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Les secrets d'un bon scénario de BD

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bruno
Michel Jacquemart
Raymond
JYB
Damned
9 participants

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JYB


vieux sage
vieux sage

Il y a des contraintes de base (le découpage planche par planche et image par image - j'en ai parlé plus haut -, les dialogues - qu'on lit, et qu'on n'entend pas comme dans un film -, etc) qui sont inhérentes à l'art du scénario de BD, et des contraintes qui s'ajoutent (par exemple le format d'un album en 48 ou 62 pages - contrainte technique due aux presses chez les imprimeurs et au coût de fabrication d'un album hors normes, c'est tout bête...), qui brident l'imagination ou l'inspiration du scénariste, et dont on pourrait se passer.

Michel Jacquemart a écrit:Ce n'est pas parce qu'une catastrophe est arrivée qu'elle était inéluctable !...
Si, en parlant de catastrophe, tu parles d'un album raté : ben oui, mais elle est arrivée, cette catastrophe, et on ne peut plus revenir en arrière, vu que les gens disent que c'est une catastrophe après avoir vu l'album. Ce serait mieux que des décideurs compétents détectent la catastrophe avant qu'elle arrive !



Dernière édition par JYB le Lun 8 Nov - 9:42, édité 1 fois

Invité


Invité

Un titre d'article qui devrait plaire à JYB. Wink


http://www.actuabd.com/Fabien-Nury-J-aimerais-avoir-la#forum26503

JYB


vieux sage
vieux sage

Treblig a écrit:Un titre d'article qui devrait plaire à JYB. Wink

http://www.actuabd.com/Fabien-Nury-J-aimerais-avoir-la#forum26503
Oui, le titre, peut-être, mais je ne connais pas les scénarios de Fabien Nury pour en dire plus (comme on ne cesse de le dire sur ce forum et ailleurs : tant d'albums sortent, impossible de tout lire...). D'autant que Nury l'avoue : il aime bien installer une ambiance ; or moi, je suis un peu basique, je préfère de loin lire des BD d'aventures et d'action ; je ne dis pas que les histoires de Nury sont mauvaises, mais à chaque lecteur ses préférences, et moi, je lis des BD pour m'évader et me détendre ; les histoires qui montrent à longueur de planches des types en train de discuter gravement de ceci et de cela autour de la table de la cuisine, c'est valable pour un téléfilm dont le producteur n'a pas les moyens ; en BD, je préfère voir des trucs rares qui sortent de l'ordinaire et qui bougent ; c'est un des côtés magiques d'une BD d'aventures ; je ne dis pas que Nury fait causer des types statiques autour de la table de la cuisine, je parle globalement - vu que je ne connais pas les scénarios de Nury (encore que les deux planches montrées dans le lien ci-dessus ont l'air, comme par hasard, un peu dans le ton de ce que je décris ; ce qui ne signifie pas, j'insiste bien, que ses histoires soient mauvaises ; au contraire, on dirait que cette série, Il était une fois en France, est très bien ; mais une bibliothèque n'est pas extensible hélas (le porte-monnaie non plus), et sur la guerre, j'ai déjà tellement de livres documentaires...
Par ailleurs, dans son interview, Nury dit que Greg et Charlier "se servaient souvent de textes narratifs" ; si par "textes narratifs" il entend les pavés de textes décrivant quelque chose à l'intention du lecteur et qui ne soient pas des bulles, je ne me souviens pas d'avoir vu ça chez Greg. Je n'en ai pas vu non plus chez Van Hamme, un "élève" de Greg si je peux dire ; or, Van Hamme écrit des scénarios au découpage concis me semble-t-il, et il n'a pas besoin de textes narratifs pour y arriver.
Note : en intervenant ici, j'ai relu mon dernier post du 24 octobre, et j'ai vu que j'avais fait une inversion de phrases (sans doute un mauvais "copié/collé") qui me faisait dire presque l'inverse de mon discours précédant...! Comme il était tard dans la nuit quand je l'ai rédigé, je ne devais pas avoir les yeux en face des trous... J'ai rectifié il y a quelques minutes.

Invité


Invité

JYB a écrit:D'autant que Nury l'avoue : il aime bien installer une ambiance ; or moi, je suis un peu basique, je préfère de loin lire des BD d'aventures et d'action.
Je suis un peu "basique" comme tu dis : j'adore Largo Winch ou autres, mais ça ne m'empêche pas d'adorer aussi des BD d'ambiance comme celles des Charles ou "Amours fragiles" pour ne citer que deux exemples.
Je ne connais pas cette série de Nury et Vallée, mais ça me donne envie de la découvrir, même si WEST et Je suis légion du même scénariste ne m'avaient pas laissé un souvenir impérissable.

