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Les Démons de Sparte (Alix Senator 4)

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stephane
Loup79
Draculea
Tarmac
bruno
Raymond
Muad85
12 participants

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bruno

bruno
grand maître
grand maître

Je confirme : le 4 novembre, tir groupé des 4 titres Univers Martin... A suivre donc...
Re changement... nous attendons la date définitive de la sortie du Alix Senator finalement...

http://www.canalbd.net

Draculea

Draculea
vieux sage
vieux sage

Il est disponible ! Je viens de le trouver ! cheers Very Happy

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Monocle

Monocle
grand maître
grand maître

Moi aussi, moi aussi! bounce bounce cheers
Vite! Je le lis

Loup79


grand maître
grand maître

Également, Decitre viennent de me l'envoyer. cheers cheers cheers

stephane

stephane
vieux sage
vieux sage

qui l'a lu? Moi, je l'ai mais je n'ai pas encore eu le temps de le lire...

http://alixmag.canalblog.com/

Raymond

Raymond
Admin

stephane a écrit:qui l'a lu? Moi, je l'ai mais je n'ai pas encore eu le temps de le lire...

Pour ma part, je viens de le lire cet après-midi, mais je n'ai pas encore eu le temps de parler. Wink


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Loup79


grand maître
grand maître

stephane a écrit:qui l'a lu? Moi, je l'ai mais je n'ai pas encore eu le temps de le lire...
Pas pu le lire. J'ai dû le renvoyer, il y avait une page déchirée. Crying or Very sad Je lis "Par-delà le Styx" pour l'instant.

Draculea

Draculea
vieux sage
vieux sage

Oui, je l'ai lu. Il est remarquable. Sombre dans la pleine lumière étrange qu'il fait flotter sur les monuments, villes, villages et campagnes d'une Grèce terrassée par Rome, où bout encore à pulsations fébriles, sourdes et parfois paroxystiques l'ancien esprit. C'est un très bel album, travaillé d'une grande mélancolie de civilisation et de personnages. Finalement au diapason de notre époque !

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Loup79


grand maître
grand maître

Alix Senator est plus adulte qu'Alix au final.

Raymond

Raymond
Admin

Il me semble que nous sommes tous bien timides devant ce nouvel opus d'Alix Senator !  

Il est vrai que les nouveautés martiniennes défilent "à la queue leu leu" en ce mois de novembre. On n'a presque plus le temps de les savourer. Serait-ce l'indigestion ?  Wink

Peut être est-il préférable dans ce cas précis d'aborder l'album de biais, en commençant à s'intéresser aux détails qui l'enrichissent. Nous parlerons du principal (le scénario, le fond historique, les décors ou le graphisme) un peu plus tard.

Il y a en fait beaucoup à dire sur les détails, car les auteurs nous proposent de belles trouvailles dans "les Démons de Sparte".

Commençons avec Heraklion !

Dans les "3 albums grecs" de Jacques Martin, il n'est qu'un enfant assez passif. Il a une certaine noblesse dans son maintien, mais s'exprime peu. Comment deviner ce qu'il va devenir.

Valérie Mangin et Thierry Demarez nous proposent une issue assez logique. L'enfant est devenu un vrai spartiate (ce que Marc Jailloux suggérait d'ailleurs déjà dans Par delà de Styx), et il nous apparait comme un soldat barbu, d'aspect énergique et aux traits assez sévères.

Cette transformation est séduisante, et elle nous suggère toute une vie (encore mal connue) d'aventures de combats et d'expériences diverses. La confrontation du portrait que dessine Marc Jailloux, avec celui de Thierry Demarez, est à cet égard assez impressionnante.

Les Démons de Sparte (Alix Senator 4) - Page 2 Herakl10      Les Démons de Sparte (Alix Senator 4) - Page 2 Herakl12

Héraklion devient vraiment intéressant !  On a envie d'en savoir plus sur sa vie. Very Happy

Et bien sûr, quand on s'intéresse aux personnages, on s'intéresse d'autant mieux au récit que nous racontent les auteurs.  Wink


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Raymond

Raymond
Admin

Autre grand retour dans "les Démons de Sparte" : celui de Numa Sadulus !

Ce personnage est apparu dans l'Enfant grec, et pour le créer, Jacques Martin s'était inspiré du critique de bande dessinée Numa Sadoul. Ce dernier a fait une belle carrière de critique, en publiant plusieurs interviews très complètes de grands auteurs de BD (Franquin, Hergé ou Uderzo) et Jacques Martin lui trouvait une personnalité un peu équivoque. Je vous ai déjà montré dans un autre sujet la formidable ressemblance de Numa Sadulus avec son modèle.

