Raymond a écrit:Etonnant ! Il me semblait au contraire que
Persépolis est un livre humaniste et sincère, critique envers les mollahs iraniens,, et propre à séduire tous les lecteurs occidentaux.
L'Amérique est vraiment un autre continent.
Je l'ai lu à sa sortie, et constaté que l'album considèrait le Shah d'Iran comme un salaud complice du diabolique Israêl et des vilains Américains, donc pour ma part je ne suis nullement surpris de la censure US. De plus, elle rentrait à la fin en Iran, portant le noir Tchador et applaudissant à l'annexion par Saddam Hussein du Koweit, pays de sales riches...
Ceci dit, en jetant un coup d'oeil au volume toujours partout distribué, j'ai vu qu'il en est à sa huitième édition. Il faudrait donc savoir s'il y a eu des changements ? Sinon, pas besoin d'être Américain pour trouver le bouquin assez discutable...
Mais j'aime vraiment son dessin, un sacré style, et ses peintures... quoique peu souriantes
Je l'ai rencontrée dans une petite salle de Fnac vouée à la promotion de
Persépolis. Cela ne s'est pas tellement bien passé, car je suis d'un naturel bavard.... Mais si je raconte on va me prendre pour un agent de la CIA.
Bon, je complète, pour infos sur Marjane : donc, venant de lire la première édition de
Persépolis, j'ai assisté à la promotion en petite salle de son oeuvre en sa présence. Je venais de lire aussi les mémoires de Farah Dhiba, l'épouse du Shah d'Iran, laquelle y soutenait que les mollah avaient lancé leur révolution islamique par fureur envers les mesures de liberté féminine et de modernité que promouvait son mari, en plein accord avec elle, qui avait fait ses études à Paris. Pas besoin d'être féru d'Histoire pour savoir que le père du Shah, dictateur auto-proclamé et admirateur de Hitler, avait importé un bon millier de "conseillers" allemands. C'est d'ailleurs lui qui en 1936 a changé le nom du pays, la Perse, en "Airyana" (Iran), pays de la race aryenne, pour faire plaisir à Adolf. En 1941, après Barbarossa, les Russes et les Anglais envahissent conjointement le pays pour ouvrir le contact par le Sud. Ils destituent le Shah pro-germanique et le remplacent par son fils Mohamed Reza, qui lui est un sympathisant de la cause alliée. Ce ne fut jamais pardonné aux "Américains" (même s'ils n'y étaient pour rien à cette date) par une large part de la population. Ajoutez le modernisme et les femmes !! Donc après quelques compliments de la salle, j'ai pris la parole pour dire (courtoisement) que l'attaque violente envers le Shah et Israel me gênait dans l'album, parce que bon.... ; instantanément, sa garde rapprochée de 3 hommes a isolé Marjane Satrapi, et l'a emmenée en coulisse : j'étais sans doute un agent du Mossad, faut croire !
Un Iranien a interrompu ma protestation (faite à voix très normale) pour me dire "Non, non, le Shah était un dictateur !" Je n'ai donc pas eu droit à une réplique de l'autrice...
Décorée, académicienne, croulant sous les prix pour sa "rébellion" (pas bien évidente à mon avis), Marjane Satrapi a au moins le mérite de lancer aujourd'hui ce collectif de BD de lutte pour la liberté des femmes, et là-dessus je l'approuve.
Edit : Je précise que si quelqu'un a lu la huitième édition bien plus récente de l'album et me garantit que le contenu n'est plus marqué par l'antisémitisme et le retour final à la vie sous le tchador des "Gardiens de la Révolution", je modèrerais mon hostilité... Bien sûr, je n'ai pas gardé la première édition.