JYB


vieux sage
vieux sage

Un autre secret d'un bon scénario, ce sont les dialogues. Puisque la lecture, la compréhension et la fluidité d'une histoire en BD passent par les dialogues et comme la plupart des BD ont des dialogues plus ou moins étoffés, ils ont donc une importance primordiale. D'autant plus quand le scénariste mise sur l'humour, le jeu de mots, etc (Goscinny par exemple ; retirez les dialogues d'Astérix et d'Iznogoud, il ne restera pas grand chose, si j'ose dire...). Mais qu'est-ce que de bons dialogues ? Personnellement, je vais avoir du mal à répondre, car on dirait qu'à chaque scénariste sa définition ou au moins sa façon de considérer les dialogues, et à chaque lecteur sans doute aussi.
Un bon dialogue est-il un dialogue bien écrit, en bon français littéraire ? Est-ce un dialogue reproduisant la façon de parler des gens, avec les défauts, les répétitions, les tics ou bégaiements, l'accent (difficile à rendre), le niveau de langage, etc ? Ou faut-il au contraire un dialogue "lisse" et d'un style uniforme ? Est-ce un dialogue efficace ? (oui, sans doute, mais encore...?). Faut-il privilégier les images par rapport aux dialogues ? Faut-il des dialogues denses, épais, qui "donnent à lire", ou au contraire lapidaires et secs ? Les dialogues servent-ils l'action, ou peut-on - doit-on - s'en passer ? Trop de bavardage tue-t-il la BD ? Faut-il du réalisme dans les dialogues des pilotes d'aviation militaire, au point de les rendre incompréhensibles ? Un dialogue est-il un "plus", doit-il être neutre ou alors effacé, invisible ? Ce sont pourtant les dialogues qui permettent de "tenir en haleine", de captiver, le lecteur. Un cas à part et anecdotique, celui des dialogues dans les reprises de Blake & Mortimer : faut-il conserver les textes et dialogues façon Jacobs dans les années 50, parfois lourds et souvent redondants, ou faut-il innover, moderniser, s'adapter aux BD d'aujourd'hui ?
Etc !
Problème pour le scénariste : comment rédiger de bons dialogues qui accrochent le lecteur ? Il y a une façon d'écrire, d'aligner les phrases les unes après les autres, de les placer dans telle et telle bulles, comme on accroche les wagons d'un train, ou comme on dispose des dominos à la queue leu leu ; ça ne se fait pas vraiment au pifomètre, histoire de remplir des blancs. Il y aurait beaucoup à dire sur la façon de "fabriquer" un dialogue (de BD, j'entends), mais c'est souvent d'instinct qu'un scénariste travaille (l'expérience au fil des années joue aussi beaucoup, bien sûr) ; il a le don pour ça, et comme pour tout don, ce n'est pas facile à expliquer, car assez mystérieux. Ensuite - ou en même temps - viennent le vocabulaire, le choix du bon mot, de la bonne expression, la culture du scénariste. Mais il y a bien une façon d'accrocher l'attention du lecteur, et de ne pas lui faire lâcher prise - uniquement par le choix des mots et des phrases,et par la façon de les agencer les uns à la suite des autres. Il y a un truc à apprendre : le début d'une bulle (les premiers mots ou la première phrase de cette bulle) est la suite logique des derniers mots ou de la dernière phrase de la bulle précédente, comme si un fil invisible les reliait. Cela paraît banal de le dire et sans doute banal d'appliquer cette recette, mais pourtant, ce n'est pas facile... Les derniers mots de la bulle d'avant et les premiers mots de la bulle d'après se choisissent, se calibrent, et la césure entre les deux bulles ne se fait pas non plus au hasard. Ce calcul tient aussi au don du découpage du scénariste (voir ce que j'ai dit ici, il y a quelque temps, au sujet du don du découpage, au sein de ce même sujet de discussion).
Pour se rendre compte du travail de perfectionnement des dialogues dans une BD, voir de nombreuses études sur Hergé, avec des reproductions de brouillons de dessins voire carrément de planches de Tintin, sur lesquels Hergé, dans les marges, a griffonné, raturé, réécrit X fois une phrase, un mot, inversé des bouts de phrase pour trouver le rythme, le mot juste et le vocabulaire qui coulent le mieux. C'est tout un travail que le lecteur ne verra jamais, et je me demande si beaucoup de scénaristes actuels préparent ainsi leurs dialogues ; je me souviens avoir vu - dans les préfaces des Intégrales de Barbe-Rouge je crois - la reproduction de bouts de papier montrant les recherches de mots et de phrases par JM Charlier, pour peaufiner des dialogues dans telle ou telle de ses BD ; il cherchait partout et tout le temps, au restaurant, dans divers moyens de transport et ailleurs, en griffonnant lui aussi sur tout ce qui lui tombait sous la main ; on comprend que JM Charlier était en permanence en état de réflexion, qu'il avait en permanence en tête ses projets de scénarios (appel est lancé aux autres scénaristes du forum, ou à ceux qui ont des connaissances sur les façons de faire de scénaristes connus ; je lis pas mal d'interviewes de scénaristes, dans Casemate par exemple, ou sur Internet, et le sujet ne me semble pas souvent abordé ; peut-être parce que ça n'intéresse pas grand monde ? Pourtant, on est là au coeur de la création, dans le cerveau du scénariste).
Un truc aussi à savoir (et à appliquer ou non, cela dépend des scénaristes et de leur façon de faire), c'est qu'au sein d'une planche, on peut rédiger les dialogues dans une bande (un strip) comme si on racontait une petite histoire ou une anecdote (au sein de la planche et de l'histoire globale) avec une forme d'introduction, un développement et une chute qui termine ce strip - mais cette chute ne termine pas le dialogue : elle doit forcer le lecteur à passer automatiquement au strip suivant, simplement parce que la façon dont est tourné le dialogue force inconsciemment l'oeil et l'attention du lecteur à lire la suite, à passer automatiquement à l'étape suivante.
Pour arriver à tout cela, c'est, de la part du scénariste, toute une gymnastique, et même une gymnastique épuisante... Cela doit être le cas des scénaristes d'autres types d'oeuvres - que je n'ai pas pratiqués : cinéma, téléfilm, pièces radiophoniques, pièces de théâtre, etc. -, sauf que, en BD, il y a une contrainte de plus avec ce devoir de bien découper ces dialogues et bien les semer au fil des cases et de bien les disposer dans les bulles.
A noter un cas exceptionnel dont je me souviens : dans Hello-Bédé, au début des années 90, une BD, genre saga mythologique, était écrite presque en vers, en tout cas avec des phrases et des dialogues comme dans un poème épique. J'avais d'ailleurs envoyé un courrier au scénariste, Xavier Josset, pour le féliciter. Malheureusement, je ne crois pas qu'il ait fait son trou dans la BD... L'histoire d'Hello Bédé était intitulée La quête de la fille aux cheveux d'or. Déjà, rien que le titre m'avait bien plu (et me plaît toujours)...
Si d'autres auteurs (scénaristes mais aussi dessinateurs) voulaient bien donner leurs avis, témoignages, expériences... Mais les lecteurs de BD peuvent aussi apporter leur éclairage sur ce qui leur paraît correct ou non, utile ou non, gênant ou non, au niveau des dialogues...