Les Démons de Sparte (Alix Senator 4) - Page 2 Numasa10

Numa Sadulus s'était compromis avec Arbacès dans la Chute d'Icare avant de s'éclipser avec une bande de pirates. Il réapparait dans les Démons de Sparte et ressemble cette fois-ci beaucoup plus à un scélérat, même s'il reste élégant et cultivé.

Ce grand retour explique bien sûr le choix de Numa Sadoul pour écrire la préface des Démons de Sparte.  Wink

Sadoul semble s'étonner de la ressemblance persistante de Numa Sadulus avec lui-même, mais je pense qu'il n'y a pas de hasard. Thierry Demarez s'est probablement aidé avec des photos récentes. Je n'ai moi-même pas eu de peine à trouver un portrait actuel du critique sur Internet.

Voilà d'ailleurs ce que donne cette nouvelle comparaison entre les deux visages.

Les Démons de Sparte (Alix Senator 4) - Page 2 Sadoul10

Remarquons que dans ce nouvel album, Numa Sadulus se montre plutôt malfaisant, mais qu'Alix semble incapable de le punir de ses méfaits. Alix serait-il lui aussi devenu ambigu ?


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Raymond

Raymond
Admin

Et parmi tous les détails (les merveilleux détails) qui embellissent cet album, il y a aussi les énigmes que Valérie Mangin intègre dans son récit. On peut supposer qu'elles seront la source de nouvelles aventures, dans des albums ultérieurs.

Il y a en particulier cette énigmatique rencontre de Titus avec la pythie de Delphes. Manifestement, le fils d'Alix s'interroge depuis longtemps sur l'identité de sa mère, mais l'oracle lui donne une réponse énigmatique.

Les Démons de Sparte (Alix Senator 4) - Page 2 Titus_10

Pauvre Titus, dont nous partageons un peu le désarroi, puisque nous aussi aimerions savoir le nom de sa mère (la question a d'ailleurs déjà été posée sur ce forum Wink  ).

Quel est donc ce danger mortel qui plane autour de la mère de Titus ? Qui peut être cette grande dame romaine, probablement entourée d'intrigues, qui n'a probablement pas intérêt à faire connaître l'existence de son fils ? Quelques idées me viennent en tête, mais elles me semblent bien hasardeuses. Question


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Draculea

Draculea
vieux sage
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Je partage bien ton sentiment Raymond et puisque tu as mentionné cette énigme en montrant la case dans laquelle elle est exprimée, je souligne à mon tour combien l'image elle-même m'a semblé fascinante, toute rougeoyante avec la Pythie en transe, qui semble en lévitation dans les vapeurs et présente cet extraordinaire visage au yeux clos qui n'est pas loin de faire songer à L'extase de Sainte Thérèse par Le Bernin !




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Raymond

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Admin

Il y a de l'idée !   pouce  

Ce qui est certain, c'est que Thierry Demarez a une formation graphique très classique. Il n'était pas au départ un grand amateur de BD et a longtemps dessiné des décors de théâtre, avant de rencontrer Valérie Mangin. Il s'inspire de ce fait d'une palette d'images bien différentes de celles de Marc Jailloux, par exemple, qui est lui un vrai bédéphile devenu ensuite un auteur.

Cette expertise en matière de décors convient singulièrement bien à cet album qui montre Alix et sa troupe en train de traverser une Grèce en ruines. Le dessinateur accumule les belles images, tandis que les personnages commentent le triste destin des villes grecques.

Les Démons de Sparte (Alix Senator 4) - Page 2 Dycor_10

Aux villages dépeuplés succèdent des monuments oubliés. Ces images devraient devrait être tristes, mais elles suscitent paradoxalement une pointe d'admiration. Le drame est remplacé par une émotion esthétique. On éprouve une sorte de "plaisir des ruines" pendant cette traversée du Péloponnèse, et cet attrait pour la belle image domine même le récit tout entier.

