Bonsoir
Par ces temps caniculaires, les salles obscures nous offrent un peu de fraicheur. Aussi, je profite de cet échange pour recommander le très beau film de Benedikt Erlingsson :
Woman at War.
Ce film raconte le combat (la guerre ?) d'une extrémiste écologiste contre l'agrandissement d'une usine fabricant de l'aluminium. Et cette femme est somme toute très ordinaire. Dans le "civil"
, elle dirige une chorale. Ses attentats se limitent à couper l'électricité alimentant l'usine. Et elle a d'ailleurs beaucoup de difficultés à saboter les lignes à haute tension. Or, la vie de cette quadragénaire va osciller lorsqu'elle apprend qu'une ancienne demande d'adoption a été acceptée et qu'une petite ukrainienne de 4 ans pourrait devenir sa fille. Que faire ? Poursuivre le combat au risque d'être capturée car la police met en œuvre des moyens de plus en plus performants (drones, caméras thermiques, etc..) et donc ne jamais changer de vie ? Poursuivre le combat pour "sauver la planète ", justement pour offrir un monde propre à cette fillette ?
Les décors sauvages et primaires de l'Islande offrent un splendide écrin à l'action. Et la performance et le jeu de l'actrice principale, Halldora Geirhardsdotti, sont remarquables. De plus, elle interprète deux rôles car l'héroïne a une sœur jumelle, portée sur le yoga
et la méditation indienne !
Ce film écologique pose la question de l'éternelle domestication (asservissement ?) de la nature par l'homme. Il est plein d'humour et le rebondissement final est totalement inattendu et profondément humain. Et la toute dernière scène pétille d'intelligence. On peut y voir aussi bien un baptême profane marquant l'entrée dans une nouvelle vie qu'une illustration des dérèglements climatiques.
La réaction de la société islandaise face aux actes de l'écologiste est extrême : arrestations arbitraires, loi liberticide,... Faut-il y voir un message politique ?
Le long-métrage tire aussi vers la tragédie grecque avec le sens du devoir qui s'oppose à la loi. D'ailleurs, le metteur en scène recourt à un chœur de musiciens qui éclaire les situations. Sophocle n'est pas loin ! Plus proche de nous, on peut penser à
Antigone de Jean Anouilh
Bonne séance
Eléanore