JYB


vieux sage
vieux sage

Conversation rapportée du sujet "Blake et Mortimer" où l'on parlait du dernier album de B & M par le couple Van Hamme/Aubin et où de nombreux intervenants déploraient les déficiences du scénario.

Treblig a écrit:Plus sérieusement, je rappellerai tout de même que, dans l'exemple de la bande dessinée muette, le scénario et les images se confondent et c'est avant tout la force du dessin qui emporte ou non l'adhésion du lecteur .
Donc le plaidoyer "pro domo" consistant à laisser entendre que le scénario prime nécessairement sur l'image en toutes occasions mériterait d'être plus nuancé, cela dit en toute humilité de lecteur lambda. Wink
C'est dommage que Charlier, Hergé, Goscinny, Greg, Pratt, Forest, Lecureux, etc., ne soient plus là pour répondre à ma place et dire l'importance du scénario dans une BD (mais eux comme moi ne minimiserons jamais le rôle du dessin ; c'est la nuance que tu n'as pas vue mais qu'il y avait et qu'il y aura toujours, même en filigrane, dans mes propos).
Une BD, c'est un tout, avec les deux aspects de la création qui doivent être au même niveau de qualité : bon scénario + bons dessins.
En l'absence de ces grands maîtres du scénario, ce serait intéressant que des scénaristes vivants donnent leur point de vue (les scénaristes mauvais ou moyens ou inconsistants abonderont dans ton sens en confirmant que la force d'un dessin emporte l'adhésion du lecteur - mais moi, je dirais plutôt : pour sauver les meubles ! Or un bon dessin ne doit pas être là juste pour sauver les meubles ni rattraper un scénario déficient).
Ce serait intéressant aussi que des dessinateurs, célèbres et bien installés, interviennent pour dire l'apport insoupçonné de leur scénariste dans l'évolution de leur carrière et dans l'impact de leur(s) série(s) auprès du public. Et je dis bien "l'apport insoupçonné" ; tellement insoupçonné que c'est pour ça que j'interviens pour relever ce "léger" point de détail.
Ce serait intéressant que des dessinateurs qui sont leurs propres scénaristes interviennent aussi pour donner leur sentiment.
Ce serait intéressant enfin que des dessinateurs ayant travaillé sur leurs propres scénarios ET sur les textes de scénaristes à part entière donnent leur avis. Exemple : Jijé (on parle de lui à l'occasion de la sortie ces jours-ci d'une intégrale chez Dupuis). Dans un vieux numéro des Cahiers de la BD qui lui fut consacré peu avant son décès, il racontait qu'un album de Tanguy (dessiné par lui et scénarisé par Charlier) se vendait deux fois et demie plus qu'un Jerry Spring (pas scénarisé par Charlier). Bizarre, non...?
Et j'ai déjà expliqué sur ce forum ma recette personnelle : si on donne au scénario une valeur sur une échelle de 1 à 20 et au dessin une valeur sur une échelle de 1 à 20, il faut toujours que le scénario ait un ou deux points de plus que le dessin. Recette personnelle je répète, et argument pro-domo comme tu dis, on peut ne pas être d'accord, mais l'idée générale à retenir est que de toute façon, le scénario ne doit pas être à la remorque. Le scénariste nonchalant qui suit ta pensée risque fort de se dire : "Bof, puisqu'un bon dessin emporte l'adhésion du lecteur, donc à quoi bon se fouler...?" Ou alors, concernant de célèbres séries populaires, les scénaristes peuvent se dire : "Bof, de toute façon, j'en vendrai d'office 200 000 ou 500 000 exemplaires, donc à quoi bon me fouler...?". Et voilà comment plein d'albums déçoivent.

