Et vlan ! Encore un nouvel album de Joann Sfar !
Comme cette BD a l'ambition d'être un hommage à l'art de Salvador Dali, le thème a d'emblée aiguisé ma curiosité. En fait, rien auparavant ne m'avait conduit à penser que le peintre mégalomane était un des maîtres à penser de Joann Sfar (c'est ce qu'il affirme dans sa préface) mais ... l'auteur parle au fond tellement souvent de lui-même ... que cette hypothèse en devient finalement très crédible.
Comme personnage principal, on retrouve à nouveau un peintre (Seabearstein) qui ressemble étrangement au héros de "Tu n'as rien à craindre de moi". Il est entouré de jeunes femmes élégantes et gracieuses, qui sont le plus souvent nues et qui ne craignent pas d'exhiber des poses érotiques.
La vedette de cette histoire est toutefois Salvador Dali, dont le corps cryogénisé (gisant dans les sous-sols du "centre dalinien") permet aux fans d'espérer une éventuelle résurrection prochaine. Seabearstein (de même que les belles dames qui l'entourent) n'en a toutefois cure, et il préfère passer son temps à recréer graphiquement les délires du peintre catalan.
Ces hommages graphiques sont certainement l'aspect le plus plaisant du livre. C'est ainsi que l'on retrouve périodiquement, entre deux conversations badines ou anodines, des images surréalistes fulgurantes qui démontrent l'intérêt réel de Sfar pour le grand peintre.
Comme d'habitude, le dessin de Sfar garde l'apparence d'un premier jet que l'auteur se refuse à corriger. Certaines trouvailles sont parfois assez heureuses, tandis que d'autres pages bien surchargées auraient peut être mérité quelques repentirs.
A côté de cet hommage à Dali, les personnages babillent beaucoup, hélas, comme bien souvent dans les œuvres de Sfar. Et malheureusement, l'intrigue se dilue lentement au milieu de ces bavardages. Il faut bien avouer que la fin du livre m'a parue un peu longue, et que ma patience a été mise à rude épreuve, mais le but était au fond de rendre hommage à Salvador Dali, et pas de dessiner un chef d'oeuvre.
Un bavardage ne constitue par un scénario, serait-on tenté de dire, mais une BD n'est pas nécessairement un scénario, pourrait répondre Joann Sfar.
Ce livre est en tout cas une aimable parenthèse dans la carrière de l'auteur.