Dans ses interviews, Jacques Martin a souvent avoué sa fascination pour La Grèce. Les histoires d'Alix situées dans ce pays appartiennent à ses meilleures créations. L'Enfant Grec est un album qu'il a médité pendant plusieurs années. Il parlait déjà de cette histoire en 1973 (dans les Cahiers de la BD) en déclarant que "c'est un album que je chéris depuis longtemps".
Avec cette histoire, il a voulu montrer les aspects peu connus de la cité antique tels que le marché aux esclaves, les archers scythes ou la passion des grecs pour les procès (il explique cela dans Avec Alix). C'est en partie pour cette raison que le récit débute dans le port du Pirée, où Alix et Enak vont être vendus comme esclaves.
J'ai de grands souvenirs de la publication de cette histoire dans le journal Tintin. Ce qui est amusant, c'est que je me souviens davantage des images que du récit. Il est vrai que cette histoire de fille déguisée en garçon ne m'avait pas passionné pendant mes jeunes années. De plus, on trouve peu de combats ou de poursuites dans cet album et il s'agit plutôt d'une intrigue de "salon" si j'ose dire, qui se concentre sur les dialogues et les caractères. Et puis, il me semble que Jacques Martin compose chaque image avec passion, comme si elle était unique. Il fignole ses décors et nous permet de faire une véritable promenade à l'intérieur de la ville d'Athène. Cette reconstitution graphique m'a bien plus impressionné que l'aventure vécue par Alix.
Prenons une image au hasard :
C'est une case intermédiaire qui montre Numa Sadulus à la recherche d'Herkios, et on la remarque peu en lisant l'album, au milieu de 8 ou 9 autres images tout aussi recherchées. Considérée isolément, comme ci-dessus, on remarque mieux sa beauté. Je suis pour ma part frappé par son mélange de mouvement et d'harmonie, et aussi par le soin qui est apporté aux détails. J'ai entendu Jacques Martin déclarer que son dessin dans l'Enfant Grec ou la Tour de Babel était souvent meilleur que celui de ses premiers albums (même si ceus-ci sont mieux côtés auprès des amateurs). En relisant cette histoire, je comprends mieux son opinion.
Je ne parlerai donc pas trop de l'intrigue, dont certains aspects me restent mystérieux. Comment comprendre par exemple le rôle de Numa Sadulus, tour à tour protecteur ou tortionnaire vis-à-vis d'Alix et d'Enak. Que penser de cette assemblée de savants, qui découvre les secrets de l'atome (est-ce possible à cette époque). ? J'avoue ne jamais y avoir fait très attention. Par contre, je n'en perds pas une miette lorsqu'Alix traverse un atelier de peinture, et que l'on découvre le travail des artisans. Cette image est vraiment magnifique.
Je force le trait, bien sûr, car cette histoire est au fonds très dramatique. Archeloa et Herkios sont (de façon différente) les victimes des entreprises cupides d'Hykarion, et Alix ne peut rien faire pour l'empêcher. Le récit les amène de façon inexorable vers leur destin et le scénario me semble en fait construit comme une pièce de théâtre. Sur la fin, Jacques Martin introduit un personnage qui tient le rôle du choeur antique, comme dans une tragédie de Sophocle. Ce vieillard s'adresse à Archeloa, puis au cadavre d'Hyrakion, et même si cette scène est irréelle, elle donne à la fin de cette histoire un ton très noble.
Bon, je bavarde, je bavarde, mais Jacky-Charles a depuis quelque temps préparé une analyse beaucoup plus sérieuse sur cette histoire chère à Jacques Martin. Je lui laisse donc la parole et je suis certain que nous allons apprendre quelques chose.
Avec cette histoire, il a voulu montrer les aspects peu connus de la cité antique tels que le marché aux esclaves, les archers scythes ou la passion des grecs pour les procès (il explique cela dans Avec Alix). C'est en partie pour cette raison que le récit débute dans le port du Pirée, où Alix et Enak vont être vendus comme esclaves.
J'ai de grands souvenirs de la publication de cette histoire dans le journal Tintin. Ce qui est amusant, c'est que je me souviens davantage des images que du récit. Il est vrai que cette histoire de fille déguisée en garçon ne m'avait pas passionné pendant mes jeunes années. De plus, on trouve peu de combats ou de poursuites dans cet album et il s'agit plutôt d'une intrigue de "salon" si j'ose dire, qui se concentre sur les dialogues et les caractères. Et puis, il me semble que Jacques Martin compose chaque image avec passion, comme si elle était unique. Il fignole ses décors et nous permet de faire une véritable promenade à l'intérieur de la ville d'Athène. Cette reconstitution graphique m'a bien plus impressionné que l'aventure vécue par Alix.
Prenons une image au hasard :
C'est une case intermédiaire qui montre Numa Sadulus à la recherche d'Herkios, et on la remarque peu en lisant l'album, au milieu de 8 ou 9 autres images tout aussi recherchées. Considérée isolément, comme ci-dessus, on remarque mieux sa beauté. Je suis pour ma part frappé par son mélange de mouvement et d'harmonie, et aussi par le soin qui est apporté aux détails. J'ai entendu Jacques Martin déclarer que son dessin dans l'Enfant Grec ou la Tour de Babel était souvent meilleur que celui de ses premiers albums (même si ceus-ci sont mieux côtés auprès des amateurs). En relisant cette histoire, je comprends mieux son opinion.
Je ne parlerai donc pas trop de l'intrigue, dont certains aspects me restent mystérieux. Comment comprendre par exemple le rôle de Numa Sadulus, tour à tour protecteur ou tortionnaire vis-à-vis d'Alix et d'Enak. Que penser de cette assemblée de savants, qui découvre les secrets de l'atome (est-ce possible à cette époque). ? J'avoue ne jamais y avoir fait très attention. Par contre, je n'en perds pas une miette lorsqu'Alix traverse un atelier de peinture, et que l'on découvre le travail des artisans. Cette image est vraiment magnifique.
Je force le trait, bien sûr, car cette histoire est au fonds très dramatique. Archeloa et Herkios sont (de façon différente) les victimes des entreprises cupides d'Hykarion, et Alix ne peut rien faire pour l'empêcher. Le récit les amène de façon inexorable vers leur destin et le scénario me semble en fait construit comme une pièce de théâtre. Sur la fin, Jacques Martin introduit un personnage qui tient le rôle du choeur antique, comme dans une tragédie de Sophocle. Ce vieillard s'adresse à Archeloa, puis au cadavre d'Hyrakion, et même si cette scène est irréelle, elle donne à la fin de cette histoire un ton très noble.
Bon, je bavarde, je bavarde, mais Jacky-Charles a depuis quelque temps préparé une analyse beaucoup plus sérieuse sur cette histoire chère à Jacques Martin. Je lui laisse donc la parole et je suis certain que nous allons apprendre quelques chose.
Dernière édition par Raymond le Dim 25 Mai - 16:38, édité 1 fois