Invité


Invité

JYB a écrit: Le scénariste nonchalant qui suit ce que tu dis risque fort de se dire : "Bof, le bon dessin emportera l'adhésion du lecteur, donc à quoi bon se fouler..."

Non, ce n'est pas du tout le fond de ma pensée : pour moi, à partir du moment où scénariste et dessinateur ne sont pas une seule et même personne, la réussite ou non d'une bonne Bd dépend avant tout d'une relation harmonieuse entre les deux auteurs.

Et je reconnais bien volontiers que cela ne doit pas toujours être facile s'il s'agit de fortes personnalités : un exemple récent sur lequel je ne reviendrai pas outre mesure nous a montré jusqu'à quel point la "guerre" des ego pouvait conduire. Wink

Donc, je ne considère absolument pas qu'un scénariste doive s'effacer devant le talent d'un dessinateur : simplement leurs apports respectifs nécessitent que chacun d'entre eux ne prenne pas l'ascendant sur l'autre mais se situe sur un strict pied d'égalité.

Evidemment, on pourra toujours me considérer comme un doux rêveur...mais j'assume. Smile

JYB


vieux sage
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C'est un autre aspect de la collaboration scénariste/dessinateur. Tu parles de bonne entente, et moi, je parle de la qualité du travail de chacun.

Invité


Invité

Pour moi, là encore, je situe la qualité de leur travail sur un même plan : si chacun d'eux donne le meilleur de lui-même, il n'y a pas de raison d'établir une hiérarchie entre l'apport scénaristique de l'un et l'apport graphique de l'autre et vice-versa.

bruno

bruno
grand maître
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[/quote]Donc, je ne considère absolument pas qu'un scénariste doive s'effacer devant le talent d'un dessinateur : simplement leurs apports respectifs nécessitent que chacun d'entre eux ne prenne pas l'ascendant sur l'autre mais se situe sur un strict pied d'égalité. [/quote]

Je n'ai pas une grande expérience du scénario (je n'en suis actuellement qu'à mon second), mais j'ai en effet découvert l'importance d'une véritable connivence avec le dessinateur.
Non pas tant dans l'écriture de l'histoire, que dans le découpage et évidemment dans les dialogues.

Ainsi, pour ces derniers, mon collègue dessinateur prend à la ligne près les textes. Mais, son interprétation de la scène, l'intensité qu'il va donner, me conduit souvent à "retoucher" les textes afin de les rendre (je l'espère) plus percutants, plus en harmonie avec le dessin.

J'ai parfaitement intégré cette étape qui me convient parfaitement, car il s'agit alors d'un nouveau challenge.
Et quel plaisir de "poser" des paroles sur des personnages qui ont pris vie autrement que sous ma plume (ou mon clavier)... Very Happy

http://www.canalbd.net

JYB


vieux sage
vieux sage

bruno a écrit: j'ai en effet découvert l'importance d'une véritable connivence avec le dessinateur.
Comme dit à Treblig, c'est important, mais le plus important pour réussir une BD est quand même de présenter au lecteur du bon boulot (un scénario solide, une histoire qui fait rêver, de bons dessins - et de bonnes couleurs aussi tant qu'à faire). Le lecteur ne voit pas la complicité (ou les éventuels conflits, ça arrive...) entre les deux auteurs en lisant la BD, je pense même qu'il s'en fiche complètement, mais il faut qu'il lise un bon scénario et contemple de bons dessins. C'est le résultat qui compte.