Les Démons de Sparte (Alix Senator 4) - Page 2 Dycor_11


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Raymond

Raymond
Admin

Cette image d'une Grèce en ruine nous confronte tout naturellement au contexte historique, qui est fort intelligemment restitué. Parlons donc un peu de l'Histoire grecque, avec un grand "H".  Very Happy

Au temps de Jules César, la Grèce était romaine depuis environ un siècle. Notons au passage que la défaite assez rapide de la Grèce en face des légions romaines reste pour moi un sujet d'étonnement, car les phalanges grecques avaient dominé auparavant le Moyen Orient pendant au moins trois siècles. Même divisées, les cités grecques constituaient une puissance militaire redoutable, mais elles n'ont finalement pas pesé lourd face à l'extension romaine. Je n'arrive pas à retenir le nom du consul romain qui a définitivement vaincu les grecs (Jacky-Charles pourra certainement nous le rappeler), mais il est un fait que ce général reste curieusement peu connu, tandis que l'on célèbre celui de Jules César, pour un exploit qui n'était au fond pas très supérieur.

Plus d'un siècle après la conquête romaine, j'imagine que les villages grecs devaient s'être progressivement repeuplés, mais il devait quand même subsister de nombreuses traces des guerres et des destructions. Valérie Mangin imagine une ville de Delphes presque désertique, et cela m'a surpris. Cette vision contraste en tout cas singulièrement avec les images que nous montrait Jacques Martin dans le Cheval de Troie.

Une image de Delphes par Thierry Demarez, tout d'abord !

Les Démons de Sparte (Alix Senator 4) - Page 2 Delphe10

Et maintenant une image du Cheval de Troie.

Les Démons de Sparte (Alix Senator 4) - Page 2 Delphe11

Amusante différence, n'est-ce pas ?  Very Happy

Qui a raison ? Quel était l'état de la Grèce au temps de Jules César ? Qu'en pensent les férus d'Histoire, comme Ajax, ou Jacky-Charles ?  Smile


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Draculea

Draculea
vieux sage
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Ton analyse est extrêmement intéressante. J'ignorais que Thierry Demarez avait été dessinateur de décors de théâtre. Il est certain que cette dimension contribue à la façon très particulière et très belle qu'il a de mettre en scène les lieux, comme dans cette splendide case où les ruines blanches enchâssées dans la végétation arrachent à l'un des personnages l'exclamation : quel endroit étrange !
Il y a en effet un "plaisir des ruines" ainsi que tu le dis très justement - c'est d'ailleurs une très belle expression - différent de celui qu'on trouverait dans la peinture d'Hubert Robert chez qui l'évocation des ruines exprime une forme de mélancolie non dépourvue de dimensions ténébreuses, paradoxalement propres à l'Age des Lumières lorsque celui-ci atteint les lisières de la sensibilité préromantique. Ce qui se voit aux lumière fauves et au cieux souvent chargés ou nimbés d'une clarté diffuse qui évoque les fins de journée quand le soleil a déjà basculé, alors que dans Les Démons de Sparte, nous avons une plénitude des lieux sous la lumière exacte du soleil et de l'azur. Ci- dessous par Hubert Robert, les ruines de Nîmes, une toile de 1760 :

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La beauté des lieux représentés évoque, mais d'une autre façon le temple abandonné du Lac sacré, dans les aventures d'Orion :dans l'album de Jacques Martin, la ruine est mystérieuse, mais bucolique et apaisante. Elle jouera d'ailleurs un rôle protecteur. Dans Les Démons de Sparte, en dépit  de sa beauté sous le soleil, elle est d'une étrangeté un peu angoissante, ce que traduit d'ailleurs l'exclamation du personnage.


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Je ne suis en enfin pas étonné de ce que tu dis au sujet de la formation classique de Thierry Demarez. Ses vues de campagne et d'édifices, ruines ou villages, maisons patriciennes, etc., m'évoquent aussi les  vues de campagne romaine et des antiquités de la ville éternelle de la peinture classique ou néo classique. Ici une vue du Temple d'Antonin et Faustine, forum romain, par le peintre suisse Franz Kaiserman, (Yverdon 1765 - Rome 1833) :


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De ce point de vue, je trouve que Les Démons de Sparte est d'une exceptionnelle richesse qui fait qu'indépendamment du récit lui-même et du plaisir qu'il nous donne, nous pouvons également lire cet album comme une suite magnifiquement orchestrée de vues de Grèce au début de l'empire. C'est à ce titre aussi un album au sens classique, c'est-à-dire un recueil de belles images, tels qu'on aimait les parcourir et les contempler jusque au XIX° siècle.


