De l'encyclo. Thomassian :
15 : Timbale troubadour de choc.
Jean Cézard a été un créateur extrêmement prolifique, donnant vie à de nombreux personnages. Mais certains, à l’existence trop brève, demeurent peu connus. Parmi eux, s’il y en a qui mérite de sortir de l’oubli, c’est assurément Timbale le Troubadour. Ce petit héros a vécu un épisode unique, perdu dans le numéro 15d’APACHES. Vous aurez peut-être du mal à le dénicher, mais vous en serez récompensé car l’auteur d’Arthur le Fantôme y déroule une histoire moyenâgeuse au graphisme magique. On connaît le talent de Cézard pour illustrer cette période.Châteaux-forts dont chaque pierre est striée de fines hachures, soldats en armes revêtus de cotes de mailles tout aussiméticuleusement ciselées : chaque planche est une mosaïque de détails dans laquelle l’œil ne sait plus où se poser.
Le début du récit est identique à celui de Kiwi le Troubadour (épisode paru dans KIWI n°9 de mai 1956, réédité dans ALBUMS COMIQUES DE KIWI n°1 puis dans HOP ! n°5/6). Les deux lapins de la première planche sont remplacés par deux corbeaux : « Une voix pareille, ça devrait être interdit par la loi ». Timbale parvient dans un village où le comte ruine les gens afin de constituer une dot à sa fille pour la marier au roi. Il réussit à pénétrer dans la forteresse et échappe aux recherches (Kiwi, lui, se fait prendre !) puis profite de la nuit et du manque de vigilance des sentinelles pour placer toutes les pièces d’or dans les canons. Lorsque le roi arrive en vue du château, vingt coups de canons sont tirés en son honneur et les pièces ainsi déversées sur le village sont prestement récupérées par les habitants (une blague dans la droite
lignée d’Arthur). Le roi, apprenant la soudaine pauvreté du comte, s’en va précipitamment. Les gardes, croyant le château hanté (et pourtant Arthur n’y est pas !) en font autant. Quant à Timbale, après avoir quêté quelques pièces (Kiwi n’avait récolté qu’une grosse bosse !), il quitte le village. L’épisode prend fin sur un gag déjà vu en ouverture.
Cézard a manifestement pris du plaisir à dessiner cette histoire, les décors sont très riches, chaque scène est soignée, il y a de magistrales perspectives. Une petite perle à découvrir, en attendant, on l’espère, une réédition dans un format plus approprié et sur un meilleur papier.