bruno a écrit:Non pas tant dans l'écriture de l'histoire, que dans le découpage et évidemment dans les dialogues.
Ainsi, pour ces derniers, mon collègue dessinateur prend à la ligne près les textes. Mais, son interprétation de la scène, l'intensité qu'il va donner, me conduit souvent à "retoucher" les textes afin de les rendre (je l'espère) plus percutants, plus en harmonie avec le dessin.
J'ai parfaitement intégré cette étape qui me convient parfaitement, car il s'agit alors d'un nouveau challenge.
Et quel plaisir de "poser" des paroles sur des personnages qui ont pris vie autrement que sous ma plume (ou mon clavier)... Very Happy
Tout ceci fait partie du travail habituel de créateurs qui discutent, échangent, peaufinent... C'est ce que je vis régulièrement dans la préparation de mes propres BD (Pix, membre du forum, qui nous lit, pourra confirmer puisque nous faisons ensemble une série). Tous les auteurs font ça plus ou moins intensément en fonction des difficultés qui se présentent, en fonction de la conscience professionnelle de chacun, et il n'y a rien de surprenant dans ce que tu racontes.

JYB


vieux sage
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Enfin !
Enfin je découvre (mais avec retard, et je le regrette) un vrai bon scénariste de BD. Il s'appelle Appollo (avec deux P et deux L). J'ai acquis il y a peu les trois albums de sa série Commando Colonial. J'en avais déjà vu des extraits dans un lointain Casemate et à vrai dire, le dessin, d'un certain Brüno, ne m'avait pas attiré (affaire de goût personnel ; ce dessin plaît à d'autres lecteurs, et s'accorde de toute façon bien avec ces BD).
Le scénario a tous les ingrédients pour être considéré comme très bon selon mes critères déjà exposés dans ce topic justement intitulé "Les secrets d'un bon scénario de BD" (et c'est pourquoi je mets mon laïus ici). Appollo a par exemple un très bon sens du découpage BD : découpage scène par scène, image par image, bulle par bulle, phrase par phrase. On sait, si on m'a bien lu quelques pages avant, l'importance que j'accorde au découpage BD, et là, c'est quasiment parfait.
Les histoires sont suffisamment denses mais pas trop, bien ficelées, humaines, documentées, et surtout logiques. Pas de passage à vide, pas de liaisons hasardeuses entre les scènes, pas de facilité, pas de raccourci pour contourner une difficulté scénaristique comme on en voit un peu partout dans la production actuelle.
Autre qualité : Appollo ne se moque pas de ses lecteurs. Il n'écrit pas pour "vendre du papier" en faisant dans la légèreté, le spectaculaire ou le racolage comme beaucoup de scénaristes actuels. Un exemple : bien qu'il en aurait eu cent fois l'occasion dans le tome 3, il ne montre pas une seule scène de sexe alors que des prostituées se retrouvent plus ou moins bloquées par la guerre dans un fort militaire aux confins du désert algérien, en 1942, et alors que de nombreux hommes séjournent ou passent dans ce fort, dont des troupes allemandes. Je ne citerai pas, par charité chrétienne, les noms d'un certain nombre de scénaristes réputés qui s'en seraient donné à coeur joie : des filles faciles, des hommes jeunes pris dans un conflit qui les dépasse et qui ont besoin du "repos du guerrier", une sorte de huis-clos hors du temps, bref une situation rêvée, n'est-ce pas ? Eh bien, dans ce Commando Colonial, rien ou si peu. Et le "si peu" est raconté avec tact et retenue, et une fois le non-dit. Oui, j'avoue, il y a une case où l'on voit des femmes nues. Mais là aussi, ça vient très bien, de façon naturelle, et c'est pour montrer ces femmes dans la grande salle rafraîchissante d'une sorte de bain turc, alors que le soleil tape dur à l'extérieur ; une case parmi d'autres montrant divers endroits de la place, et indiquant que le temps passe lentement dans la chaleur et la tranquillité de ce fort oublié de tous. On voit dans cette unique vignette des filles nues, mais sans aucune charge lascive, érotique ou lubrique comme on en voit partout ailleurs dans les BD bien commerciales.
Bref, voilà un gars qui donne à tous une leçon de scénario de BD de haut niveau.
En plus, il a même, ici et là, l'air de rien, en filigrane, des accents de Hugo Pratt dans Corto Maltese.

Raymond

Raymond
Admin

Commando colonial est en effet une série distrayante et intelligente. Elle gagne à être connue.