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Dernière édition par Draculea le Sam 5 Déc - 12:16, édité 1 fois

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Loup79


grand maître
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pouce Je me régale de vous lire. Continuez à débattre de la sorte. pouce

(avec ça, toujours pas d'Alix Senator tome 4 entre les mains... Crying or Very sad )

Tarmac

Tarmac
vieux sage
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Maintenant dans la restitution historique, il faut bien prendre en compte que la Grèce classique de Périclès, celle des Philosophes et dec Pythagoriciens, est antérieure de 5 siècles avec Alix sénator. C'est un peu comme si l'on comparait la Renaissance avec la période contemporaine de notre société. La vision idéalisée de Jacques Martin dans l'enfant grec ou le cheval de Troie correspond plus à mon sens à la période grecque classique ou à celle macédonienne, des cités Hellénistiques resplendissantes des IV et IIIème siècles.
De ce point de vue, je trouve que Thierry Demarez objective les décors d'une Grèce post-classique et donne une vision qui doit être proche somme toute des témoins des "Démons de Sparte", le titre à cet égard est tout à fait suggestif. Wink
Je relisais récemment la biographie de Sylla qui était venu guerroyer dans la Péninsule quelques décennies auparavant, mais je ne saurais donner le nom du/des consuls romains qui ont fini d'achever la civilisation de Périclès et de Lycurgue.

AJAX

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grand maître
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Raymond a écrit:Qui a raison ? Quel était l'état de la Grèce au temps de Jules César ? Qu'en pensent les férus d'Histoire, comme Ajax, ou Jacky-Charles ? Smile
Ainsi que je l’ai toujours professé : Alix est un voyageur spatio-temporel. Du moins, dans la vision de Jacques Martin (je réserve mon jugement en ce qui concerne ses continuateurs, mais je note la tendance à référer à des moments historiques précis comme Munda (L’Ibère) ou Thapsus (Par-delà le Styx)). Qu’entends-je par voyageur spatio-temporel ? Dans sa vision idéalisée de l’Antiquité, le Maître rapportait des moments de civilisation qui n’existaient plus au temps d’Alix, en -50. La Mésopotamie euh ! « Assyro-sumérienne » de LA TIARE D’ORIBAL, l’Egypte de l’Age du bronze dans LE SPHINX D’OR, L’ILE MAUDITE, LE PRINCE DU NIL etc. (au fait, quelqu’un a-t-il des nouvelles de Moralès et du troisième opus d’HOTEP ?, lui au moins respectait le contexte macédonien de ses histoires égyptiennes).

Bon, donc dans le DERNIER SPARTIATE, Martin imagine en un lieu indéterminé des Balkans une survivance de la Grèce classique au temps de Jules César : c’est tout à la fois une uchronie et une utopie. Je souligne la bizarre notion d’une forteresse « spartiate », eux qui justement considéraient ne pas avoir besoin de murailles, la poitrine des hoplites y suffisant . Mais bon, soit !, le spécialiste de l’architecture militaire grecque, Jean-Pierre ADAM a noté une proximité entre la reconstitution de Martin et le site hellénistique de Pydna [Kydna] en Lycie, qu’il était en train de fouiller…
Martin y reviendra dans L’ENFANT GREC et dans LE CHEVAL DE TROIE. Son Athènes est celle de Périclès ; je ne saurais trop dire ce qui y a notablement changé sous Alexandre au siècle suivant… ni au temps de César en -50. Certes, lors de la guerre contre Mithridate, la ville a été assiégée par Sylla en -86 et pillée. Des œuvres d’art et même des bâtiments ont été démontés pour être emportés à Rome – je songe à telle épave contenant des colonnes grecques, fouillées par Cousteau au large de la Tunisie dans les ’50 (l’épave de Madhia : https://fr.wikipedia.org/wiki/Épave_de_Mahdia ).
On peut donc concevoir que des traces de combat devaient subsister (quand on songe que le sénat de Rome, qui avait brûlé en février 52, n’avait toujours pas été reconstruit lors de l’assassinat de César, mars 44, qui eut lieu au théâtre de Pompée !!!). Mais cela n’empêchait pas les aristocrates romains d’y venir étudier la philosophie – comme Marc Antoine en -57. Ni à un milliardaire comme l’ami de Cicéron, Hérode Atticus d’y résider.

Mais soit, l’Athènes de JM est celle de l’âge d’Or de Périclès, sauf que sur l’Acropole les légionnaires ont remplacé les hoplites. Il y reviendra avec une joie sans mélange dans sa série ORION.

