Bonjour
Le titre de ce livre-BD (?) fait bien évidemment référence au roman et au film éponyme 50 nuances de Grey. Jouant habilement sur une ressemblance phonétique, Grec-Grey, Pépin nous livre un savant mélange d'érudition et d'humour (parfois grivois). Nous sommes donc bien loin de la sulfureuse romance érotique de Mme James.
On peut surtout comparer l'ouvrage avec un dictionnaire de la mythologie grecque. Les principales déités sont présentées et expliquées avec beaucoup d'intelligence et de cocasserie. Et chaque personnage bénéficie d'un texte et d'une scénette dessinée fort drôle d'une ou deux pages. En fait, le rire et la légèreté viennent de l'actualisation des mythes. Les divinités affrontent ici les tracas de la vie moderne, à l'instar d'un Monsieur Hulot ! Ainsi, Zeus doit négocier ses pensions alimentaires ! Pan est bien évidemment comparé à Dominique Strauss-Kahn . Quant à Narcisse, un selfie de trop le transforme en fond d'écran ! Le GPS de Thésée fonctionne fort mal et il ne peut donc éviter le minotaure ! Et que dire de Dédale qui ne peut pas ouvrir son labyrinthe, car l'autorisation administrative lui est refusée !
Goscinny avait déjà exploré ce registre dans un des Dingodossiers, et je me souviens de Samson rabrouant le coiffeur qui lui propose de lui couper les cheveux alors que le héros souhaite simplement se faire tailler la barbe ! Pépin va beaucoup plus loin. La distraction est ici mise au service de l'enseignement. Voltaire, dans son dictionnaire philosophique, déclare en préface : Nous avons tâché de joindre l'agréable à l'utile... les personnes de tout état trouverons quoi s'instruire en s'amusant. Avec 50 nuances de grecs, le scénariste fait sienne cette maxime, et nous invite à réfléchir sous couvert de dérision. En fouillant sur Internet, on y apprend d'ailleurs que Pépin enseigne la philosophie.
Le dessin de Jul est très efficace, presque caricatural, et il ménage parfaitement les chutes en bas de page. Les couleurs sont vives, et renforcent les propos. Ainsi, dans les extraits ci-dessus, les robes de l'avocat et du juge sont délicieusement noires ! Cela évoque Morris, ce qui n'est d'ailleurs pas surprenant vu que Jul a scénarisé un des tout derniers Lucky Luke, La Terre Promise).
Je me suis beaucoup amusée et instruite en lisant l'ouvrage. A lire et relire sans modération les jours de tristesse.
Bon dimanche
Eléanore
Le titre de ce livre-BD (?) fait bien évidemment référence au roman et au film éponyme 50 nuances de Grey. Jouant habilement sur une ressemblance phonétique, Grec-Grey, Pépin nous livre un savant mélange d'érudition et d'humour (parfois grivois). Nous sommes donc bien loin de la sulfureuse romance érotique de Mme James.
On peut surtout comparer l'ouvrage avec un dictionnaire de la mythologie grecque. Les principales déités sont présentées et expliquées avec beaucoup d'intelligence et de cocasserie. Et chaque personnage bénéficie d'un texte et d'une scénette dessinée fort drôle d'une ou deux pages. En fait, le rire et la légèreté viennent de l'actualisation des mythes. Les divinités affrontent ici les tracas de la vie moderne, à l'instar d'un Monsieur Hulot ! Ainsi, Zeus doit négocier ses pensions alimentaires ! Pan est bien évidemment comparé à Dominique Strauss-Kahn . Quant à Narcisse, un selfie de trop le transforme en fond d'écran ! Le GPS de Thésée fonctionne fort mal et il ne peut donc éviter le minotaure ! Et que dire de Dédale qui ne peut pas ouvrir son labyrinthe, car l'autorisation administrative lui est refusée !
Goscinny avait déjà exploré ce registre dans un des Dingodossiers, et je me souviens de Samson rabrouant le coiffeur qui lui propose de lui couper les cheveux alors que le héros souhaite simplement se faire tailler la barbe ! Pépin va beaucoup plus loin. La distraction est ici mise au service de l'enseignement. Voltaire, dans son dictionnaire philosophique, déclare en préface : Nous avons tâché de joindre l'agréable à l'utile... les personnes de tout état trouverons quoi s'instruire en s'amusant. Avec 50 nuances de grecs, le scénariste fait sienne cette maxime, et nous invite à réfléchir sous couvert de dérision. En fouillant sur Internet, on y apprend d'ailleurs que Pépin enseigne la philosophie.
Le dessin de Jul est très efficace, presque caricatural, et il ménage parfaitement les chutes en bas de page. Les couleurs sont vives, et renforcent les propos. Ainsi, dans les extraits ci-dessus, les robes de l'avocat et du juge sont délicieusement noires ! Cela évoque Morris, ce qui n'est d'ailleurs pas surprenant vu que Jul a scénarisé un des tout derniers Lucky Luke, La Terre Promise).
Je me suis beaucoup amusée et instruite en lisant l'ouvrage. A lire et relire sans modération les jours de tristesse.
Bon dimanche
Eléanore