Je l'ai découverte il y a deux ans grâce à Totoche. Ce dernier avait alors écrit dans son blog un billet consacré au 2ème album (c'est ICI). study

Avais-tu remarqué les allusions graphiques à Hergé ? Wink


_________________
Et toujours ... Les secrets d'un bon scénario de BD - Page 3 Charli10
https://lectraymond.forumactif.com

catallaxie

catallaxie
lecteur émérite
lecteur émérite

JYB a écrit:
Autre qualité : Appollo ne se moque pas de ses lecteurs. Il n'écrit pas pour "vendre du papier" en faisant dans la légèreté, le spectaculaire ou le racolage comme beaucoup de scénaristes actuels. Un exemple : bien qu'il en aurait eu cent fois l'occasion dans le tome 3, il ne montre pas une seule scène de sexe alors que des prostituées se retrouvent plus ou moins bloquées par la guerre dans un fort militaire aux confins du désert algérien, en 1942, et alors que de nombreux hommes séjournent ou passent dans ce fort, dont des troupes allemandes. Je ne citerai pas, par charité chrétienne, les noms d'un certain nombre de scénaristes réputés qui s'en seraient donné à coeur joie : des filles faciles, des hommes jeunes pris dans un conflit qui les dépasse et qui ont besoin du "repos du guerrier", une sorte de huis-clos hors du temps, bref une situation rêvée, n'est-ce pas ? Eh bien, dans ce Commando Colonial, rien ou si peu. Et le "si peu" est raconté avec tact et retenue, et une fois le non-dit. Oui, j'avoue, il y a une case où l'on voit des femmes nues. Mais là aussi, ça vient très bien, de façon naturelle, et c'est pour montrer ces femmes dans la grande salle rafraîchissante d'une sorte de bain turc, alors que le soleil tape dur à l'extérieur ; une case parmi d'autres montrant divers endroits de la place, et indiquant que le temps passe lentement dans la chaleur et la tranquillité de ce fort oublié de tous. On voit dans cette unique vignette des filles nues, mais sans aucune charge lascive, érotique ou lubrique comme on en voit partout ailleurs dans les BD bien commerciales.
Bref, voilà un gars qui donne à tous une leçon de scénario de BD de haut niveau.

J'imagine que tu penses à Largo Winch ? Largo est une BD à laquelle je ne suis jamais parvenu à accrocher après la lecture en prépublication, trop de sexe pour le sexe, et effectivement c'est toujours au détriment du scénario.

Je vais regarder un peu plus attentivement cette nouvelle série que tu nous conseilles.

JYB


vieux sage
vieux sage

Raymond a écrit:Commando colonial est en effet une série distrayante et intelligente. Elle gagne à être connue.
Je l'ai découverte il y a deux ans grâce à Totoche. Ce dernier avait alors écrit dans son blog un billet consacré au 2ème album (c'est ICI). study
Non, je n'avais pas vu ce blog. Ce que j'y lis me confirme les qualités d'Appollo.
Totoche écrit toutefois en petit "ça manque quand même un peu de cul", mais en disant ça, il déplore ce que je trouve au contraire très bien (voir plus haut ce que je disais sur la série), et ce qui confirme ce que je pense : les auteurs mettent du cul dans un but bassement commercial, parce que les lecteurs en attendent, alors que ce que devraient faire les auteurs - ce que fait un auteur comme Appollo et ce qu'essaye de faire un auteur comme moi-même - c'est d'abord raconter une bonne histoire. Et ne pas céder au manque d'imagination et à la facilité en répondant aux sirènes du commercial, du superficiel, du remplissage, du voyeurisme et de la complaisance malsaine.

Raymond a écrit:Avais-tu remarqué les allusions graphiques à Hergé ? Wink
Je n'ai pas remarqué les allusions relevés par Totoche sur son blog, mais j'avais remarqué un petit côté hergéen ici et là en lisant les albums de Commando Colonial, et j'avais remarqué surtout, dans le tome 3, un personnage dont les prénom et nom (Maxime Loiseau), et le physique, rappellent le frère Loiseau, prénommé aussi Maxime si je ne m'abuse, dans Le secret de la Licorne de Tintin.



Dernière édition par JYB le Mer 4 Mai - 0:41, édité 1 fois

JYB


vieux sage
vieux sage

catallaxie a écrit:J'imagine que tu penses à Largo Winch ? Largo est une BD à laquelle je ne suis jamais parvenu à accrocher après la lecture en prépublication, trop de sexe pour le sexe, et effectivement c'est toujours au détriment du scénario.
Je pense à un ensemble de scénaristes qui jouent facile et se fichent un peu du monde (ils auraient tort de se gêner, puisque des dizaines de milliers de lecteurs ne voient rien et achètent leurs albums...), mais ce n'est pas mon propos d'en désigner un en particulier. En revanche, j'ai plaisir à citer un vrai bon scénariste comme Appollo, qui a le talent et qui élève le niveau.

