Le dernier album de David B s'intitule
Nick Carter et André Breton, une enquête surréaliste, et ce livre est un véritable régal.
il y a probablement plusieurs manières de lire ce livre, mais la plus simple est certainement de l'aborder comme une nouvelle aventure de Nick Carter. Ce personnage policier est surtout connu des lecteurs américains, mais il n'est pas nécessaire au fond de connaître ses enquêtes antérieures pour apprécier cet album. Tout commence en effet en 1931, lorsque André Breton engage un inspecteur privé pour élucider un problème de vol. Et Nick Carter va mener cette enquête pendant des années, en fait pendant toute la vie du chef du mouvement surréaliste, en affrontant sans cesse de multiples péripéties et événements mystérieux.
Et devant la longue durée de cette enquête, on peut d'emblée imaginer une deuxième lecture. L'album raconte en effet très simplement la vie d'André Breton lui-même, d'une façon partielle, bien sûr, mais non sans un certain un certain humour. Sous cet aspect, le livre devient un jeu littéraire ironique et les illustrations oniriques de David B sont un nouveau jeu avec le subconscient, voir même parfois le commentaire personnel de certains thèmes surréalistes.
Et puis bien sûr, comme David B est un auteur qui intériorise tout ce qu'il raconte, on peut encore aborder cet opus comme une nouvelle variation de l'auteur autour de ses thèmes favoris qui sont (entre autres) la transcription continuelle de ses rêves, une fascination pour les livres, l'affrontement de la mort et une omniprésence des vieux mythes. La noirceur et la complexité de ses images de David B contiennent tout cela à la fois, et soulignent aussi sa proximité avec certaines errances surréalistes.
J'ai parlé "d'un régal" en évoquant cette lecture, car l'album associe assez ingénument une trame qui est facile à suivre (la vie d'André Breton) avec la densité d'un chaos imaginaire qui lui sert de décor. On peut donc lire (et relire) ce livre de différentes façons, sans difficulté et avec un plaisir renouvellé.
David B est depuis longtemps un grand classique.