JYB a écrit:(1)Oui, j'avais remarqué ça aussi, et ça pourrait expliquer que JMC ait fini par laisser tomber ces deux séries à cause du manque financier. Mais je dis bien : "pourrait", car je n'en suis pas sûr. D'une part parce que JMC faisait tout un tas de travaux qui, par la force des choses, n'étaient pas payés au même tarif selon l'organe publicateur, or ça ne l'empêchait pas de bosser pour d'autres supports que Pilote. Par ailleurs, comme je l'ai dit plus haut, il est possible aussi que l'abandon de ces séries par Charlier vienne du fait qu'elles n'étaient pas prévues en albums (donc, moins valorisantes et rapportant moins de fric), ou qu'elle vienne, pourquoi pas, de l'arrivée de Goscinny au poste de directeur du magazine Pilote, qui a voulu faire le ménage et laisser tomber des BD réalistes moins intéressantes que d'autres (d'où l'arrivée d'auteurs mis en valeur par Goscinny : les Fred, Reiser, etc ; il leur fallait bien de la place dans le magazine Pilote pour publier leurs planches de BD à eux).Ethan a écrit:Petite question au grand spécialiste de l'oeuvre de JMC que tu es.
Pour les deux séries que tu cites, est-ce qu'il ne les aurait pas arrêtées pour des raisons financières ?
Dans le bouquin de Ratier, on a une fiche de paie de Dargaud de 1963 où on peut remarquer que pour Le Gall et Lebleu, JMC touche 100 fr la page, alors que pour T & L et Barbe Rouge, c'est 150 fr la page, à quoi est-du cette différence ?
Possible aussi que - dans le cas de Lebleu tout au moins - ce soit Poïvet le dessinateur qui ait stoppé la série ; je sais que Poïvet ne se passionnait pas trop pour les aventures de Guy Lebleu, avec, dans les deux dernières histoires, des histoires de disparition de camions sur les routes de France, ou de disparition de 15 milliards de diamants - même s'il disait apprécier de bosser avec le grand scénariste qu'était Charlier. En tout cas il semble que Poïvet préférait les Pionniers de l'Espérance dans Vaillant où, paraît-il, les auteurs étaient très bien payés (mieux qu'à Pilote ? Ca expliquerait encore mieux l'arrêt de Poïvet sur Lebleu).
Je vois aussi que la page des jeux (écrite par JMC encore) était payée le même prix que la page de scénario de Le Gall ou Lebleu (100 francs de l'époque) ; or, faire des jeux, c'était aussi des complications (imagination, temps passé) et ce n'était pas non plus édité en album, mais ça n'empêchait pas Charlier d'en écrire (Charlier a de tout temps rédigé des pages de jeux, que ce soit dans Spirou, Pistolin, etc dans les années 50, dans Pilote, Record, etc dans les années 60 ; remarque, je n'ai pas fait de comparaison, mais peut-être que d'un journal à l'autre, d'une période à l'autre, il recyclait les mêmes jeux, de sorte que cela ne lui prenait peut-être autant de temps que ça... A voir).
Quant au prix de 150 francs la page de Tanguy ou d Barbe-Rouge, peut-être incluait-elle aussi une avance sur les droits des albums à venir.
Je précise aussi que Charlier gagnait en plus un salaire fixe de co-rédacteur en chef. Et s'il faisait autant de choses en même temps, c'était peut-être pour gagner encore plus, mais aussi parce qu'il était un véritable créateur d'une part, très prolixe d'autre part.(2)Mais jusqu'à sa mort, Charlier est resté de nationalité belge. Sa voiture était d'ailleurs immatriculée en Belgique (il disait que comme ça, quand il se garait mal dans Paris, les flics n'osaient pas le verbaliser à cause de la complication que cela induirait, administrativement ; ce qui ne veut pas dire que c'est la seule ou la principale raison qui le poussait à conserver la nationalité belge...). En revanche, quand ses parents sont morts, je ne sais pas où il se domiciliait en Belgique. Il avait aussi deux soeurs qui étaient en Belgique.Ethan a écrit:Et pourquoi son adresse est toujours celle de ses parents à Liège alors qu'il habite à Paris depuis 10 ans ?
Merci pour ton explication.
(1)En effet, j'avais oublié de signaler que pour les jeux, il percevait également un salaire de 100 fr par page, et je pense comme toi qu'il devait certainement recycler ceux notamment de la période Spirou.
Par contre, sur quoi se basait-on pour savoir qu'une série serait payée 150 fr et une autre 100 fr, peut-être comme tu le dis, une avance sur les droits des albums, bien qu'à l'époque, ces derniers ne représentaient aucune valeur pour un éditeur, il considérait ça plutôt comme un cadeau envers leurs auteurs.
Je n'ai jamais compris pourquoi Dargaud n'a jamais sorti les albums de Le Gall, car JMC, et ce n'est que mon avis, a réalisé ses meilleurs scénarii pour cette dernière (notamment le secret des templiers).
Moi, j'avais lu le contraire au sujet des émoluments des auteurs de chez Vaillant.
(2) ça devait être pour une raison fiscale, le franc français connaissait jusqu'à cette période des dévaluations constantes, et on peut supposer qu'il y gagnait au niveau du taux de change ?