Depuis Stevenson et son Étrange Cas du docteur Jekyll et de M. Hyde, les troubles dissociatifs de l'identité ont inspiré les auteurs. Le cinéma s'est même emparé du sujet avec le célèbre Psychose d'Alfred Hitchcock. Timothé le BOUCHER emprunte donc le chemin balisé de deux personnalités se partageant le même corps. Il n'en fait pas moins preuve d'originalité en traitant le sujet sur une très longue période, une vie humaine, et en traitant l'aspect social de cette dualité.
Un jeune homme, Lubin Maréchal, découvre ne "vivre" qu'un jour sur deux. Le matin, ses souvenirs de la veille n'existent pas, et il ne peut se rappeler que de l'avant-veille ! Lubin en vient bientôt à comprendre que son corps est habité par un deuxième moi, un jour sur deux. Bien évidemment, ce doppelgänger n'a ni les mêmes goûts que lui, ni le même projet de vie, sans compter la même compagne ! Les deux personnalités, après s'être ignorées, commencent à se parler, à coopérer, avant de s'affronter dans une querelle autodestructrice, car l'une et l'autre partagent le même corps, et ont la même mère et la même sœur. Bien évidemment, tout l'entourage de Lubin va interagir avec les deux personnalités.
La relation de la maman du jeune homme avec les doubles est d'ailleurs fort bien ciselée, car elle nous montre que ni l'un, ni l'autre n'incarne l'archétype du bon ou du mauvais fils. En effet, les deux personnalités se complètent et sont nécessaires au bonheur matériel et spirituel de leur mère. Je serais tentée d'y voir une parabole de la vie humaine. Nous avons plusieurs facettes et c'est leur indispensable réunion qui fait de nous ce que nous sommes.
On peut aussi tenter une autre interprétation qui est que nos choix façonnent notre vie, et que notre destinée aurait pu être tout autre. Dans la BD, Lubin est un acrobate alors que son double est un homme d'affaires avisé.
Les personnages secondaires sont remarquables. Chacun est merveilleusement typé, et nous suivons, indirectement, leur histoire. Des scénarios dans le scénario en quelque sorte ! Les psychologues en "prennent pour leur grade" et se révèlent durs, insensibles et intéressés !
Le scénario s'étire sur toute une vie. Le Boucher distille le suspens et l'émotion avec un art consommé, notamment lorsque l'alternance des jours se détraque, et que le double occupe le corps de plus en plus souvent.... L'auteur se risque même à imaginer notre futur, et construit une étrange société où certaines femmes portent la barbe !
Le graphisme reflète les goûts de Le Boucher et fait irrésistiblement penser aux mangas. Les vignettes manquent un peu de consistance.
Ces jours qui disparaissent a reçu des critiques très favorables de tous les media, y compris ceux ne traitant pas habituellement de BD comme par exemple Télérama : http://www.telerama.fr/livres/ces-jours-qui-disparaissent,n5213464.php. N'hésitez pas. C'est une découverte qui mérite le détour.
Eléanore
Un jeune homme, Lubin Maréchal, découvre ne "vivre" qu'un jour sur deux. Le matin, ses souvenirs de la veille n'existent pas, et il ne peut se rappeler que de l'avant-veille ! Lubin en vient bientôt à comprendre que son corps est habité par un deuxième moi, un jour sur deux. Bien évidemment, ce doppelgänger n'a ni les mêmes goûts que lui, ni le même projet de vie, sans compter la même compagne ! Les deux personnalités, après s'être ignorées, commencent à se parler, à coopérer, avant de s'affronter dans une querelle autodestructrice, car l'une et l'autre partagent le même corps, et ont la même mère et la même sœur. Bien évidemment, tout l'entourage de Lubin va interagir avec les deux personnalités.
La relation de la maman du jeune homme avec les doubles est d'ailleurs fort bien ciselée, car elle nous montre que ni l'un, ni l'autre n'incarne l'archétype du bon ou du mauvais fils. En effet, les deux personnalités se complètent et sont nécessaires au bonheur matériel et spirituel de leur mère. Je serais tentée d'y voir une parabole de la vie humaine. Nous avons plusieurs facettes et c'est leur indispensable réunion qui fait de nous ce que nous sommes.
On peut aussi tenter une autre interprétation qui est que nos choix façonnent notre vie, et que notre destinée aurait pu être tout autre. Dans la BD, Lubin est un acrobate alors que son double est un homme d'affaires avisé.
Les personnages secondaires sont remarquables. Chacun est merveilleusement typé, et nous suivons, indirectement, leur histoire. Des scénarios dans le scénario en quelque sorte ! Les psychologues en "prennent pour leur grade" et se révèlent durs, insensibles et intéressés !
Le scénario s'étire sur toute une vie. Le Boucher distille le suspens et l'émotion avec un art consommé, notamment lorsque l'alternance des jours se détraque, et que le double occupe le corps de plus en plus souvent.... L'auteur se risque même à imaginer notre futur, et construit une étrange société où certaines femmes portent la barbe !
Le graphisme reflète les goûts de Le Boucher et fait irrésistiblement penser aux mangas. Les vignettes manquent un peu de consistance.
Ces jours qui disparaissent a reçu des critiques très favorables de tous les media, y compris ceux ne traitant pas habituellement de BD comme par exemple Télérama : http://www.telerama.fr/livres/ces-jours-qui-disparaissent,n5213464.php. N'hésitez pas. C'est une découverte qui mérite le détour.
Eléanore