La bonne surprise du week-end, c'est sans aucun doute Mes années bêtes et méchantes, un récit autobiographique de Daniel Fuchs mis en BD par Joub et Micoby.
Dans un salon de BD en pleine province, deux jeunes collectionneurs découvrent un stand rempli de journaux Hara-Kiri et d'albums des vieilles éditions du Square. Le vendeur se nomme Daniel Fuchs et, après qu'on lui ait offert quelques verres de rouge, ce dernier commence à raconter son passé de comptable (d'un point de vue officiel) et de manutentionnaire (dans la réalité) pour l'équipe d'Hara Kiri.
Traditionnellement, ce genre de récit n'est pas publié en bande dessinée, mais la BD est au fond aussi apte que la littérature à faire revivre les événements du passé. Par ailleurs, les publications de l'équipe regroupée autour du tandem Cavana-Bernier ont toujours gardé un lien privilégié avec l'image. Le choix d'une BD pour raconter cette histoire apparait ainsi tout naturel.
Dans la mémoire de Daniel Fuchs, la grande vedette de l'équipe était indiscutablement le Professeur Choron. Considéré comme le principal artisan du succès tout autant que de la chute des éditions du Square, ce personnage exubérant et anarchiste était le responsable administratif de l'entreprise. De fait, les écrivains (comme Cavanna) et les dessinateurs (Reiser ou Wolinski) n'apparaissent qu'à l'arrière plan de cette histoire. Ils étaient bien sûr les vedettes de l'entreprise mais derrière eux s'organisait (si l'on peut employer ce mot) tout un petit monde de comptables, de vendeurs et de manutentionnaires qui était dominé par Georges Bernier. Mes années bêtes et méchantes raconte ainsi le quotidien des comparses qui n'ont pas acquis la célébrité, bien qu'ils aient participé à l'aventure de Hara Kiri.
L'intérêt principal du récit repose en fait sur les multiples anecdotes qui révèlent comment la façade séductrice du professeur Choron cachait un véritable tempérament d'escroc. Tout cela est raconté avec humour et on a de la peine à imaginer jusqu'à quel point ce dernier pouvait faire preuve de culot. Voici par exemple comment il procède pour ne pas payer un imprimeur italien qui vient pour la dixième fois réclamer le règlement de sa facture.
Cette page me parait exemplaire et vous révèle combien cette histoire est joyeusement cynique, incroyablement malhonnête et follement drôle. C'était par ailleurs la réalité quotidienne des journaux Hara Kiri et Charlie Hebdo et on y retrouve des vedettes qui se montrent dignes de leur légende. La mise en BD de cette histoire est efficace, et elle intègre avantageusement des photographies et des documents de l'époque. Même si je n'étais un amateur d'Hara Kiri dans les années 70, j'ai adoré ce livre qui respire l'intelligence et je vous le recommande sans réserve.
Dans un salon de BD en pleine province, deux jeunes collectionneurs découvrent un stand rempli de journaux Hara-Kiri et d'albums des vieilles éditions du Square. Le vendeur se nomme Daniel Fuchs et, après qu'on lui ait offert quelques verres de rouge, ce dernier commence à raconter son passé de comptable (d'un point de vue officiel) et de manutentionnaire (dans la réalité) pour l'équipe d'Hara Kiri.
Traditionnellement, ce genre de récit n'est pas publié en bande dessinée, mais la BD est au fond aussi apte que la littérature à faire revivre les événements du passé. Par ailleurs, les publications de l'équipe regroupée autour du tandem Cavana-Bernier ont toujours gardé un lien privilégié avec l'image. Le choix d'une BD pour raconter cette histoire apparait ainsi tout naturel.
Dans la mémoire de Daniel Fuchs, la grande vedette de l'équipe était indiscutablement le Professeur Choron. Considéré comme le principal artisan du succès tout autant que de la chute des éditions du Square, ce personnage exubérant et anarchiste était le responsable administratif de l'entreprise. De fait, les écrivains (comme Cavanna) et les dessinateurs (Reiser ou Wolinski) n'apparaissent qu'à l'arrière plan de cette histoire. Ils étaient bien sûr les vedettes de l'entreprise mais derrière eux s'organisait (si l'on peut employer ce mot) tout un petit monde de comptables, de vendeurs et de manutentionnaires qui était dominé par Georges Bernier. Mes années bêtes et méchantes raconte ainsi le quotidien des comparses qui n'ont pas acquis la célébrité, bien qu'ils aient participé à l'aventure de Hara Kiri.
L'intérêt principal du récit repose en fait sur les multiples anecdotes qui révèlent comment la façade séductrice du professeur Choron cachait un véritable tempérament d'escroc. Tout cela est raconté avec humour et on a de la peine à imaginer jusqu'à quel point ce dernier pouvait faire preuve de culot. Voici par exemple comment il procède pour ne pas payer un imprimeur italien qui vient pour la dixième fois réclamer le règlement de sa facture.
Cette page me parait exemplaire et vous révèle combien cette histoire est joyeusement cynique, incroyablement malhonnête et follement drôle. C'était par ailleurs la réalité quotidienne des journaux Hara Kiri et Charlie Hebdo et on y retrouve des vedettes qui se montrent dignes de leur légende. La mise en BD de cette histoire est efficace, et elle intègre avantageusement des photographies et des documents de l'époque. Même si je n'étais un amateur d'Hara Kiri dans les années 70, j'ai adoré ce livre qui respire l'intelligence et je vous le recommande sans réserve.
Dernière édition par Raymond le Dim 13 Déc - 12:11, édité 1 fois