Bonjour
Il faut flinguer Ramirez est une BD, écrite et dessinée par Nicolas Petrimaux.
Jacques Ramirez, un quadragénaire, muet, travaille chez Robotop (!), un fabricant d’aspirateur. La vie de Ramirez est sans histoire jusqu’à ce qu’il croise, par hasard, deux truands. Et ces derniers croient alors reconnaitre un tueur à gage, avec lequel leur patron semble avoir eu maille à partir. Une deuxième intrigue met en scène Chelsea Tyler, une actrice, et Dakota Smith, son amie, poursuivies par la police après un « dérapage » sur un tournage. Les deux trames vont s’entrelacer lorsque Ramirez monte dans le véhicule des fugitives pour échapper à Ramon, un des assassins du caïd.
La BD même allègrement le suspense, la violence et l’humour. L’opposition entre le personnage placide de Ramirez et les coupe-jarrets de tout poil est cocasse et l’auteur en joue. Ainsi, la première attaque contre Ramirez intervient au moment où son entreprise lance à grand renfort de media un nouvel aspirateur et décerne au technicien le titre d’employé de l’année. Pour l'anecdote (!), le centre de recherche de Robotop ne s’en remettra pas car il explose dans une apocalypse de feu !
L’œuvre lorgne du côté du cinéma. Le titre est bien évidemment une parodie d’Il faut sauver le soldat Ryan. Et « flinguer» fait penser aux Tontons flingueurs, d’autant plus que les deux œuvres recourent au même cocktail de brutalité grand-guignolesque, d’absurdité, de personnages hauts en couleur et de vocabulaire vert. On peut, aussi et surtout, regarder du côté de Quentin Tarantino. L’usage de plusieurs lignes temporelles, la violence maladive des tueurs, l’humour et le rôle important des femmes font clairement référence à Pulp Fiction. Même si Ramirez ne ressemble pas à Bruce Willis, ni Ramon à John Travolta ! De plus, l’intrigue se déroule aux États-Unis. Quant à la deuxième intrigue, la cavale des deux héroïnes, leur amitié, rappellent Thema et Louise. Bon, la BD n’en est qu’à son premier tome… et nous allons souhaiter à Chelsea et à Dakota d’échapper au destin tragique des deux personnages du film de Ridley Scott. Enfin, après la course poursuite de rigueur, l’ouvrage se termine par un générique de fin, comme si notre séance de cinéma se terminait ! Et puis, une bande annonce présente le deuxième tome ! Hollywood, quand tu nous tiens !
Nicolas Petrimaux joue aussi sur l’objet BD, et des pages de publicité ainsi que des extraits de journaux sont insérés dans l’histoire. La qualité des pastiches renforce l’authenticité du livre et l’ancre dans l’ouest américain et dans les années 80. La ville où se déroule l’action, Falcon City, ressemble d’ailleurs fortement à Phoenix (https://fr.wikipedia.org/wiki/Phoenix_(Arizona)) ! Et naturellement, les publicités sont burlesques. Ainsi celle vantant les mérites d’une voiture pérore : vous pouvez désormais rouler sur l’autoroute en utilisant toutes les vitesses de votre boite automatique simultanément pour une vitesse accrue de 507%. On retrouve bien évidemment la même emphase dans la réclame pour l’aspirateur : Doté d’un moteur V8 à impulsion thermoréactive son corps, en carbone poly-alliagé vous procurera un plaisir sans précédent ! Et pour votre confort, vous pourrez compter sur son gigatube en métal renforcé. Je confie d’ailleurs y percevoir une métaphore grivoise où l’aspirateur se transforme en un amant parfait pour le plus grand plaisir de la ménagère de moins de 50 ans si chère aux publicistes ! Les pages de journaux ne sont pas en reste comme l’illustre le titre de cet article : Manger 13 kg de viande par jour serait très mauvais pour la santé des Américains !
Le graphisme est très dynamique et on pense aux comics ou aux mangas. Le découpage des planches est à mille lieues du gaufrier. La place et la taille des vignettes participent du rythme endiablé. De plus, toute la surface des pages est imprimée, ce qui renforce l’immersion dans l’univers. De toute façon, ne sommes-nous pas dans un cinéma, face à un écran géant ?!
Les visages sont merveilleusement expressifs. Ramirez est parfaitement croqué et son expression triomphale lorsqu’il réussit à réparer un aspirateur est à hurler de rire. Dans un autre registre, l’inquiétude, l’amitié, l’amour se lisent aisément dans les traits de Chelsea et Dakota.
Les couleurs fleurent bon l’Arizona et une palette recourant fréquemment au rouge et à l’orange donne vie à cette ville assommée par le soleil, où le désert n’est pas loin. Et puis, le rouge, c’est aussi la couleur du sang ! Et là, nous sommes gâtés. L’hémoglobine coule à flot et les cadavres sanguinolents ne nous sont pas épargnés. La censure n’eut jamais laissé passer cela dans les années 50 !
D’après mon libraire, le succès d’Il faut flinguer Ramirez dépasse les espérances de Glénat et l’ouvrage est en rupture d’impression. Si vous aimez le cinéma américain, l’action et l’humour noir, n’hésitez pas ! Et l’ABCD a classé la BD dans les 20 indispensables de l’été 2018 : http://www.actuabd.com/ACBD-Les-20-Indispensables-de-l-ete-2018.
