Salut à tous,
Grâce à ce forum j'ai appris que ce tome des aventures d'Orion avait été publié alors que j'attendais le "roi des rois" depuis des années.
Bon, globalement j'ai bien aimé cet album qui nous replonge dans l'atmosphère de guerre civile entre Sparte et Athènes et et contient beaucoup de morceaux de bravoure.
Il y a quand même quelques détails qui me gênent dans cet album.
Le premier, c'est l'absence de fil conducteur avec "Le Pharaon". On retrouve Orion sur Corfou et aucune explication n'est donnée sur les évènements de la fin du Pharaon dans lequel on le voit accompagner le vizir Baalgoas à Perséopolis.
Je veux bien que cet album, le roi des rois, ait été abandonné mais ça n'interdisait pas de faire une transition cohérente.
Second détail. Lorsque Orion pénètre dans le sanctuaire de l'oracle et plus tard dans l'album, on voit que le prêtre s'adresse aux ancêtres pour entrer en communication avec le monde des morts.
A ma connaissance, les grecs ne pratiquaient pas le culte des ancêtres à un degré comparable à celui du Japon ou de la Chine.
Je n'ai jamais lu que les prêtres et religieux s'adressaient à des mortels pour quémander des faveurs.
La logique voudrait au contraire que le prêtre s'adresse à Hadès, Perséphone ou Hermès Psychopompos comme la Pythie s'adressait à Apollon.
Troisième détail. On semble affirmer dans cet album que Sparte avait une supériorité terrestre écrasante sur Athènes et qu'en se barricadant dans leurs murs, les Athéniens s'assurèrent de la victoire.
C'est peut-être vrai pendant la première partie de la guerre mais finalement cette politique causera la perte d'Athènes car la Peste tua le quart de sa population
Quatrième détail. Brasidas et Cléon meurent tous deux dans cet album. Or, ce sont là les noms de personnages historiques et non de fiction. Or Brasidas, général spartiate, meurt en 422 av J.C lors du siège d'Amphipolis, 7 ans après Périclès qui disparaît en 429 av J.C
Quant à Cléon, il est ici décrit comme un aristocrate partisan de l'oligarchie. Or, ça ne colle pas du tout avec son personnage historique qui est un général athénien issu des classes populaires et qui le revendique.
Il est connu par les récits de Thucydide et Aristophane qui critiquent son côté parvenu et inculte d'homme du peuple...
Bien loin de mourir devant Périclès dans le temple d'Athéna, il meurt en même temps que Brasidas dans la bataille d'Amphipolis 7 ans après Périclès.
Dernier détail qui me gêne. Cléon affirme que Sparte est une oligarchie et Périclès ajoute à la fin de l'album que ce sont les plus riches qui y gouvernent (ploutocratie).
Rien n'est plus faux!
Sparte est une démocratie où les citoyens sont nommés des Egaux. Elle est dirigée par deux rois issus de deux dynasties différentes qui ont surtout des fonctions religieuses et militaires.
Elle est gouvernée par des éphores élus au sein de la Gérousie (l'assemblée des anciens) qui rédige les lois et les soumet à l'approbation de l'Appella (l'assemblée du peuple).
Je dirais même que pendant la guerre du Péloponèse, Sparte est plus démocratique qu'Athènes car Périclès est élu stratège 14 années de suite alors que les éphores eux ne monopolisent pas le pouvoir exécutif, ils l'exercent de façon collégiale sous le contrôle de la Gérousie, avec un contrepouvoir royal important et ne sont pas rééligibles à l'issue de leur mandat d'un an.
De plus, les éphores sont élus par le peuple et il n'est pas rare de voir des éphores venir des classes modestes de la population spartiate (Aristote en profite pour les accuser de vulnérabilité à la corruption).
Donc Sparte n'est pas une oligarchie ni une ploutocratie mais une démocratie dont le fonctionnement est différent de celui d'Athènes où les gardes fous au pouvoir personnel de Périclès étaient faibles.
On peut d'ailleurs se demander à la suite de la femme montrée en train de remplir sa jarre d'eau si la démocratie athénienne existe encore à ce moment puisque Périclès ne convoque plus l'assemblée des citoyens pour faire approuver ses décisions.