finalement assez mal. Je n'ai lu en effet que des extraits de ces
Mémoires et ils ne m'ont pas enthousiasmé car, il faut bien le dire, on y trouve une telle accumulation d'exploits sexuels et d'événements rocambolesques qu'il est bien difficile de ne pas y voir de la vantardise. L'oeuvre contient beaucoup de passages très salaces qui ont fait autrefois le régal des bibliophiles et qui expliquent pourquoi ce livre a longtemps été censuré. Certains critiques comme Sollers placent ces mémoires (écrites en français) au même rang que les autres chef d'oeuvres de la littérature française et c'est une opinion que je suis loin de partager.
Ce qui me plait dans
Giacomo C, c'est non seulement le sérieux de la reconstitution historique, mais aussi la constatation que l'ensemble est intelligemment construit. Les faits sont bien situés dans le temps et le personnage évolue au cours de ses aventures. Au début, il n'est qu'un jeune vénitien séducteur et parfois naïf, mais on devine vers la fin de la série pourquoi il devient ce aventurier cynique et apatride qui va parcourir l'Europe et terminer ses jours en France.
Giacomo C est bien sûr une fiction, mais il cherche tout de même à reconter la jeunesse de Casanova, et les idées de Dufaux sont intéressantes.