Pierre

Pierre
vieux sage
vieux sage

En ce qui me concerne dans "bande dessinée" il y a aussi dessin. Et ceux de Commando Colonial ne m'enchantent guère. C'est pourquoi, même avec un excellent scénario, j'aurais beaucoup de mal à accrocher.

Les secrets d'un bon scénario de BD - Page 3 Commando-Colonial-t2p03_copie

Invité


Invité

Alors, nous sommes au moins deux à penser ainsi : comme je l'ai toujours dit, quand un lecteur de bandes dessinées ouvre un album c'est évidemment le dessin qu'il examine en premier et ensuite le scénario. deso

catallaxie

catallaxie
lecteur émérite
lecteur émérite

Treblig a écrit:Alors, nous sommes au moins deux à penser ainsi : comme je l'ai toujours dit, quand un lecteur de bandes dessinées ouvre un album c'est évidemment le dessin qu'il examine en premier et ensuite le scénario. deso

Nous sommes même trois. Après les remarques de JYB j'ai regardé cette BD et le dessin ne me convient pas du tout.

JYB


vieux sage
vieux sage

C'est grave ! Donc : la BD ne vaut rien ? Je répète qu'il faut dissocier le scénario du dessin, et je rappelle que je parle ici, sur ce topic, de la technique du scénario (relisez le titre du topic) et de ce qui fait qu'un scénario est techniquement bon. Je fais totalement abstraction du dessin dans mes commentaires sur le scénario. Or, c'est au dessin que vous ramenez la discussion... Je comprends votre réaction, elle est naturelle dans le feu de la discussion, mais c'est dommage, et hors sujet... Même si vous n'appréciez pas le dessin, c'est votre droit, il n'empêche que le scénariste Appollo est pour moi un excellent raconteur en BD, et c'est ce que je veux signaler. Moi aussi, et je vous en ai prévenu dès mon premier post sur cette série BD, je n'ai pas été emballé par le dessin. Mais ça ne m'a pas empêché d'acheter ses trois albums, et quand je les ai lus, je me suis dit : "Enfin, voilà un vrai, bon et sérieux scénariste qui connaît son métier d'instinct" (car, je l'ai déjà dit aussi il y a quelque temps de ça, ce sens du découpage BD, c'est un don qu'on a ou qu'on n'a pas). Vous aurez beau prendre le problème par tous les bouts, l'essentiel est que voilà (pour moi) un scénariste de BD valable.
Certes, il faut espérer qu'Appollo, pour trouver grâce à vos yeux, s'associera un jour avec un autre dessinateur ; mais il y a quand même dans la technique de narration d'Appollo un côté vif et aérien qui ne s'accommoderait sans doute pas d'un dessin réaliste et puissant comme celui de Jacques Martin (je ne le cite pas au hasard, nous sommes sur le forum Lefranc, Alix, et c'est peut-être votre référence inconsciente...). Je ne me suis attaché, dans le commentaire du travail d'Appollo, que sur l'aspect "découpage" (qui est pour moi, comme pour des scénaristes réputés qui l'ont dit avant moi, la base de tout dans une BD), et sur le fait qu'Appollo ne tombe pas dans la facilité commerciale (qui consisterait, par exemple, à mettre au moins une bonne scène de cul plus ou moins explicite pour "vendre du papier"). Une autre preuve qu'il ne fait pas dans la facilité ni dans le commercial, c'est qu'il s'associe avec un dessinateur qui ne vous convient pas, et je crains qu'en effet il ne va pas vendre beaucoup si tout le monde pense comme vous...
C'est curieux, car j'ai trouvé il y a bien longtemps un autre scénariste dans le même genre, et j'en ai déjà parlé ici je crois, qui bosse sur un dessin pas réaliste, c'est Laurent Rullier (série Victor Levallois, avec Stanislas au dessin). Je fais les mêmes discours que sur Appollo : excellent scénariste de BD, qui imagine une histoire habile où sont mis en valeur les sentiments humains, qui sait découper, mettre en scène, écrire correctement des dialogues courts et percutants, qui ne prend pas le lecteur pour une bonne poire en lui mettant systématiquement sous le nez une scène de cul, etc. Mais vous feriez les mêmes discours sur le dessin : ça ne vous accroche pas...? C'est peut-être leur façon de raconter, vive et aérienne comme je l'ai dit plus haut, qui ne s'accommode pas d'un dessin réaliste comme celui qui illustre les scénarios d'aventures à la Charlier, Martin, Jacobs, Pratt, etc. Il n'empêche que...
Tout ce que vous dites explique pourquoi c'est difficile pour un bon scénariste débutant de se lancer dans le métier : si ce malheureux propose aux éditeurs des scénarios illustrés par des dessins qui n'accrochent pas, il ne sera jamais embauché car comme vous, la plupart des éditeurs font un amalgame, que je ne cesse de dénoncer, entre dessin et scénario. Un éditeur pourrait-il un jour faire son métier qui est de connaître l'art de la narration BD, de lire les scénarios et de voir si, derrière un dessin qui ne plaît pas, ne se cache pas un excellent scénariste pour qui il faudrait dérouler le tapis rouge et à qui il faudrait proposer des dessinateurs plus appropriés...? C'est le rôle d'un éditeur d'associer des auteurs, mais un éditeur fait lui aussi dans la facilité : il regarde le dessin, il regarde s'il y a un peu de cul, ou au moins des belles nanas court vêtues, et c'est bon, emballez, c'est pesé. Important aussi : il faut mettre en couverture un truc qui accroche bien ; je le découvre jour après jour, et il suffit de regarder les tables des nouveautés dans les librairies BD : que des couv formidables, qui attirent l'oeil et donnent envie d'acheter. Et à l'intérieur ? Et le scénario ? Si c'est un bon scénario, tant mieux, coup de chance ; si ce n'est pas un bon scénario, tant pis, l'éditeur regarde les chiffres de vente une fois l'album mis en place : si ça se vend, c'est que ça plaît, et il continue sur sa lancée... C'est simple.