Dans LES DEMONS DE SPARTE, qui se situe 30 ans plus tard par rapport à la série initiale d’Alix, Valérie Mangin et Thierry Demarez ont choisi de mettre l’accent sur le fait que les Romains ont pillé la Grèce. J’ajouterais que Philippe de Macédoine y a guerroyé ; que les Diadoques (les généraux, successeurs d’Alexandre) s’y sont à maintes reprises affrontés ; qu’en 290, les Gaulois d’un autre Brennus ont attaqué Delphes ; puis que les deux ligues rivales – l’étolienne et l’achéenne –, pro- ou anti-macédonienne, se sont fait la guerre (rappelons la rivalité en Argos et Sparte, qui a fait qu’en définitive Nabis, dernier tyran de Sparte, entoura la ville de murailles ca. 192 – du jamais vu), et que finalement les Romains vainqueurs de la Ligue achéenne rasèrent Corinthe en 146, la même année que Carthage. J’en passe et j’en oublie, je n’ai pas la liste sous les yeux.

Donc cette image de la Grèce en ruines - assez inhabituelle en BD, mais que le touriste lambda connaît bien – ne me choque pas a priori.
Je signale au passage que l’édition toilée des DEMONS DE SPARTE contient un petit dossier dont les non-initiés feront leur profit.

Draculea

Draculea
vieux sage
vieux sage

Passionnante analyse ! J'aime beaucoup la définition d'Alix en voyageur spatio-temporel, belle formule qui est très juste puisque en effet Jacques Martin a parfois délibérément uni au temps césarien des périodes et des lieux en décalage ! C'st aussi ce qui fait le charme infini de cette série que l'articulation entre exactitude et poésie temporelle. Merci en tout cas Ajax pour ces éléments !

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AJAX

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grand maître
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Raymond a écrit: Au temps de Jules César, la Grèce était romaine depuis environ un siècle. Notons au passage que la défaite assez rapide de la Grèce en face des légions romaines reste pour moi un sujet d'étonnement, car les phalanges grecques avaient dominé auparavant le Moyen Orient pendant au moins trois siècles. Même divisées, les cités grecques constituaient une puissance militaire redoutable, mais elles n'ont finalement pas pesé lourd face à l'extension romaine. Je n'arrive pas à retenir le nom du consul romain qui a définitivement vaincu les grecs (Jacky-Charles pourra certainement nous le rappeler), mais il est un fait que ce général reste curieusement peu connu, tandis que l'on célèbre celui de Jules César, pour un exploit qui n'était au fond pas très supérieur.

Si les hoplites grecs ont surclassé les Perses et leurs sujets, c’est sans doute parce que mieux protégés et mieux structurés, ils recherchaient le contact brutal. Ils ne cherchaient pas à tuer de loin avec des flèches ou à se protéger derrière d’illusoires boucliers d’osier etc.

LA PHALANGE GRECQUE et MACEDONIENNE
La phalange des hoplites était forte de par sa cohésion et sa discipline. Mais à l’époque de la confrontation avec Rome, il s’agit de la phalange macédonienne, plus perfectionnée encore. Davantage de rangs en profondeur ; une lance, la sarisse, deux fois plus longue que celle de l’hoplite (plus de 6 m contre 3 m), qui se manie à deux mains ;  mais un bouclier rond moins large (75 cm), qui se porte accroché au cou…

… Le bouclier rond de l’hoplite, l’aspis, avait un diamètre d’env. 90/100 cm et couvre son porteur pour moitié ainsi que le voisin de gauche pour moitié également. Les boucliers se chevauchent donc comme les tuiles. Et il pèse environ 8 kg (?) (la course en armes [casque, jambières et bouclier] était une compétition olympique. On le comprend ! Et encore ne couraient-ils pas avec la cuirasse !!! L’hoplite était tellement lourd que quand deux armées grecques s’affrontaient, les hoplites attendaient l’ordre d’avancer pour revêtir leurs armes, dit V. Hanson (Le Modèle occidental de la guerre).
De fait, les hoplites partaient en guerre avec un ou deux serviteurs pour les aider à porter leurs armes.

Et pourtant, ils étaient plus mobiles que les phalangites macédoniens, qui malgré leur bouclier plus léger (diam. 75 cm) et pas de cuirasse, devaient manier une lance de 6 m. (Dans son film ALEXANDRE, Oliver Stone a doté ses phalangites de lances de seulement 4 m ! Eh oui ! C’est un métier que de manier la sarisse…).