Eléanore
Il faut flinguer Ramirez est une BD, écrite et dessinée par Nicolas Petrimaux.
Jacques Ramirez, un quadragénaire, muet, travaille chez Robotop (!), un fabricant d’aspirateur. La vie de Ramirez est sans histoire jusqu’à ce qu’il croise, par hasard, deux truands. Et ces derniers croient alors reconnaitre un tueur à gage, avec lequel leur patron semble avoir eu maille à partir. Une deuxième intrigue met en scène Chelsea Tyler, une actrice, et Dakota Smith, son amie, poursuivies par la police après un « dérapage » sur un tournage. Les deux trames vont s’entrelacer lorsque Ramirez monte dans le véhicule des fugitives pour échapper à Ramon, un des assassins du caïd.
La BD même allègrement le suspense, la violence et l’humour. L’opposition entre le personnage placide de Ramirez et les coupe-jarrets de tout poil est cocasse et l’auteur en joue. Ainsi, la première attaque contre Ramirez intervient au moment où son entreprise lance à grand renfort de media un nouvel aspirateur et décerne au technicien le titre d’employé de l’année. Pour l'anecdote (!), le centre de recherche de Robotop ne s’en remettra pas car il explose dans une apocalypse de feu !
L’œuvre lorgne du côté du cinéma. Le titre est bien évidemment une parodie d’Il faut sauver le soldat Ryan. Et « flinguer» fait penser aux Tontons flingueurs, d’autant plus que les deux œuvres recourent au même cocktail de brutalité grand-guignolesque, d’absurdité, de personnages hauts en couleur et de vocabulaire vert. On peut, aussi et surtout, regarder du côté de Quentin Tarantino. L’usage de plusieurs lignes temporelles, la violence maladive des tueurs, l’humour et le rôle important des femmes font clairement référence à Pulp Fiction. Même si Ramirez ne ressemble pas à Bruce Willis, ni Ramon à John Travolta ! De plus, l’intrigue se déroule aux États-Unis. Quant à la deuxième intrigue, la cavale des deux héroïnes, leur amitié, rappellent Thema et Louise. Bon, la BD n’en est qu’à son premier tome… et nous allons souhaiter à Chelsea et à Dakota d’échapper au destin tragique des deux personnages du film de Ridley Scott. Enfin, après la course poursuite de rigueur, l’ouvrage se termine par un générique de fin, comme si notre séance de cinéma se terminait ! Et puis, une bande annonce présente le deuxième tome ! Hollywood, quand tu nous tiens !
Nicolas Petrimaux joue aussi sur l’objet BD, et des pages de publicité ainsi que des extraits de journaux sont insérés dans l’histoire. La qualité des pastiches renforce l’authenticité du livre et l’ancre dans l’ouest américain et dans les années 80. La ville où se déroule l’action, Falcon City, ressemble d’ailleurs fortement à Phoenix (https://fr.wikipedia.org/wiki/Phoenix_(Arizona)) ! Et naturellement, les publicités sont burlesques. Ainsi celle vantant les mérites d’une voiture pérore : vous pouvez désormais rouler sur l’autoroute en utilisant toutes les vitesses de votre boite automatique simultanément pour une vitesse accrue de 507%. On retrouve bien évidemment la même emphase dans la réclame pour l’aspirateur : Doté d’un moteur V8 à impulsion thermoréactive son corps, en carbone poly-alliagé vous procurera un plaisir sans précédent ! Et pour votre confort, vous pourrez compter sur son gigatube en métal renforcé. Je confie d’ailleurs y percevoir une métaphore grivoise où l’aspirateur se transforme en un amant parfait pour le plus grand plaisir de la ménagère de moins de 50 ans si chère aux publicistes ! Les pages de journaux ne sont pas en reste comme l’illustre le titre de cet article : Manger 13 kg de viande par jour serait très mauvais pour la santé des Américains !
Le graphisme est très dynamique et on pense aux comics ou aux mangas. Le découpage des planches est à mille lieues du gaufrier. La place et la taille des vignettes participent du rythme endiablé. De plus, toute la surface des pages est imprimée, ce qui renforce l’immersion dans l’univers. De toute façon, ne sommes-nous pas dans un cinéma, face à un écran géant ?!
Les visages sont merveilleusement expressifs. Ramirez est parfaitement croqué et son expression triomphale lorsqu’il réussit à réparer un aspirateur est à hurler de rire. Dans un autre registre, l’inquiétude, l’amitié, l’amour se lisent aisément dans les traits de Chelsea et Dakota.
Les couleurs fleurent bon l’Arizona et une palette recourant fréquemment au rouge et à l’orange donne vie à cette ville assommée par le soleil, où le désert n’est pas loin. Et puis, le rouge, c’est aussi la couleur du sang ! Et là, nous sommes gâtés. L’hémoglobine coule à flot et les cadavres sanguinolents ne nous sont pas épargnés. La censure n’eut jamais laissé passer cela dans les années 50 !
D’après mon libraire, le succès d’Il faut flinguer Ramirez dépasse les espérances de Glénat et l’ouvrage est en rupture d’impression. Si vous aimez le cinéma américain, l’action et l’humour noir, n’hésitez pas ! Et l’ABCD a classé la BD dans les 20 indispensables de l’été 2018 : http://www.actuabd.com/ACBD-Les-20-Indispensables-de-l-ete-2018.
Eléanore