Pierre

Pierre
vieux sage
vieux sage

Bien, mais alors le sujet aurait aussi sa place sur un forum littéraire.

Scénario + Dessin sont indissociables dans la BD; même les dialogues pourraient être superflus car un excellent scénariste pourrait traduite intégralement son histoire par des dessins parfaitement adaptés; un peu comme à l'époque du cinéma muet. C'est un peu la marque de fabrique - au cinéma - de quelqu'un comme Jean-Pierre Melville qui réduisait les dialogues au strict minimum.

Vouloir ne parler que d'un aspect sans évoquer, voire en rejetant l'autre, n'est pas pertinent.
Le scénario ne prend vie que par l'image, ou alors on écrit des romans Wink

Invité


Invité

JYB, il est tout à fait normal qu'en tant que scénariste tu raisonnes ainsi et personne ne conteste ta manière de voir. Wink

Ce n'est pas pour autant que tu doives systématiquement considérer les opinions des autres comme irrecevables et leur laisser à penser qu'elles soient moins valables que les tiennes. Rolling Eyes



Dernière édition par Treblig le Mer 4 Mai - 10:51, édité 1 fois

Pierre

Pierre
vieux sage
vieux sage

JYB a écrit: c'est difficile pour un bon scénariste débutant de se lancer dans le métier : si ce malheureux propose aux éditeurs des scénarios illustrés par des dessins qui n'accrochent pas, il ne sera jamais embauché car comme vous, la plupart des éditeurs font un amalgame, que je ne cesse de dénoncer, entre dessin et scénario.

Euh, c'est le principe de la bande dessinée. Sinon, il écrit des bouquins Smile

Damned

Damned
grand maître
grand maître

Pierre a écrit:
Euh, c'est le principe de la bande dessinée. Sinon, il écrit des bouquins Smile
Je rejoints Pierre sur ce point :
Quoiqu'on puisse faire, dire, ou penser, le premier contact avec une BD passe par le dessin (par définition), et aucun scénariste, bon, mauvais ou excellent ne pourra y changer quoique ce soit !

C'est effectivement dommageable pour le bon scénariste servi par un mauvais dessinateur, ou par un dessinateur dont le style serait inadapté au contexte !
A contrario, un mauvais scénariste peut se cacher derrière un dessinateur de talent, et là, c'est le lecteur qui en fait les frais.

D'aprés ce que j'en ai vu de cette BD, le dessin fait penser à une BD pour ado, alors que le sujet semble hautement intelligent, sérieux et documenté, et effectivement, malgré la ligne claire à laquelle je suis trés attaché, ce n'est pas non plus une BD sur laquelle je me serais rué !

Seul quelqu'un qui a de l'expèrience peut faire abstraction du dessin, pour, au premier regard, déceler les qualités intrinséque d'un scénario et ressentir l'envie de s'y plonger !
Je connais personnellement assez Jean Yves pour lui reconnaître ces capacités (à en faire des complexes de ma part) !

Nous autres, simples lecteurs, sommes, d'abord, frappés par le style du dessinateur !

Raymond Damned

http://www.pbase.com/vv_eagle/legrand_raymond

Pierre

Pierre
vieux sage
vieux sage

On peut donc effectivement regretter que de bons scénaristes ne soient desservis par des dessins qui ne trouveraient pas leur public.

Un excellent dessinateur avec des scénarios "moyens" n'irait sans doute pas bien loin non plus dans la série en question...

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