Détail amusant : il faut savoir que dans les armées de l’antiquité – tant grecques de romaines – l’aile droite est toujours plus importante que les autres (*). Pourquoi ? Parce que comme le combattant porte son bouclier à gauche, son flanc droit est plus exposé. Et c’est tellement vrai que l’agema (la garde royale) était placée à l’extrême droite. Afin de couvrir le flanc exposé de la phalange. Equipés à l’ancienne, comme les hoplites, avec un bouclier plus large et une lance plus courte ces « hypaspistes » [« porteurs de boucliers »] faisaient facilement une conversion en cas d’attaque sur le flanc droit.
____
*) En principe, du moins. Car le Thébain Epaminondas a – avec succès – massé le plus gros de ses forces sur son aile gauche, justement pour pouvoir pulvériser l’aile droite ennemie à Leuctres (371) et à Mantinée (362).

LA LEGION ROMAINE
Au cours de l’histoire, le scutum des Romains a évolué en taille et en forme (130/110 cm x 65/70 cm). Ceux que vend Armae pour la reconstitution font 9 kg ( http://armae.fr/  ). Au temps de la conquête de la Grèce il est ovale et renforcé en son centre par une spina de bois dur. Au centre, un umbo de fer avec une simple poignée.
Il se tient au bout du poing et est très maniable (c’est aussi une arme offensive, le bord inférieur étant manié en percussion).


Vous aurez déduit de ce qui précède que lourd phalangite contre lourd légionnaire, le légionnaire est plus mobile. Et c’est encore plus vrai quand s’affrontent les bataillons soit : les syntagmes macédoniens (256 h, organisés en files en profondeur) et les manipules romains (160 h). Polybe, qui raconte la défaite macédonienne de Pydna, explique que la phalange est tributaire du terrain plat, alors que les formations légionnaires contournent les obstacles. C’est donc grâce à leur souplesse exceptionnelle et leur capacité manœuvrière que les légions surclassent la phalange (dont j’ai déjà donné ici une description : http://www.peplums.info/pep23.07.htm#alex07-012 ).

J’ai rédigé ce résumé sans consulter ma doc (qui est dans mon bureau, à l’étage), me limitant juste à quelques vérifications sur Wikipedia (combien de kg ceci, de cm cela ?). Dites-vous bien que les spécialistes ne sont pas nécessairement d’accord entre eux. Mais vous pourrez trouver des détails supplémentaires ici :
https://fr.wikipedia.org/wiki/Scutum_(bouclier)
https://fr.wikipedia.org/wiki/Aspis
https://fr.wikipedia.org/wiki/Phalange_(Antiquité)
https://fr.wikipedia.org/wiki/Arm%C3%A9e_mac%C3%A9donienne

J’ai eu l’occasion de soupeser un aspis de reconstitution, d’où que j’aie mis un (?) après le chiffre de 8 kg indiqué par Wiki. Me rappelle plus son poids exact, mais c’est incroyablement plus lourd qu’un scutum, je vous assure… Very Happy

AJAX

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grand maître
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Raymond a écrit: Je n'arrive pas à retenir le nom du consul romain qui a définitivement vaincu les grecs (Jacky-Charles pourra certainement nous le rappeler), mais il est un fait que ce général reste curieusement peu connu, tandis que l'on célèbre celui de Jules César, pour un exploit qui n'était au fond pas très supérieur.

C’est toujours bien, un petit tableau chronologique. La soumission de la Grèce s’est opérée en plusieurs étapes :

197 : le proconsul Titus Quinctius Flamininus vainc Philippe V.de Macédoine  [allié de Carthage] à Cynoscéphales en Thessalie.
L’année suivante (196), aux Jeux isthmiques à Corinthe, ce grand philhellène proclame la liberté des cités grecques qu’il a libérées de la domination macédonienne. Ce qui ne l’empêcha pas de piller Sparte avec l’aide d’autres cités grecques et de la Macédoine.

191 : le consul M. Acilius Glabrio et son légat M. Porcius Cato, et 40.000 Romains descendant du nord, affrontent aux Thermopyles 10.000 Gréco-Syriens d'Antiochos III (seulement 500 d'entre eux survivront au massacre).

168 : le consul  Paul-Emile (Lucius Aemilius Paullus Macedonicus) vainc le roi de Macédoine Persée à Pydna (22 juin). Fin de la Troisième guerre de Macédoine.

146 :  le préteur de Macédoine Q. Cecilius Metellus Macedonicus affronte aux Thermopyles Critolaos, stratège de la Ligue achéenne (vaincu et capturé, ce dernier se suicide).
De son côté, le consul Lucius Mummius Achaicus vainc la Ligue achéenne à Leucopétra et rase Corinthe en cette même année 146 [Scipion Emilien (*), lui, rase Carthage la même année]. Graecia capta est !

Je présume que le général de tes pensées est donc L. Mummius. Mais j’aimerais que tu m’expliques le sens de ta phrase : « ce général reste curieusement peu connu, tandis que l'on célèbre celui de Jules César, pour un exploit qui n'était au fond pas très supérieur. » Mummius n’a fait que finaliser le travail de ses prédécesseurs et/ou collègues. Le grand Jules a eu une carrière autrement plus intéressante, et je ne parle même pas de la conquête des Gaules, mais de son œuvre politique, de ses talents d’écrivain etc. Il nous a même donné notre actuel calendrier solaire, le calendrier Julien, plus tard revu par le pape Grégoire….  king
________
*) Fils de Paul-Emile, le vainqueur de Pydna, mais adopté par Scipion l’Africain… d’où son cognomen d’Aemilianus…

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grand maître
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PS. Je connais le camarade L. Mummius depuis que j’ai quatorze ans : il est incarné par Andrea Fantasia dans le péplum de Mario Costa Il Conquistatore di Corinto / La Bataille de Corinthe (1961)  (et Metellus par Gordon « Maciste » Mitchell !). Aaaah Andrea Fantasia… Laërte dans Les Travaux d’Hercule et Hercule et la Reine de Lydie ! Il était aussi un maître d'armes réputé, qui collabora à des nombreux péplums et/ou films de cape et d'épée.
Et Jacques Sernas, le courageux centurion, Geneviève Grad la douce ingénue… Et la fatale Gianna Maria Canale. Et l’abject John Drew Barrymore jr dans le rôle du perfide Diéos, le bras droit de Critolaos…

Naturellement, les scénaristes de Cinecittà donnent le beau rôle aux Romains, mais c’est de bonne guerre, non ?

Que du bonheur !… pouce

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grand maître
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L’histoire grecque - je veux dire l’histoire grecque scolaire telle qu’on l’enseignait en humanités quand j’avais douze ans – s’arrêtait en -323, à la mort d’Alexandre, puis continuait avec Rome, sa fondation en -753 etc.

Heureusement à l’époque, on avait les péplums qui allaient souvent bien plus loin, même si l’optique était souvent biaisée. J’ai évoqué ci-dessus LA BATAILLE DE CORINTHE, mais il y en eu d’autres comme LE COLOSSE DE RHODES de Sergio Leone ou SEPT GLADIATEURS REBELLES de Pedro Lazaga [prête nom ibérique pour Alberto De Martino] (ce dernier évoquant les démêlés de Sparte avec la Ligue achéenne en 192). Sans pour autant m’être trop familière, j’ai tout de même lu les bouquins de François Chamoux ou de Claire Préaux sur la Grèce hellénistique [= postérieure à Alexandre]…  car ces films avaient éveillé mon attention.


En lisant LES DEMONS DE SPARTE, j’ai été intrigué par un personnage spartiate que je ne connaissais pas, le tyran Euryclès, ami d’Auguste, qui détient en otage la famille d’Héraklion. J’ai donc consulté le lexique de Valérie Mangin ( http://www.alixsenator.com/encyclopedie.personnages.html ) qui n’en souffle mot, quoiqu’il inclus personnages historiques et personnages de fiction. Il est vrai qu’Euryclès n’apparaît pas physiquement dans l’album. Comme on n’est pas manchot, j’ai ensuite compulsé mes dictionnaires et ai retrouvé notre personnage. Pas sûr du tout qu’il soit devenu tyran de Sparte, mais cette promotion n’aurait rien eu d’impossible vu les services qu’il rendit à Octavien (Auguste) à la bataille d’Actium. Voici ce qu’en dit Plutarque :

« Cléopâtre, reconnaissant son vaisseau, éleva un signal sur le sien : Antoine approcha du navire, et y fut reçu ; puis, sans voir la reine et sans être vu d’elle, il alla s’asseoir seul à la proue, gardant un profond silence, et tenant sa tête entre ses mains. Cependant les vaisseaux légers de César [= Octavien], qui s’étaient mis à sa poursuite, ne tardèrent pas à paraître : alors Antoine commanda à son pilote de tourner la proue de sa galère contre ces bâtiments, qu’il eut bientôt écartés. Il n’y eut qu’un certain Euryclès de Lacédémone qui, s’attachant plus vivement à sa poursuite, agitait de dessus le tillac une longue javeline, qu’il cherchait à lancer contre lui. Ce que voyant Antoine, il s’avança sur la proue, et dit : « Quel est celui qui s’obstine ainsi à poursuivre Antoine ? — C’est moi, répondit le Lacédémonien : c’est Euryclès, fils de Lacharès, qui profite de la fortune de César pour venger, s’il le peut, la mort de son père. » Or, ce Lacharès, accusé de quelque vol, avait été décapité par ordre d’Antoine. Toutefois, Euryclès ne put joindre la galère d’Antoine ; mais il alla contre l’autre galère amirale, car il y en avait deux, et la heurta si rudement, qu’il l’a fit tournoyer, et que, l’ayant jetée à la côte, il la prit, et, avec elle, un autre vaisseau, lequel était chargé d’une magnifique vaisselle de table. Dès qu’Euryclès se fut retiré, Antoine retourna s’asseoir à la proue, dans la même posture et le même silence qu’auparavant. Il passa trois jours ainsi seul, soit qu’il fût irrité contre Cléopâtre, soit qu’il eût honte de la voir ; mais, arrivés au cap Ténare, les femmes de Cléopâtre leur ménagèrent une entrevue particulière, et finirent par leur persuader de souper et de coucher ensemble » (PLUTARQUE, Vie d’Antoine, 67 – trad. Alexis Pierron, 1853).

Me voici donc plus savant. Soit dit en passant, comme un bonheur ne vient jamais seul, j’ai découvert dans PAR-DELA LE STYX de Marc Jailloux un autre zigoto historique, Publius Sittius. Il me plait bien ce milliardaire-mercenaire qui n’est pas sans me faire songer à MIKE « MAD » HOARE, président d’un Yacht club en Afrique du Sud, et commandant au Congo d’un commando de mercenaires anglophones aux temps épiques de Bob Denard et de Jean Schramme : les « Oies Sauvages ». Il a inspiré un merveilleux film de guerre, LES OIES SAUVAGES (dont Mike Hoare fut le conseiller), avec Richard Burton, Richard Harris, Roger Moore et Hardy Kruger. Smile

Il est vrai que si j’ai bien LA GUERRE D’AFRIQUE (du pseudo-César) sur mes rayons, c’est sa GUERRE DES GAULES qui m’est la plus familière.

Raymond

Raymond
Admin

Bravo pour toutes ces précisions historiques, Ajax !  pouce

Le dispositif guerrier de la Légion était donc supérieur à celui des Phalanges, et cet avantage était bien plus important que les mérites des généraux. Les divisions du monde grec ont par ailleurs aussi favorisé sa conquête par les romains.

Pour ce qui concerne l'état de la Grèce au temps de Jules César, j'imaginais que les choses se situaient un peu à mi-chemin entre les images enthousiastes montrées par Jacques Martin et l'état de délabrement dessiné par Thierry Demarez. Tu sembles pour ta part considérer que les images de Jacques Martin mélangent joyeusement les époques, et c'est bien possible. La Grèce n'était probablement pas aussi prospère que ce que l'on peut voir dans "l'Enfant Grec" ou le "Cheval de Troie", mais il nous manque beaucoup d'informations précises sur ce sujet.

Comme tu l'écris, l'histoire de la Grèce s'arrête en - 323 dans les livres d'Histoire, et on connait assez mal ce que s'est passé ensuite. Les images de cette Grèce "romaine" sont des reconstitutions qui sont imaginées par les dessinateurs, à partir de quelques ruines et de certaines descriptions. Plusieurs hypothèses peuvent en fait être défendues, et aucune d'entre elles ne peut être écartée d'emblée. Dans le récit de Valérie Mangin, il y a une sorte de "parti nationaliste" grec (ou plutôt spartiate), qui est incarné par Héraklion, et qui cherche à retrouver la grandeur passée. La vision d'un monde grec dévasté permet de soutenir cette idée, et de construire un récit cohérent.

Et puis, pour cette notion de "science fiction" présente dans le monde d'Alix, je crois qu'elle s'applique surtout à "l'ìle maudite", album qui nous montre plusieurs inventions scientifiques hypothétiques, ainsi que des forces surnaturelles (le fameux rayon lumineux) mal expliquées. Les autres récits contiennent moins d'anachronismes. Si Jacques Martin mélange parfois un peu les décennies, il essaie tout de même de rester "historique". Very Happy


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Et toujours ... Les Démons de Sparte (Alix Senator 4) - Page 2 Charli10
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